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TimFaitSonCinema
Au début du Vingtième Siècle, Célestine est une jeune femme de chambre qui vient de quitter Paris pour servir la famille Lanlaire en province. Alors que Madame est très exigeante avec elle, Monsieur, lui, ne fait rien pour cacher son attirance pour elle. Et il y a Joseph, le mystérieux jardinier de la demeure…
Verdict:

Benoît Jacquot livre là un film qui, s’il se laisse regarder, a du mal à réellement capter l’attention du spectateur, notamment du fait d’une construction un peu étrange et d’une réalisation qui manque parfois de fluidité. Léa Seydoux est plutôt convaincante dans le rôle de cette jeune femme qui cherche à maîtriser son destin.

Coup de coeur:

Léa Seydoux

La date de sortie du film:

01.04.2015

Ce film est réalisé par

Benoît JACQUOT

Ce film est tagué dans:

Drame historique

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 La Critique


Benoît Jacquot n’est pas le premier à s’attaquer à l’adaptation de ce livre datant de 1900 puisque, avant lui, deux autres immenses réalisateurs l’ont porté à l’écran. On parle quand même de Jean Renoir (qui l’a fait en anglais) et Luis Buñuel (avec Jeanne Moreau et Michel Piccoli), ce qui laisse un sacré héritage. Mais ce n’est pas le genre de défis qui va faire peur à Benoît Jacquot, réalisateur suffisamment bien installé dans le paysage cinématographique français pour être en mesure de réaliser à peu près ce qu’il veut depuis de nombreuses années maintenant. Et, de fait, c’est même assez « logique » de le voir s’intéresse à cette histoire, lui qui a souvent fait des films avec des femmes comme personnages principaux (La fille seule, L’intouchable et même Les adieux à la Reine qui montrait finalement la rencontre de deux destins féminins). Et puis si Le journal d’une femme de chambre a été écrit à la toute fin du dix-neuvième siècle, c’est un roman qui avait un côté suffisamment moderne à l’époque (il était même considéré comme subversif) pour encore dire des choses du monde d’aujourd’hui. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il fait l’objet de très nombreuses adaptations au théâtre depuis quelques années. Et on sent clairement chez le réalisateur cette envie à la fois de coller au texte d’origine mais de bien montrer ce qui, aujourd’hui, fait sens dans ce récit (notamment sur la question de l’emploi ou celle de la condition féminine). C’est un entre-deux pas toujours évident à trouver mais c’est aussi une manière de créer de vrais enjeux, même si, nous le verrons, c’est un peu raté de ce côté-là. Pour cette nouvelle adaptation d’un roman historique, et une nouvelle fois avec Léa Seydoux dans le rôle principal, le metteur en scène signe-t-il encore une réussite ? A mon sens, non car, sans être « déplaisant », son Journal d’une femme de chambre apparaît finalement comme bien trop neutre pour être plus qu’un film correct parmi d’autres.

 

En fait, c’est surtout un long métrage qui n’est pas vraiment facile à appréhender et je suis même ressorti de la séance assez circonspect. D’ailleurs, j’ai toujours du mal à vraiment exprimer ce que je pense de ce film, ce qui est un peu embêtant pour écrire une critique. Mais, en même temps, je trouve que ça pose bien les problématiques d’un tel long métrage, pas assez désagréable pour qu’on lui trouve une grande quantité de défauts, mais auquel il est également compliqué de donner beaucoup de qualités. Je vais quand même essayer d’aller un peu plus loin que ces premières impressions, je vous rassure ! Journal d’une femme de chambre est donc un long métrage qui parle à la fois de la condition de servante mais aussi de celle de la femme comme autant de luttes de classes. Les deux tendent à se confondre mais, tout de même, on sent dans la manière dont le film est construit qu’il y a une certaine envie de bien les séparer par moments, ce qui fait finalement perdre de sa force à tous les enjeux. Pour ce qui est de la servitude, ce sont toutes les scènes avec la nouvelle maîtresse qui, méthodiquement et avec un certain sadisme, va tout faire pour « dresser » sa domestique (scènes assez terribles où elle lui demande de faire des allers-retours inutiles). Par rapport à la question de la femme, c’est plutôt du côté du regard des hommes qu’il faut se tourner, et notamment de celui du mari libidineux sur les bords, qui, clairement, considère Célestine comme un objet, qui doit donc être totalement docile. Mais celle-ci ne se laissera pas faire, notamment parce que ce n’est pas dans son caractère. En effet, elle est un personnage particulièrement frondeur, prêt à repousser une offre d’emploi si la dame qui veut l’embaucher ne lui plaît pas, grommelant des injures ou se moquant de ses maîtres. Pour interpréter cette jeune femme qui veut toujours maitriser son destin alors que la vie ne lui offre pas forcément cette chance, Léa Seydoux est plutôt pas mal, son côté naturellement boudeur (parfois agaçant) étant ici plutôt utile.

 

Pour nous conter son destin, le long métrage est quand même assez étrangement construit car s’il se nomme Journal d’une femme de chambre, il n’y a jamais ce côté qui est complètement exploité (pas de voix off notamment, si ce n’est quand les personnages parlent dans leur barbe, ce qu’on ne comprend pas toujours) et c’est assez surprenant. Par contre, le scénario insère un certain nombre de flashbacks qui permettent de comprendre certains aspects du caractère de Célestine. Le souci est qu’ils ne sont pas toujours très clairs et s’ils expliquent des éléments, ils en laissent aussi beaucoup d’autres en suspens, posant finalement plus de questions qu’ils ne donnent de réponses. Et, pour que le long métrage puisse avoir plus de portée, il aurait fallu faire des personnages secondaires moins marqués. En effet, entre l’homme de maison mutique et antisémite (incroyable Vincent Lindon qui ne dit pas un mot pendant deux tiers du film), un voisin complètement fou, un mari porté sur la chose, une « collègue » haute en couleurs, une autre servante désabusée,… tous ceux-ci forment une galerie qui tourne assez vite au pittoresque et qui empêche souvent qu’on se raccroche complètement à l’histoire et à son côté véridique et presque historique. Pour ce qui est de la réalisation, la question n’est pas de savoir si Benoît Jacquot sait filmer. En effet, il a une vraie capacité et même un certain talent pour mettre en scène de belles images et composer des plans de qualité. Il a même quelques idées loin d’être idiotes, notamment dans son utilisation du zoom. Mais, là, franchement, j’ai trouvé que le tout était un peu désordonné et que l’ensemble manquait clairement de fluidité, donnant un aspect parfois « raide » au film. C’est principalement pour cela que je n’ai jamais réussi à me faire complètement emporter dans ce long métrage que j’ai surtout le sentiment de ne jamais avoir réussi à complètement appréhender. Alors, c’est peut-être là sa réussite, me direz-vous…




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