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TimFaitSonCinema
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IRIS

Max est un mécanicien qui peine à vivre de son garage. Un jour, une jeune femme lui propose un marché : elle veut faire croire à un kidnapping afin d’échapper à son mari, un très riche banquier. Quand Iris disparait, Antoire se met à sa recherche de sa femme, ainsi que la police. Mais tout le monde a-t-il vraiment conscience de ce qui se trame vraiment ?
Verdict:

L’idée de départ n’est pas si mauvaise, mais Iris est un long métrage qui ne débute jamais réellement, coincé entre une esthétique qui tourne rapidement à vide et, surtout, un scénario de moins en moins crédible. Au fil des minutes, ça finit presque par être gênant pour des acteurs qui font ce qu’ils peuvent mais qui, eux non plus, ne s’en sortent pas vraiment… Très loin d’être convaincant…

Coup de coeur:

L’esthétique globale du film

La date de sortie du film:

16.11.2016

Ce film est réalisé par

Jalil LESPERT

Ce film est tagué dans:

Thriller psychologique

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 La Critique


Au début des années 2000, Jalil Lespert s’est fait connaître en tant que comédien et il est rapidement devenu l’une des jeunes figures du cinéma français. Il a d’ailleurs remporté le César de Meilleur Espoir Masculin en 2000 pour Ressources humaines de Laurent Cantet. Pourtant, on ne peut pas vraiment dire que sa carrière ait réellement explosé au cours des années suivantes. Bien qu’il ait joué dans des longs métrages qui ont fait parler (Le Promeneur du Champ de Mars ou encore Le Petit Lieutenant), il n’a jamais trouvé le vrai grand rôle qui le ferait passer d’acteur reconnu à grande star du cinéma français. Sans doute est-ce également un choix de sa part et le fait qu’il ne soit au casting d’aucun film à grand public depuis plus de quinze ans montre bien que son obsession n’était pas de devenir un acteur bankable. Depuis quelques années, on sent même que ce qui l’anime vraiment se situe plutôt de l’autre côté de la caméra et qu’il délaisse peu à peu la posture d’acteur pour celle de réalisateur. Son deuxième long métrage, Des vents contraires, un drame familial un peu lourdingue, était largement oubliable et, d’ailleurs, je crois qu’il est passé relativement inaperçu. Ensuite, il s’était frotté à un tout autre genre, et également à un autre degré d’attente puisqu’il était aux commandes du biopic « officiel » sur Yves Saint Laurent (YSL). Si son Pierre Niney était convaincant dans le rôle-titre, le scénario et la réalisation n’étaient pas à la hauteur et plombaient l’ensemble. Il a ensuite mis en scène les deux premiers épisodes de la série Versailles (pas vu mais ça ne fait pas vraiment envie). Et pour son retour sur grand écran, il change encore de genre cinématographique en passant cette fois-ci du côté du thriller, faisant donc preuve d’un certain éclectisme. Y trouve-t-il pour autant le moyen de réaliser (enfin) un vrai bon film ?

 

Iris est en fait la libre adaptation de Chaos, un long métrage japonais, jamais sorti en France et réalisé par Hideo Nakata (surtout connu pour son film Ring) et c’est un scénariste australien (Andrew Bovell) ainsi qu’un auteur de polar français (Jérémie Guez) qui se sont attelés au scénario, avec Lespert lui-même. On ne peut pas dire que ce soit une franche réussite, loin de là. Pourtant, je trouve l’idée de base pas si mauvaise : faire d’un faux enlèvement le point de départ d’un thriller, c’est loin d’être idiot. Mais le souci, c’est que, derrière, le reste ne suit pas du tout… Après une première demi-heure qui met plutôt bien les éléments en place et qui ouvre sur des possibilités vraiment intéressantes, le scénario plonge complètement pour faire d’Iris un long métrage qui manque à la fois de rythme et de crédibilité. On a en fait le sentiment que le film ne débute jamais véritablement, puisque, à bien y regarder, il ne se passe vraiment pas grand-chose. Les énigmes de base sont vite résolues et on comprend beaucoup trop vite où cette situation va finir par nous mener. Les faux-semblants sont vite découverts et cette construction avec de très nombreux flashbacks lasse vraiment vite. Et il ne faut pas compter sur le côté policier pour donner du coffre à l’ensemble. En effet, les deux enquêteurs ne sont pas crédibles une seule seconde et leur façon d’enquêter est tellement grotesque que, rapidement, on ne fait même plus attention à leurs agissements. Et puis, leur investigation ne vient jamais déranger le trio qui se livre à un jeu de manipulation de son côté. Là où Iris pourrait avoir de l’intérêt, c’est justement dans la confrontation entre les différents personnages principaux, mais, là encore, le scénario passe complètement à côté, préférant plutôt s’intéresser à chacun d’eux de façon individuelle. En même temps, quand on met deux protagonistes face à face (en l’occurrence Antoine Doriot et l’enquêtrice principale) ça donne un dialogue lunaire, à la limite du risible.

 

Ce qui est le plus étonnant, c’est la manière dont Iris ne parvient pas du tout à atteindre ce qui semble être son objectif de départ. C’est en effet un film qui se veut retors mais qui rate complètement sa cible en revenant rapidement à des schémas extrêmement classiques. Même toute la dimension érotique, qui est censée être très importante dans le film, est évacuée en deux séquences proprement illustratives qui ne posent absolument aucun enjeu. Si le long métrage est malsain, c’est plutôt dans la manière dont il oppose de manière caricaturale deux mondes : celui d’un banquier plein aux as et qui peut tout se permettre et celui d’un garagiste aux abois financièrement. C’est tellement caricatural que c’en est par moments gênant. L’impression de ratage en visionnant ce film vient aussi du fait que les personnages principaux sont mal écrits et comme vidés de toute substance : on ne sait jamais ce qu’ils pensent véritablement, ce qui les anime et, de fait, on a beaucoup de mal à s’y attacher et à s’intéresser à leur destin. Romain Duris, dans un rôle ressemblant étrangement à celui tenu dernièrement dans Un petit boulot, est en pilotage automatique. Jalil Lespert est très décevant et Charlotte Le Bon essaie tant bien que mal de s’en sortir avec un personnage vraiment sous-écrit. Dans sa mise en scène, Jalil Lespert a un parti-pris esthétique relativement clair, ce qui, pour le coup est une bonne chose, avec un univers particulièrement sombre, dans des tons grisâtres. Honnêtement, c’est plutôt maitrisé techniquement et cette vision d’un Paris oppressant, bien loin des cartes postales, est plutôt intéressante. Mais le souci, c’est que, pour le coup, ça tourne vraiment à vide puisque ça ne rajoute rien à l’histoire qu’on a sous les yeux. C’est juste un « joli » cadre mais rien de plus, comme si le metteur en scène conscient de la faiblesse de son scénario, voulait le combler avec une forme plus cinquante. Malheureusement, ça ne fonctionne pas vraiment ici et Iris n’apparaît comme rien d’autre qu’une coquille vide sans grand intérêt cinématographique…




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