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TimFaitSonCinema
Pendant presque vingt ans, Walt Disney fait tout pour obtenir les droits du livre Mary Poppins. Mais son auteur n’est pas le genre à faire beaucoup de concessions. Lorsqu’elle se rend à Los Angeles, Walt pense qu’il a enfin réussi à la convaincre. Mais les choses ne seront pas du tout aussi simples que cela…
Verdict:

Un film pas fondamentalement déplaisant, qui pose de réelles problématiques et plutôt très bien interprété, notamment par une Emma Thompson en très grande forme. Mais c’est bien trop répétitif et certains passages dégoulinent de bien trop de mièvrerie pour en faire un long métrage vraiment réussi. Les vrais fans de Mary Poppins s’y retrouveront sans doute quand même.

Coup de coeur:

Emma Thompson

La date de sortie du film:

05.03.2014

Ce film est réalisé par

John Lee HANCOCK

Ce film est tagué dans:

Biopic

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 La Critique


Comme chacun sait, Walt Disney (je parle ici de la compagnie) ne se contente pas de produire uniquement des dessins animés. Cet aspect a constitué le point de départ de cette formidable saga et reste encore aujourd’hui ce pour quoi ce studio est le plus connu. C’est maintenant un groupe multidimensionnel qui touche autant à la musique, aux séries qu’aux films plus traditionnels. D’ailleurs, c’est de plus en plus vrai car, ces dernières années, ce studio a racheté d’autres compagnies (Lucasfilm ou Marvel) et ont la main sur de nombreuses franchises (le nouveau Star Wars, c’est eux). Avec ce nouveau film, Walt Disney franchit encore un pas car Dans l’ombre de Mary (pour faire court) est en fait un long métrage sur une histoire du studio elle-même (comment un film a fini par être produit) et il met directement en scène Walt Disney (l’homme cette fois-ci) même s’il n’est pas complètement au cœur de l’intrigue. Il faut dire que le personnage est assez fascinant et véhicule à son propos un grand nombre de fantasmes (il serait juif pour certains et sympathisant nazi pour d’autres, par exemple). Son image reste jalousement protégée par ses descendants et malgré de nombreux projets (encore évoqués aujourd’hui), personne n’a réussi à sortir un vrai film sur cet homme complexe. Certains disent même que si Disney a acheté le scénario de Dans l’ombre de Mary, c’est avant tout pour que personne d’autre ne puisse faire le film et donc, possiblement intenter à la figure du père fondateur. On peut donc s’interroger sur l’image qui est donnée de l’homme Walt Disney (qui apparaît ici comme un père de famille voulant faire plaisir à ses filles). Mais, en fait, cela passe assez vite au second plan car le long métrage ne s’intéresse guère à cet aspect mais bien au personnage de Pamela Travers et de la manière dont elle va résister avant de finir par céder les droits de son livre. Et si ce n’est pas désagréable, le tout manque un peu de souffle…

Je dois préciser également que je ne suis pas du tout un spécialiste de Mary Poppins (j’ai du le voir une fois il y a longtemps, pas plus) au grand dam de ma fiancée qui, elle, pour le coup, connaît toutes les chansons par cœur et les fredonnait à côté de moi pendant le film ! Cela fait que j’ai sans doute été un peu moins séduit par l’ensemble. Pour mettre en image ce projet, Disney a fait un choix assez tranché puisque le studio a mis John Lee Hancock aux manettes. Celui-ci (que je dois quand même respecter car il a signé des scénarios pour Eastwood et notamment celui de cette merveille qu’est Un monde parfait) est l’auteur de l’un des films les plus dégoulinants de bons sentiments de ces dernières années. Si The Blind Side (inédit au cinéma en France) a valu à Sandra Bullock son Oscar (l’un des plus absurdes de ces dernières années), c’est surtout un film très peu intéressant et marqué par une avalanche d’un sentimentalisme forcené. Voir ce réalisateur aux manettes ne me rassurait donc pas forcément. Et le résultat final n’est pas si étonnant car dans un film que l’on peut considérer de « double », puisque deux époques s’enchevêtrent et se répondent, l’une est bien « massacrée » alors que l’autre se tient davantage. Tout est en fait basé sur le fait que si Pamela Travers refuse que Disney adapte Mary Poppins, c’est parce que cette histoire est intimement liée à son destin personnel, que l’on verra donc en contrepoint, avec de très nombreux flashbacks. Et c’est là que se trouve l’un des principaux problèmes de ce film car cette partie est complètement ratée. On y voit la jeune Pamela, notamment dans la relation avec son père, qui inspirera M. Banks, le père de famille dans le livre qu’elle écrira. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère : couleur jaunâtre pour trancher, ralentis bien trop présents, surcharge de sentimentalisme,… Bref, c’est mis en scène avec beaucoup trop d’emphase et ne sert finalement pas vraiment le film.

La période plus récente est bien plus intéressante même si, au cœur du film, elle commence sérieusement à tourner en rond, en plus d’introduire quelques éléments qui, pour le coup, font un peu artificiel (comme cette histoire avec le chauffeur, pourtant très bien joué par Paul Giamatti). En effet, alors que l’on a rapidement compris que Pamela Travers était vraiment très exigeante et qu’elle ne laisserait pas faire n’importe quoi avec son ouvrage, le scénario revient très souvent là-dessus et en rajoute à mon goût un peu trop sur le côté rigide de l’héroïne, interprétée avec un talent fou par une Emma Thompson en très très grande forme. Pourtant, Dans l’ombre de Mary soulève de vraies bonnes questions qui sont très intéressantes à la fois sur la création d’une œuvre littéraire puis sur son adaptation. Si elles sont évoquées, ces problématiques ne sont pas assez fouillées en tant que telles, le long métrage préférant s’attarder sur des détails plus insignifiants et pas forcément intéressants. Walt Disney, lui, n’apparaît qu’en deuxième rideau et finalement, il n’a pas un rôle si important que cela. En tout cas, rien qui ne permette de mieux cerner le personnage et d’en faire un vrai portrait. Certains points sont même gentiment évacués (comme cette réflexion très drôle sur la cigarette : on ne le voit jamais fumer alors que c’est connu qu’il fumait comme une Chem-Cheminée). Pour l’interpréter, c’est Tom Hanks qui fait tranquillement le travail, sans en rajouter. Les deux époques finissent par se rejoindre dans une toute dernière partie assez émouvante même si on a vraiment le sentiment que tout est fait pour que l’on soit touché. Au moins, ça marche quand même un peu. Tout comme la partition, composée par Thomas Newman (ce qui se reconnaît d’ailleurs très facilement) et qui habille bien l’ensemble. Dans l’ombre de Mary, c’est donc un film qui aurait gagné à évoquer davantage les vraies questions de fond et ne pas s’attarder inutilement sur des aspects bien moins intéressants. Même si la partie sur la jeunesse de l’écrivaine est assez terrible, le film réussit à quelque peu émouvoir sur la fin. C’est déjà ça…




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