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TimFaitSonCinema
Ben vit avec ses six enfants au fond d’une forêt reculée et les éduque à sa façon, faisant tout pour les rendre adultes bien avant l’âge. Mais quand leur mère décède, ils vont devoir revenir au monde réel et la transition ne sera pas des plus évidentes, à la fois pour les enfants, mais aussi pour Ben, qui voit ses méthodes éducatives remises en question…
Verdict:

Un peu trop stéréotypé dans son mécanisme narratif et dans sa réalisation, Captain Fantastic reste un long métrage charmant, porté par un Viggo Mortensen en très grande forme, et une bande-son vraiment chouette. Mais il manque trop d’éléments et une bonne dose d’originalité pour en faire le vrai bon film que l’on nous avait promis. Ce réalisateur laisse quand même de belles promesses pour l’avenir…

Coup de coeur:

Viggo Mortensen

La date de sortie du film:

12.10.2016

Ce film est réalisé par

Matt ROSS

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Voici donc que s’avance la nouvelle pépite annuelle dans la catégorie film américain indépendant. En effet, c’est devenu une sorte de tradition que, une fois par an, on nous présente un long métrage d’outre-Atlantique comme étant celui qui représente le mieux le Septième Art qui se fait en dehors des grands studios. La plupart du temps, ces films suivent un itinéraire semblable : un réalisateur inconnu ou presque, une présentation au Festival de Sundance, la Mecque absolue du cinéma indépendant américain, puis une très belle carrière dans différents Festivals à travers le monde, avant de finir avec de nombreuses nominations pour les cérémonies de récompenses du début d’année suivant. En France, c’est souvent au Festival du film américain de Deauville qu’ils se font vraiment connaître et qu’ils s’offrent le droit d’être distribués dans notre beau pays. Ces dernières années, les exemples que l’on peut trouver sont Whiplash, Les Bêtes du sud sauvage, Winter’s Bone ou encore Little Miss Sunshine, sans doute le long métrage qui a véritablement lancé ce qui s’apparente maintenant à une mode. Captain Fantastic remplit absolument tous les critères. Le premier est celui du réalisateur puisque Matt Ross est surtout connu pour être un acteur de série et, s’il a déjà réalisé trois long-métrages, aucun ne s’est véritablement fait connaître du grand public. Après une présentation à Sundance, le long métrage a été sélectionné dans la catégorie Un certain regard à Cannes, d’où il est reparti avec un Prix de la Mise en Scène, puis il a continué sa « vie » jusqu’au Festival de Deauville où il a remporté le Prix du jury et celui du Public. Et je ne serais pas surpris que, dans quelques mois, on en entende parler lorsque les nominations aux Oscars ou aux Golden Globes seront connues. Avec un tel pedigree, forcément, on s’attend à voir un film de grande qualité. Malheureusement, la réalité est bien plus contrastée…

 

La première séquence du long métrage est particulièrement intrigante et nous plonge dans une drôle d’ambiance : on y voit un cerf déambuler dans une forêt gorgée de soleil, avant d’être attaqué et tué par un jeune homme, en tenue de camouflage. Juste après, des enfants de plus en plus jeunes apparaissent, puis un homme, barbu, semblant sorti d’un autre âge… On comprend rapidement que l’on a affaire à une drôle de famille, avec un père qui vit en autarcie avec ses six enfants, âgés d’environ cinq à dix-huit ans. Pendant la première partie du long métrage, on apprend à mieux les connaître et notamment à découvrir leur mode de vie si particulier, fait d’un entraînement physique quasi-militaire et d’une éducation qui pousse chacun à réfléchir par lui-même. C’est plutôt pas mal foutu, bien rythmé et on s’attache peu à peu à ces sept personnages au style de vie si atypique. Forcément, on sait que le film ne peut pas reposer uniquement là-dessus et c’est finalement la mort de la mère, absente depuis un certain temps, qui est l’élément perturbateur dans une existence que presque rien ne semblait pouvoir troubler. S’engage alors un « autre » film, principalement basé sur le principe du road-movie, puisque la famille doit traverser du Nord au Sud les Etats-Unis pour se rendre à l’enterrement, bien qu’ils ne soient pas vraiment les bienvenus. Ce qui est intéressant, c’est que le road-movie est ici bien plus « psychologique » que vraiment « physique ». En effet, la dimension géographique est finalement très peu prise en compte, puisque le passage d’un coin vraiment reculé à la « ville » est surtout l’occasion pour les enfants de la famille de découvrir la « vraie vie », bien loin de celle qu’ils connaissent dans leur forêt. Et ils vont devoir s’y adapter, quitte à faire des choses franchement malhonnêtes…

 

En ce sens, Captain Fantastic m’a beaucoup fait penser à Little Miss Sunshine qui utilise les mêmes ressorts. Néanmoins, le film de Matt Ross se sert beaucoup moins de la corde humoristique, encore que certains passages sont vraiment drôles, notamment quand ils se font passer pour des chrétiens illuminés. Le souci, c’est que, dans l’ensemble, la trame narrative est extrêmement mécanique et manque de beaucoup d’originalité. On voit ainsi venir les « péripéties » très longtemps à l’avance et le découpage en différentes « étapes » (la rencontre avec la famille, la rencontre amoureuse,…) est beaucoup trop marqué. En faisant de manière assumée de son film un véritable conte, Matt Ross perd également en crédibilité d’ensemble puisque le propos devient trop simpliste – les cousins, par exemple, sont des débiles profonds – et ne pose pas véritablement l’enjeu de l’éducation de ce père. Pourtant, c’est au cœur du film et il y aurait à redire sur celui qui pourrait presque apparaître comme un gourou auprès de ses enfants, interprété par un Viggo Mortensen absolument parfait dans ce rôle. Avec son rythme plutôt soutenu et une certaine distance par rapport aux événements racontés, Captain Fantastic reste finalement en surface de ses sujets principaux, au point d’apparaître comme un joli objet cinématographique presque un peu vain. Dans sa réalisation, Matt Ross ne fait pas beaucoup d’étincelles, avec une certaine propension à être trop démonstratif. Je trouve que l’ensemble manque d’originalité et s’inscrit dans les sentiers battus et rebattus du cinéma indépendant américain actuel (pour dire les choses très clairement, le film « fait très Sundance »). Il s’appuie tout de même sur une bande-son de qualité, qui réussit parfaitement à mixer une musique originale planante, avec du Bach ou encore du Gun’s and Roses (drôle d’alliance, vous en conviendrez). La dernière séquence, qui ouvre le champ des possibles, me laisse encore plus de regrets car elle semble signifier que Matt Ross avait vraiment conscience des questions que son film posait mais qu’il a presque choisi délibérément de ne pas les traiter…




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