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TimFaitSonCinema
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FURY

Avril 1945. La fin de la guerre est toute proche mais, en Allemagne, les dernières poches de résistance sont féroces. A bord de son char, le sergent Don Collier mène un équipage de quatre soldats soudés autour de leur chef et qui doit faire face à du matériel allemand plus évolué. Quand, en plus, ils sont envoyés pour une mission suicide, les choses se compliquent vraiment pour les cinq militaires.
Verdict:

David Ayer signe un vrai film de guerre, brutal par moments, prenant, bien interprété et parfois assez magnifique visuellement. Néanmoins, Fury ne va jamais chercher beaucoup plus loin que ça, la faute à un scénario trop prévisible et un discours globalement un peu trop limité. Dommage car il est clair que le réalisateur sait y faire pour mettre de l’intensité quand il le faut.

Coup de coeur:

La qualité visuelle d’ensemble

La date de sortie du film:

22.10.2014

Ce film est réalisé par

David AYER

Ce film est tagué dans:

Film de guerre

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 La Critique


David Ayer s’est depuis quelques années fait une spécialité des films d’action en milieu urbain, et notamment à Los Angeles, ville où il a grandi et dont il connaît les moindres recoins. Celui qui a commencé sa carrière comme scénariste (U-571, Training Day ou Fast and Furious) a donc ensuite tourné des longs métrages assez musclés (toujours ou presque interdits au moins de douze ans) mettant en scène des flics dans la Cité des Anges. Avec Sabotage (également sorti en 2014 en France), il changeait déjà un peu de registre car si le côté violent restait, Los Angeles n’était plus au cœur du récit. Avec Fury, il va même plus loin dans l’évolution puisqu’il s’éloigne de ses habitudes à la fois temporellement mais aussi géographiquement. En effet, il nous plonge là dans la fin de la deuxième guerre mondiale, à un moment finalement assez méconnu, où les alliés, fatigués par leur avancée, ont été obligés de faire face aux dernières forces allemandes refusant l’inexorable défaite. A partir d’une histoire vraie, David Ayer a donc construit un scénario sur un petit groupe de soldats qui doit se battre jusqu’au bout alors qu’il se trouve dans une situation plus que compliquée. A priori, rien de bien révolutionnaire dans une telle histoire mais, en même temps, Fury se démarque du grand nombre de films qui sortent sur cette période (c’est fou ce qu’elle peut fasciner encore aujourd’hui) par au moins deux points : son côté extrêmement réaliste (cheval de bataille de toujours du cinéma de David Ayer) et donc violent et le fait de plonger dans la guerre à travers la vision d’un équipage de char, ce qui n’est pas courant. Deux éléments qui faisaient de ce Fury un long métrage à surveiller de près. Mais le réalisateur réussit-il son pari ? Il signe là un film de guerre rugueux mais qui manque quand même de profondeur pour être un vrai bon long métrage…

 

En fait, si j’y réfléchis bien, je ne vois pas tant que cela de « vrais » films de guerre récents à propos de la deuxième guerre mondiale. En fait, souvent, cette période sert de toile de fond car elle comporte énormément d’éléments qui permettent d’écrire des scénarios de toute sorte. Dernièrement, Monuments Men se basait à cette époque sans être un véritable film de guerre, tel qu’on l’entend. C’était un peu la même chose avec Inglorious Basterds de Tarantino (d’ailleurs, la première scène de Fury s’inscrit un peu dans la continuité, avec Brad Pitt dans un rôle presque similaire). En fait, c’est plutôt le diptyque de Clint Eastwood (Mémoires de nos pères puis Lettres d’Iwo Jima) qui est le plus proche de ressembler à ce genre bien codifié. David Ayer, lui, a clairement décidé de s’inscrire dans cette veine et a même choisi d’opter pour un réalisme total, qui devient donc parfois très cru. Tout le travail de reconstitution (que ce soient pour les décors ou les costumes) est extrêmement soigné et on a vraiment le sentiment de se retrouver à cette époque, il n’y a rien à dire de ce côté-là. Le scénario, lui, ne nous épargne pas grand-chose des horreurs de cette guerre (un peu comme Il faut sauver le soldat Ryan, dernière « grande » référence du genre) : on voit la violence brute, les atrocités commises par les deux camps (parfois même envers les leurs) et tout ce que cela peut impliquer sur les soldats qui doivent affronter ces évènements. D’ailleurs, en se retrouvant avec cette compagnie de cinq hommes, on comprend comment la guerre a pu les « abimer ». Tous, à leur façon, sont de véritables écorchés vifs et, s’ils ont toujours une part de morale en eux (qu’elle soit religieuse ou non), ils ont tous à l’esprit que, à la guerre, il n’y a plus rien de tout cela qui tienne. La devise est la suivante : « ou on tue, ou on se fait tuer ». Et le petit jeune qui doit intégrer ce groupe déjà bien soudé va vite en apprendre les règles.

 

Ce jeune garçon (vingt ans, tout au plus), que rien ne prédestinait au départ à intégrer l’équipage d’un char, c’est un peu lui qui tient le rôle du spectateur car il se retrouve là sans avoir rien demandé (remarquez que le spectateur, lui, a payé sa place) et il va devoir tout apprendre, souvent de façon brutale, notamment sous la houlette de son supérieur. Ce qui est dommage, c’est que ce personnage a un côté trop « artificiel » car il ne semble être là que pour permettre au film de dérouler ses passages obligés et de montrer justement tout ce que peut provoquer la guerre chez un homme. D’ailleurs, dans l’ensemble, je trouve que si chaque acteur joue très bien sa partition, les protagonistes principaux sont un peu trop caractérisés (celui qu’on appelle « la Bible », le bourrin, le plus timide) et, s’ils ne sont pas non plus complètement caricaturaux, un peu plus de nuances aurait été bienvenu. Ils ne permettent en tout cas pas au discours global du film d’être un peu moins « bas de plafond » par moments. C’est d’ailleurs là que, selon moi, le bât blesse vraiment, en plus d’un scénario qui ne réserve absolument aucune surprise. Le cœur du film, concernant le rapport à la guerre, est atteint lors d’une très longue séquence assez étrange, celle du repas pris avec deux femmes allemandes où, clairement, deux visions du monde semblent s’affronter. Mais, on attendait surtout David Ayer du côté de l’action et, honnêtement, il prouve qu’il sait y faire avec un vrai sens du rythme et de l’espace. Même si ça ressemble parfois un peu à un jeu vidéo (notamment à cause des balles traçantes de différentes couleurs), les combats ont le mérite d’être clairs, immersifs et très prenants dans l’ensemble. Et puis, certaines séquences sont de vraies réussites visuelles, avec des images parfois presque irréelles. Rien que la scène d’ouverture vaut le détour pour cela, en plus du fait qu’elle est une introduction parfaite au film, notamment pour sa violence pure. C’est en tout cas le début d’un film plutôt réussi mais pas assez pour en faire un long métrage de référence.




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