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TimFaitSonCinema
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DANISH GIRL

Dans le Danemark des années 20, Einar Weneger est l’un des peintres les plus célèbres. Sa femme, portraitiste, lui demande un jour de poser habillé en femme. Cela réveille chez Einar sa nature profonde et il devient alors Lili, la femme qu’il a toujours voulu être. Va-t-il pouvoir aller au bout de cette transformation et sa relation avec sa femme sera-t-elle transformée ?
Verdict:

Tom Hooper signe avec Danish Girl un long métrage très propre, réalisé avec soin, mais qui manque à la fois d’un vrai point de vue et de pas mal de caractère pour faire de cette histoire pourtant très intéressante un long métrage marquant. A la prestation un peu outrancière d’Eddie Redmayne, je préfère largement celle toute en mesure d’Alicia Vikander…

Coup de coeur:

Alicia Vikander

La date de sortie du film:

20.01.2016

Ce film est réalisé par

Tom HOOPER

Ce film est tagué dans:

Drame historique

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 La Critique


Tom Hooper aime décidemment mettre en image les destins assez exceptionnels de personnage pas forcément très connus du vingtième siècle. En effet, après s’être intéressé au mythique entraîneur de foot des années 70 Brian Clough pour son premier film (The Damned United, jamais vu), il s’était penché sur le destin de George VI dans Le Discours d’un Roi, le long métrage qui l’a vraiment fait connaître et pour lequel il a reçu l’Oscar du meilleur réalisateur. J’avais trouvé ça plutôt bien foutu, même si c’était loin d’être révolutionnaire au niveau cinématographique. Ensuite, sans doute un peu grisé par le succès (c’est ce que je préfère me dire, en fait), il s’était laissé aller à une adaptation de la comédie musicale Les Misérables. Pour le coup, c’était franchement limite et je garde surtout en tête le souvenir assez halluciné de Russel Crowe chantant tellement mal que c’en était indécemment drôle. Je me rappelle avoir souvent été au bord du fou rire. D’ailleurs, le réalisateur n’avait pas connu un grand succès avec ce film et c’est d’une certaine manière assez naturel qu’il revienne aujourd’hui à quelque chose qui lui ressemble plus, à savoir conter le destin de Einar Weneger, premier homme à avoir subi des opérations pour devenir une femme, le tout dans l’Europe des années 20. Drame personnel lié à la grande histoire, rôles en costumes,… On se dit qu’il sera forcément dans son élément… Il retrouve d’ailleurs pour l’occasion Eddie Redmayne, qui faisait partie de l’aventure des Misérables (il n’était pas le plus ridicule du lot, loin de là) et qui se voit là offrir un véritable « rôle à Oscar » pour la deuxième année d’affilée (après celui remporté pour Une merveilleuse histoire du temps). Pour autant, on ne peut pas dire que cette forme de « retour aux sources » soit gage d’une très grande réussite…

                                                           

Attention, que l’on ne se méprenne pas : Danish Girl est plutôt un bon long métrage. On ne s’ennuie jamais vraiment, notamment car l’histoire de cet homme qui veut devenir femme, et la relation qui en découle avec sa femme, est vraiment intéressante. De plus, Tom Hooper sait clairement filmer et il y a très peu de fautes de goûts dans la mise en scène, même si on peut regretter quelques passages où, en insistant un peu trop sur ce qu’il veut montrer, il semble prendre le spectateur pour un imbécile. Honnêtement, sur la forme, il n’y a pas grand-chose à redire. Mais, en même temps, ce n’est pas forcément là qu’on l’attendait pour ce long métrage et, d’une certaine manière, on se demande assez vite si ce côté très soigné de la réalisation ne finit pas par desservir le propos. En effet, sous ses couverts de film d’époque avec tout ce que cela implique (décors, costumes,…), Danish Girl évoque un sujet qui est encore très sensible, presque cent ans plus tard : la question des transgenres et, pour faire simple, de l’identité sexuelle. On pouvait donc s’attendre à une réflexion autour de cette problématique, à une certaine mise en miroir de ce qui se passe aujourd’hui par rapport à ce qui apparaît encore comme quelque chose de marginal. De ce côté-là, on est pour le moins déçu puisque le long métrage reste extrêmement superficiel et ne cherche jamais à montrer ce que cette différence peut impliquer dans la société à l’époque, comment ça chamboule vraiment l’équilibre du couple,… Là, on a seulement quelques points de vue et le contexte global est complètement mis de côté. Cela reste bien trop léger et lisse pour que le discours de fond soit vraiment intéressant. En manquant clairement d’aspérités, Danish Girl ne réussit qu’à être une (jolie) illustration d’un destin pourtant très fort. Et ça ne peut pas être suffisant…

 

Sans doute le film aurait-il gagné en force en s’intéressant davantage à un moment précis de cette transformation plutôt qu’à vouloir suivre tout le processus qui, dans les faits, dure des années. Car, ce qui est vraiment étrange, c’est que le scénario ne propose presque aucun repère temporel, de fait qu’on peut avoir le sentiment que tout cela se joue en quelques semaines seulement. Il y a bien quelques indices « cachés » ci et là mais on a réellement le sentiment qu’existe une vraie volonté d’uniformiser de façon artificielle l’aspect temporel de cette histoire. Il me semble que c’est un choix plus que discutable puisque, justement, la durée (et notamment l’attente) aurait dû être un aspect plus qu’intéressant dans le récit. Ici, tout s’enchaîne et les changements dans le couple, aussi importants soient-ils, sont presque des petites péripéties et ne sont jamais analysés en tant que tels. Par exemple, le fait que lui abandonne la peinture alors que, dans le même temps, elle, trouve sa voie dans cet art, aurait pu être un angle d’attaque passionnant mais ce n’est jamais développé en tant que tel. Au niveau de l’interprétation, Eddie Redmayne fait plutôt bien le boulot mais je ne suis pas un immense fan de ce genre de prestations un peu too much tant il se sent obligé d’en rajouter pour interpréter cette femme dans un corps d’homme. Ici, j’ai largement préféré Alicia Vikander (d’ailleurs nominée aux Oscars pour le meilleur second rôle, alors qu’elle est presque toujours à l’écran), bien plus naturelle et mesurée dans son jeu. Enfin, la musique de Desplat est un peu à l’image du film : plutôt pas mal (sans être non plus exceptionnelle) mais finalement un peu too much associée à certaines images qui donnent à l’ensemble un côté cucul pas forcément utile. Le tout est finalement assez frustrant car on a réellement le sentiment qu’il y avait moyen de faire bien mieux, même si l’ensemble se tient quand même.




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