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TimFaitSonCinema
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L’ÉPREUVE

Rebecca est photographe de guerre. Alors qu’elle est gravement blessée suite à une explosion en Afghanistan, elle revient dans sa famille, en Irlande, où elle doit réapprendre à vivre avec son mari et ses deux filles. Mais réussira-t-elle à renoncer à son métier qui est aussi sa passion pour avoir une vie plus « normale » ?
Verdict:

Erik Poppe signe un film honnête qui gagne surtout en force lorsque son personnage principal est sur le terrain avec une réalisation plus épurée. Lorsque Rebecca est en Irlande, dans sa famille, c’est franchement un peu plus compliqué, avec une mise en scène plus poussive et un scénario trop caricatural. C’est loin d’être génial mais ça se laisse regarder…

Coup de coeur:

Lauryn Canny

La date de sortie du film:

06.05.2015

Ce film est réalisé par

Erik POPPE

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Et si la plus grande « Epreuve » de ce film n’était pas l’histoire qui y est raconté mais plutôt la difficulté qu’il a eu pour sortir chez nous. En effet, c’est presque deux ans après avoir été présenté dans les premiers Festivals puis être sorti en Norvège, son pays d’origine, que ce long métrage finit par arriver en France. Pourtant, c’est un long métrage avec, au casting, l’une des actrices françaises les plus connues de sa génération, en la personne de Juliette Binoche. Même s’il est vrai que cette dernière n’est pas réputée pour tourner dans des films à fort potentiel public (sauf Godzilla dernièrement, mais elle a dit l’avoir fait pour satisfaire son fils…), ça reste quand même une valeur sûre, du genre qui peut attirer un certain public, uniquement sur son nom. Toujours est-il qu’il aura fallu attendre presque deux années pour que L’Epreuve sorte en France et j’ai un peu de mal à m’expliquer un tel délai. D’accord, le cinéma norvégien n’est pas le plus réputé chez nous et c’est plutôt son voisin danois qui lui pique souvent la vedette. De plus, Erik Poppe n’est pas non plus un grand nom du cinéma, lui pour qui L’Epreuve n’est que le quatrième film (dont deux qui ont remporté le Prix de meilleur film norvégien). C’est même la première fois qu’il tourne à l’étranger, avec un casting international, puisque, en plus de Binoche, on trouve Nikolaj Coster-Waldau, Danois surtout connu pour un rôle dans la série Game of Thrones (et accessoirement, pour être le sosie officiel de l’entraîneur de foot Hervé Renard) ou encore Maria Doyle Kennedy, une Irlandaise que j’avais découvert dans le rôle de Catherine d’Aragon pour les deux premières saisons de la série Les Tudors. Finalement, est-ce la qualité du film en lui-même qui explique ce « retard » dans la sortie française ?

 

Honnêtement, je ne le pense pas car, sans être exceptionnel, loin de là, L’Epreuve est un film qui se laisse largement regarder. Mais, honnêtement, il n’y a pas non plus grand-chose à en dire. Ce qui est assez intéressant, c’est le fait qu’avant d’être cinéaste, Erik Poppe a été correspondant photo de guerre. C’est donc un peu son histoire qui est racontée à travers celle de Rebecca. Mais le fait que ce soit ici une héroïne change un peu la donne et lui permet surtout, au départ, d’inscrire cette femme au cœur de quelque chose que l’on ne voit jamais : la préparation d’une jeune kamikaze. Ainsi, les dix premières minutes sont assez impressionnantes et nous plongent vraiment au cœur d’un événement assez unique, en tout cas quand il est montré ainsi. Mais, juste après que la bombe explose, le long métrage change radicalement puisqu’on ne se trouve plus en Afghanistan mais en Irlande, où Rebecca a dû rentrer pour soigner ses blessures et où elle doit essayer de reconstruire sa vie, notamment dans sa relation avec son mari et ses deux filles. A partir de là, ça devient un peu caricatural (notamment parce que le scénario n’est peut-être pas assez travaillé et les dialogues un peu « automatiques »). En effet, cette histoire familiale n’est pas follement passionnante et on a tendance à savoir comment ça va se terminer. Et, pour « faire passer un peu le temps », Erik Poppe n’hésite pas à nous mettre en scène tout cela de manière un peu étrange, avec beaucoup de ralentis, de plans pas nécessairement utiles. Il réussit quand même à ne jamais franchir la limite qui rendrait cela trop insupportable. Mais on en est à certains moments pas si loin, tout de même… L’ensemble donne surtout l’impression que le réalisateur ne sait pas forcément toujours comment aborder son sujet.

 

Car ce qui est un peu « étrange », c’est le fait qu’il se serve finalement de l’histoire de cette famille en train de se décomposer du fait du métier de la mère pour montrer autre chose qui lui tient visiblement bien plus à cœur. En effet, L’Epreuve interroge principalement ce qu’est un photoreporter de guerre, quels risques il peut prendre, comment il les maitrise et, surtout, pour quoi il est prêt à se mettre en danger. Certaines réponses sont esquissées, notamment dans la relation de Rebecca avec celle qui doit publier ses clichés. Les dernières minutes nous donnent encore quelques indications. Mais ce n’est jamais complètement clair non plus et, à mon sens, ça manque quand même pour donner une vraie cohérence à un semble qui, parfois, semble presque constituer deux films en un. A force d’avoir fait, souvent un peu artificiellement, de ce long métrage un drame familial, Erik Poppe oublie un peu l’objet principal de son long métrage ou, en tout cas, ce qui lui tient le plus à cœur. Et cela est prouvé par le fait que, là où L’Epreuve réussit à être le plus fort et le plus intéressant, c’est quand le personnage principal se retrouve sur le terrain, que ce soit en Afghanistan ou au Kenya. On sent vraiment que le réalisateur sait ce qu’il veut montrer, comment le montrer et qu’il n’a pas besoin d’artifices de mise en scène pour ce faire. Pour ce qui est des acteurs, Nikolaj Coster-Waldau n’est pas mal mais il a vraiment un rôle trop caricatural pour être véritablement jugé. Et pour ce qui est de Juliette Binoche, qui, pour le coup, est de tous les plans, ou presque, elle est plutôt bonne, sans être non plus particulièrement marquante. Et un petit mot sur Lauryn Canny, actrice qui joue la fille ainée du couple et qui est une jolie découverte.




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