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TimFaitSonCinema
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IMITATION GAME

Alan Turing est un brillant mathématicien lors que débute la Seconde Guerre Mondiale. Il se propose alors pour aider les alliés à craquer le système de codage mis en place par les Allemands à cette époque et qui est réputé indéchiffrable. Malgré les difficultés, Turing va tout faire pour réussir sa mission, avec ou sans l’aide des autres autour de lui…
Verdict:

De ce film, il n’y a pas grand-chose de vraiment négatif à redire avec, notamment une interprétation de qualité et une réalisation soignée. Mais l’histoire tellement fascinante d’Alan Turing, tant au niveau personnel que professionnel, aurait sans doute mérité un meilleur scénario et une mise en scène moins académique. Le tout aurait quand même été bien plus emballant.

Coup de coeur:

Benedict Cumberbatch

La date de sortie du film:

28.01.2015

Ce film est réalisé par

Morten TYLDUM

Ce film est tagué dans:

Drame historique Biopic

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 La Critique


Avec ce long métrage, je clos ce que l’on peut appeler chez nous la « saison des biopics », qui se situe souvent autour du mois de janvier. Ce sont la plupart du temps des films taillés pour les récompenses de début d’année, avec comme points communs le fait de se baser sur un personnage à l’histoire exceptionnelle, une réalisation très académique et une place non négligeable pour le comédien principal (au point qu’il éclipse parfois tout le reste). Il y avait donc eu l’Invincible d’Angelina Jolie, finalement nominé que trois fois aux Oscars et dans des catégories techniques, mais qui, franchement ne méritait pas mieux tant c’était pesant. Puis, ensuite, Une merveilleuse histoire du temps (un peu plus reconnu car nominé cinq fois dans des catégories importantes), qui, bien qu’un peu plus sympathique, était loin de séduire complètement. Voici donc que s’avance ce qui apparaît comme la « troisième lame » : Imitation Game et sa liste de huit nominations pour les prochains Oscars, tout en sachant qu’il a été le grand perdant des derniers Golden Globes avec cinq nominations pour aucune récompense remportée. Et étant donné la conjoncture, il risque bien d’en être de même pour les statuettes de fin février puisqu’il ne fait partie des véritables favoris dans aucune des huit catégories où il est engagé… Néanmoins, c’est un peu réducteur de juger un film à l’obtention ou non de récompenses dans des cérémonies annuelles qui, parfois, réservent plus de surprises qu’autre chose. Et même si, à divers niveaux, Imitation Game ressemble vraiment à un long métrage complètement calibré pour ces occasions, il n’en reste pas moins qu’il a ses caractéristiques propres qui en font un film devant lequel on ne s’ennuie jamais vraiment mais qui a quand même eu du mal à me complètement me convaincre.

 

Ce qui peut être assez frustrant, c’est que, globalement, on peut dire d’Imitation Game qu’il a tous les atouts pour être un vrai très bon long métrage. D’abord un sujet très fort et qui, malgré son côté profondément historique est aussi très actuel. En effet, ce n’est que depuis 2013 qu’Alan Turing est pleinement réhabilité (par le biais d’un pardon royal) alors qu’il est mort il y a plus de soixante ans maintenant. Et puis, Alan Turing a un destin hors du commun puisqu’il a permis de gagner plus rapidement la deuxième guerre mondiale pour les alliés, tout en étant obligé de cacher ses activités professionnelles ainsi que son homosexualité, répréhensible dans l’Angleterre de l’époque. Pour l’interpréter, c’est Benedict Cumberbatch – l’acteur britannique qui grimpe – qui s’y colle, alors que, un temps, Leonardo DiCaprio avait été intéressé par ce rôle. Pour moi, c’était plutôt un bon signe et de fait, je n’ai pas été déçu car Cumberbatch est excellent, parvenant à faire de ce personnage a priori assez antipathique un héros que le spectateur ne veut plus lâcher. Il est en plus entouré de seconds rôles convaincants, avec une Keira Knightley plus sobre que dernièrement, ainsi qu’un Mark Strong et un Matthew Goode efficaces. De ce côté-là, il n’y a pas grand-chose à redire. Là où j’étais un peu plus dubitatif, c’était sur le réalisateur puisque Morten Tyldum était un vrai inconnu mais, en même temps, je me disais que s’il était mis à la tête d’un tel long métrage, c’est qu’il avait forcément un minimum de talent. De fait, le bonhomme sait faire, mais le souci, c’est que l’ensemble de sa mise en scène reste extrêmement académique et sans aucune prise de risque, comme s’il avait toujours été un peu sur la retenue. Alors, oui, c’est vrai que c’est propre, voire même élégant par moments, avec en prime une belle partition d’Alexandre Desplat, tout à fait dans l’esprit. Il n’y a donc pas grand-chose à en redire mais ça manque quand même sacrément d’une véritable vision et d’un peu de vie. Mais là où, selon moi, le bât blesse un peu plus sérieusement, c’est du côté du scénario.

 

En effet, comme dit plus haut, le destin de Turing est réellement exceptionnel et, dans Imitation Game, il n’est pas assez bien rendu, notamment sur l’aspect vraiment personnel de l’homme. Il était homosexuel, ce qui, en soi, n’a aucune espèce d’importance par rapport à ses recherches, mais c’est pourtant bien cet aspect de sa personnalité qui l’a « perdu » puisqu’il a subi une castration chimique qui l’a profondément démoralisé, deux ans avant qu’il meure (d’un empoisonnement au cyanure qui reste encore mystérieux, d’ailleurs). Et, là-dessus, le long métrage a un regard assez étrange puisque tout est toujours suggéré (notamment dans les séquences d’enfance) mais c’est quand même largement évité et, finalement, ce qui est le plus cocasse, c’est qu’une bonne partie de l’histoire se construit autour d’une relation romantique avec une jeune femme. En fait, il y a clairement dans le scénario une volonté d’être construit comme une énigme (rapport évident au système Enigma qu’il a cassé). Celle-ci s’intéresserait vraiment à l’homme et à ses mystères, avec trois temporalités différentes (enfance, période professionnelle active, fin de vie). Le tout à mettre en contrepoint du côté purement historique, qui n’est peut-être pas très connu (bien que très intéressant) mais moins mystérieux. Toujours cette volonté de lier l’Histoire (utilisation d’images d’archives et de quelques séquences bien plus illustratives qu’autre chose) et l’histoire d’un homme. Mais, le souci, c’est que la construction globale ne réussit jamais vraiment à créer un vrai enjeu autour de ce personnage, sans doute parce que les vrais éléments clés sont trop laissés de côté. C’est le cas de l’homosexualité mais aussi de l’aspect vraiment scientifique et technique de la chose. Bien que ça soit difficile à montrer, on aurait envie d’en comprendre davantage sur cette machine que l’on voit souvent mais que l’on a du mal à réellement appréhender. Et puis, comme souvent, le moment de la découverte vient d’un événement très futile et là, franchement, on le voit venir de tellement loin que c’en est presque désespérant. Avec un peu plus d’audace, cette histoire aurait pu devenir réellement exceptionnelle et donner alors un film un peu moins lisse mais plus excitant.




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