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TimFaitSonCinema
Dans les années 1930, en Algérie, Younes est encore un jeune enfant quand il est confié à son oncle. Il va alors être élevé comme un pied noir, dans un petit village à proximité d’Oran. Des amitiés vont se créer mais l’arrivée d’une fille et les évènements extérieurs vont tout changer.
Verdict:
A partir d’un livre honnêtement dur à adapter, Arcady ne s’en sort pas bien du tout en tombant dans tous les pièges possibles. En en faisant des tonnes, il coupe toute émotion et déçoit beaucoup trop souvent. Quand, en plus, l’interprétation n’est pas au rendez-vous…
Coup de coeur:

Anne Consigny, parce qu’elle surnage un peu, mais pas beaucoup…

La date de sortie du film:

12.09.2012

Ce film est réalisé par

Alexandre ARCADY

Ce film est tagué dans:

Drame historique

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 La Critique


J’avais dit lors de ma critique du livre Ce que le jour doit à la nuit que j’avais une certaine appréhension avant d’aller voir l’adaptation qui en serait faite au cinéma. En effet, dans ce roman, il y a de quoi faire à peu près dix autres romans tant tout est parfois un peu trop survolé. Forcément, au cinéma, le problème est le même puisqu’il faut ici raconter presque trente ans de la vie de ce jeune homme, avant un saut temporel pour le voir quarante ans plus tard, à la fin de son existence. En plus, Arcady et son coscénariste décident d’en faire une adaptation tout de même assez fidèle même s’il y a quelques petites modifications, à la marge et qui, en plus, s’expliquent assez difficilement. On pourrait dire qu’ils n’avaient pas vraiment le choix, étant donné la densité de départ de l’ouvrage et surtout le fait que presque tout se réponde. Un évènement survenu trente ans plus tôt peut avoir ici une influence à un autre moment. Il n’y avait donc pas grand-chose à enlever. Mais, malgré ses plus de deux heures et demi, le film ne parvient pas vraiment à rendre correctement le destin de ce jeune homme et sombre assez vite dans une succession de scènes qui se suivent sans vraiment former un tout. Le résultat est vraiment très décevant mais pouvait-on attendre vraiment mieux ? Le problème est que je n’en suis même pas persuadé.

J’ai tout de même l’intime conviction qu’en mettant un autre réalisateur, il y aurait peut-être eu le moyen de faire autre chose. Parce que dans le genre « j’y vais avec de très gros sabots », Alexandre Arcady est quand même un maître en la matière. Je n’avais jamais vu auparavant l’un de ses films mais, pour Ce que le jour doit à la nuit, ça m’a vraiment choqué. Déjà que le livre a une petite tendance à en faire un peu trop, alors, quand c’est transposé à l’écran avec aussi peu de délicatesse, je ne vous dis pas le travail. Ca donne un nombre incalculable de séquences où, en plus d’un propos déjà un peu caricatural, car peut-être trop rapidement exposé, la réalisation en rajoute une couche non négligeable dans le même sens. C’est même parfois assez désespérant de voir des réalisateurs ne pas se rendre compte que ça ne sert à rien d’en faire des tonnes et des tonnes, si ce n’est à dénaturer le message d’origine qui aurait pu passer à la fois plus efficacement et bien plus sobrement. En fait, Arcady tombe dans à peu près tous les pièges que tend cette adaptation puisque tout est survolé, encore plus que dans le livre et que le côté un peu too much du roman se retrouve à l’écran, puissance dix. Les personnages sont vraiment trop peu creusés, notamment ceux qui ont une véritable importance dans le parcours du jeune Younes. Par exemple, ses amis défilent sans que l’on puisse vraiment les différencier les uns des autres alors que, dans le roman de Yasmina Khadra, chacun a un « rôle » bien précis et fait véritablement évoluer le personnage central. Le rôle de l’oncle de Younes est lui aussi trop minime et ce n’est pas en une séquence – en plus assez grotesque – que le film peut espérer lui rendre son importance.

En fait, Arcady insiste beaucoup sur l’histoire d’amour contrariée entre Younes et Emilie. C’est un peu logique, en un sens, car c’est un vrai sujet de cinéma. Mais, d’après moi, ce n’est pas forcément l’objet central du livre où c’est un aspect de plus qui fait se distendre peu à peu les liens entre ces quatre amis et fait évoluer Younes. Par contre, le contexte est beaucoup plus mis de côté. Bien sûr, on voit en toile de fond la deuxième guerre mondiale (et encore, très peu) mais aussi la guerre d’indépendance mais, honnêtement, cette histoire pourrait se passer à une autre période que, fondamentalement, dans le film, ça ne serait pas si différent. Les seuls passages qui y font vraiment référence sont trop caricaturaux pour être honnêtes. Je trouve cela très étonnant et décevant car j’y voyais justement là l’une des forces du livre. C’est en fait en très grande partie décontextualisé, au profit de cet amour qui devrait rapprocher de façon évidente les deux personnages centraux. Sans doute le film aurait-il gagné à ne s’intéresser qu’à une partie du livre, quitte à en changer plus fortement quelques passages, afin d’avoir quelque chose qui se tient de façon plus correcte et ne survole pas tous les sujets ainsi. Dans sa réalisation, Arcady ne fait rien pour sauver son film puisqu’il a un vrai « talent » pour faire des scènes vraiment terribles : ralentis, musique,… Tout y est. Globalement, d’ailleurs, la musique est beaucoup trop présente puisqu’il ne doit pas y avoir plus de deux minutes de suite sans qu’on l’entende en fond… A la longue, c’est vraiment épuisant.

Et quand rien ne va… Au niveau de la distribution, il y a un vrai problème. Déjà l’acteur principal (Fu'ad Aït Aattou) joue comme un pied, honnêtement. Sa voix n’est jamais naturelle et on a toujours l’impression qu’il fait la même tête. Il ne rend rien de ce qui pourrait se passer à l’intérieur de lui, alors que le roman de Khadra est justement riche de ces bouleversements intérieurs. En face de lui, Nora Arnezeder a à peu près autant de charisme qu’une huitre. Je suis peut-être un peu méchant mais, là, ce n’est pas possible de donner aussi peu de vie à un personnage qui ne demanderait pourtant que cela. Et le pompon est atteint avec Anne Parillaud. D’abord, elle en fait des tonnes et des tonnes en ne cessant de minauder ou en surjouant la colère froide. Et puis, celui qui a eu l’idée de faire d’Anne Parillaud la mère de Nora Arnezeder mérite un prix en terme de d’absurdité car il en tient là une sacrée couche. Non, mais, il suffit de les mettre les unes à côté des autres pour se dire que ce n’est pas possible… C’est tout de même un peu gênant à la longue car c’est tout de même l’un des aspects essentiels dans le film et là, ça perd toute crédibilité… Même si je m’attendais pas à grand-chose de cette adaptation, j’ai sans doute trop jugé ce film au travers du livre que je venais de lire. Je me demande si j’aurais été aussi sévère en étant vierge de toute idée préconçue. Je pense malheureusement que oui…



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