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JERSEY BOYS

Au cœur des années 50, quatre jeunes gens originaires du New Jersey montent un groupe qui deviendra mythique : « The Four seasons ». De l’ascension vers la gloire à la chute vers une certaine déchéance, on suivra cette épopée musicale ponctuée de tubes devenus légendaires…
Verdict:

Si la forme est extrêmement soignée – on peut faire confiance à Clint Eastwood qui maitrise parfaitement tous les aspects de la mise en scène –, il n’en reste pas moins que Jersey Boys est un film qui manque de vie et d’une réelle incarnation. On n’en ressort en tout cas pas vraiment conquis. 

Coup de coeur:

La reconstitution de cette époque

La date de sortie du film:

18.06.2014

Ce film est réalisé par

Clint EASTWOOD

Ce film est tagué dans:

Film musical Biopic

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 La Critique


On n’est pas sans savoir que l’autre grande passion de Clint Eastwood (après le cinéma), c’est la musique. En effet, il en joue lui-même (il a même composé la bande originale de pas mal de ses films), son fils Kyle est un musicien aujourd’hui reconnu et, surtout, le grand Clint a, paraît-il, une connaissance encyclopédique de toute la musique américaine. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il a réalisé Bird (sur Charlie Parker) ou encore Honkytonk Man (sorte de road-movie mettant en scène un musicien). Depuis pas mal de temps, il essayait de monter un remake de Une étoile est née, film musical des années 50, avec Beyoncé dans le rôle principal. Le projet semble être tombé quelque peu à l’eau et, avant de réaliser American Sniper (le film sur un tireur d’élite de l’armée américaine en Irak), Eastwood voulait visiblement s’offrir un petit plaisir et c’est finalement l’adaptation d’une comédie musicale qui a connu un grand succès à Broadway ces dernières années qui lui est arrivée entre les mains. Honnêtement, on ne l’attendait pas forcément sur ce terrain-là et c’est donc assez circonspect que je suis allé découvrir son film, surtout qu’on ne peut pas dire que ses deux derniers longs métrages (Au-delà puis J. Edgar) m’avaient vraiment convaincu. En voyant que deux des membres des « Four Seasons » (Frankie Valli, le chanteur principal et Bob Gaudio, le compositeur) étaient aussi producteurs du film, mes quelques craintes se sont renforcées car j’avais peur de voir un film hagiographique qui montrerait de façon très romancée l’histoire d’un groupe devenu mythique aux Etats-Unis et qui, chez nous, est bien plus connu à travers les reprises que Claude François a pu en faire. Pour le coup, ce n’est pas vraiment le cas et Eastwood parvient à éviter cet écueil. Pour autant, Jersey Boys ne m’a pas complètement convaincu.

 

Honnêtement, si on ne savait pas qu’il s’agissait là de l’adaptation d’une comédie musicale, on aurait du mal à le deviner puisqu’il n’y a aucune chanson incongrue pour exprimer un sentiment ou ce genre de choses (c’est différent de Mamma Mia ! qui utilisait les chansons de ABBA pour écrire le scénario). La musique a toute son importance mais il s’agit toujours de concerts ou de sessions d’enregistrement. On retrouve finalement la référence au genre du musical dans la plus pure tradition dans cette dernière séquence qui, finalement, remet tout le monde ensemble pour une dernière chanson où la chorégraphie a toute son importance. C’est sans doute l’une des meilleures du film, en tout cas l’une des seules où transpire un peu d’émotion. Ainsi, on est bien devant un film musical et, même d’une certaine façon, un biopic puisqu’il s’agit de l’histoire vraie de ce groupe que l’on va suivre pendant de très nombreuses années, de leur formation au début des années 1950 jusqu’à leurs retrouvailles au début des années 90. Si Jersey boys se concentre surtout sur les années 50 et 60, il n’en reste pas moins que, une nouvelle fois (après J. Edgar), Eastwood fait un film sur le temps long, ce qui ne semble pas lui réussir au mieux quand on voit le résultat. On va finalement suivre leur ascension vers le sommet puis tous les problèmes qui vont en découler et qui vont faire que le groupe va se séparer. Et pour nous raconter cette histoire, ce sont les personnages eux-mêmes qui sont mis à contribution, selon le principe de l’aparté (mais toujours dans le feu de l’action). Honnêtement, ce n’est pas une idée qui me plait forcément car je trouve cela tout à fait artificiel (c’est aussi sans doute une référence aux comédies musicales, friandes de cette façon de faire), sans que cela n’apporte forcément grand-chose.

 

Plus que ce que permet la réussite (on ne voit qu’une seule fête arrosée et quelques concerts dans des salles bien remplies), ce qui semble intéresser Eastwood, c’est plutôt la manière dont, peu à peu, les liens vont devenir de plus en plus compliqués entre les différents membres du groupe. Déjà, le scénario passe beaucoup de temps sur la constitution de ce quatuor, en montrant bien la manière dont ce sont des jeunes qui étaient plutôt destinés à finir dans la mafia (et dont certains resteront finalement proches) et qui, grâce à leur talent musical, ont réussi à s’en sortir. Ainsi, on voit un peu tout venir. Les problèmes seront ensuite de différents ordres (trahisons, mensonges, argent, sexe,…) mais, de cette manière, Clint Eastwood montre aussi l’envers d’un rêve américain dont on ne voit que trop souvent la façade et c’est en ce sens plutôt intéressant. Mais le souci, c’est que l’ensemble est particulièrement lisse et sans trop d’aspérités. Beaucoup de problématiques sont évoquées mais finalement laissées de côté. Alors, ça donne au long-métrage un côté un peu plan-plan. On est content de suivre l’histoire de ces quatre garçons mais il n’y a pas l’énergie qui fait que leur destin devient essentiel à nos yeux. Les acteurs (tous ceux de la comédie musicale) y sont aussi peut-être pour quelque-chose car, s’ils chantent bien, ils ont du mal à vraiment faire passer de l’émotion dans leur jeu. Cela vient aussi sans doute de la mise en scène d’Eastwood qui, pour le coup, ne prend pas beaucoup de risques (et qui se permet même de se montrer lui-même par écran interposé). Le réalisateur et son équipe maitrisent parfaitement tout l’aspect reconstitution (voitures, décors, ambiance,…) et c’est de ce côté-là absolument parfait (avec, en prime, Christopher Walken en vieux parrain protecteur, génial). De plus, techniquement, il n’y a rien à dire et tout est extrêmement propre. Mais Jersey Boys manque cruellement de vie, tout simplement. Et, au final, ça fait quand même sacrément défaut, empêchant à ce long métrage de passer du statu de bon film à celui de grand film. C’est toute la différence et Eastwood nous avait justement habitués à franchir ce cap. La prochaine fois, alors ?




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