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TimFaitSonCinema
Lui est libraire, l’autre fleuriste. En plus d’être amis, ces deux là ont aussi quelques problèmes d’argent. Quand le premier propose au second de se prostituer, celui-ci refuse catégoriquement. Mais pas si longtemps que cela…
Verdict:

Un film qui, à partir d’un sujet à la limite du graveleux, s’en tire plutôt pas mal, notamment parce qu’il change assez vite de registre en quittant la pure comédie pour aller vers un drame plus intimiste. Le tout manque de tempo mais cet Apprenti Gigolo n’en garde pas moins un aspect par moments plutôt charmant…

Coup de coeur:

La manière d’aborder le sujet

La date de sortie du film:

09.04.2014

Ce film est réalisé par

John TURTURRO

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Bien que sa carrière de comédien soit bien remplie, notamment chez les frères Coen qui l’apprécient visiblement beaucoup, on ne peut pas dire que John Turturro soit l’acteur le plus connu à Hollywood. Ces derniers temps, il avait même un peu disparu, si l’on met de côté son rôle récurrent dans la série Transformers. C’est en fait que le bonhomme est aussi réalisateur et qu’il a visiblement pas mal travaillé à l’écriture et à la mise en scène de son nouveau film. Et ce long métrage a déjà quelque chose d’original et de très rare dans son casting puisque, en effet, l’un des rôles principaux est tenu par Woody Allen en personne, lui qui tourne très rarement dans des films faits par d’autres. En même temps, avec son propre long métrage annuel, on se demande comme il trouve encore le temps de participer à celui d’un autre… D’ailleurs, le reste du casting est lui aussi plutôt détonnant puisqu’on trouve Turturro lui-même, Vanessa Paradis, dont c’est le premier rôle en anglais, Liv Schreiber, Sharon Stone ou encore Sofia Vergara, star de la télévision (grâce à Modern Family). Tout cela au service de ce qui s’annonce à première vue comme une comédie ressemblant beaucoup à celle que peut faire Woody Allen lui-même. Le sujet de départ – la prostitution masculine – est à la fois assez original tout en faisant quand même un peu peur car c’est typiquement le genre de thème qui, mal traité, peut vite s’avérer très compliqué à gérer, avec grand risque de sombrer dans le vulgaire… John Turturro, également scénariste ici, ne connaît pas vraiment ce problème car, assez vite, il détourne quelque peu le point initial de son scénario pour aller, plutôt que vers une pure farce, vers une sorte d’étude de genre. Ce n’est pas toujours fait avec la plus grande adresse, mais, au moins, cela donne à ce long métrage un ton assez unique.

 

Car Apprenti gigolo est un drôle de film, pas toujours facile à vraiment appréhender car il ne cesse de se recomposer à mesure qu’il se dévoule. Le scénario ne perd pas de temps pour installer ce qui va faire basculer le récit : dès la première scène, la proposition est lancée par Murray et cinq minutes plus tard, elle est acceptée par Fioravante. L’enjeu ne se trouve pas du tout dans les questions éthiques ou morales qui peuvent être posées. Ainsi, ça débute comme un vaudeville avec ce personnage de mac un peu fou sur les bords, le tout nouveau prostitué qui prend sa tâche à cœur et ses riches clientes, qui sont visiblement satisfaites de la prestation. On se demande alors un peu comment le film va pouvoir se construire uniquement là-dessus et John Turturro a justement l’intelligence de modifier l’angle en introduisant le personnage de cette veuve juive ultra-orthodoxe (au point qu’elle cache ses cheveux à la vue de tous). Murray la voit comme une cliente potentielle mais sa relation avec Fioravante va être finalement très différente et elle va tous deux les transformer. Et là le film change alors clairement de ton puisque l’humour n’est plus recherché mais on prend plutôt le temps de voir cette relation se construire, sous les yeux d’un policier de la communauté juive, amoureux de la veuve, et qui ne sait plus bien quoi faire. Dans le rôle de cette veuve, Vanessa Paradis est vraiment pas mal et fait passer beaucoup d’émotions. Si je dis ça, alors qu’on ne peut pas dire que je sois son plus grand fan, c’est vraiment qu’elle joue bien… Son duo avec un Turturro plutôt bon lui aussi fonctionne parfaitement. Ils ne se disent presque rien mais beaucoup de choses passent entre eux.

 

En contrepoint, on retrouve toujours le personnage de Murray, qui, lui, est là pour faire tourner la machine à humour du long métrage. C’est évidemment Woody Allen qui interprète ce personnage, dans une sorte de parodie de lui-même et de ses propres films : il ne fait que parler tout le temps et essaie toujours de se sortir de toutes les situations à la parlotte. Ainsi, Apprenti gigolo est une sorte de film un peu double, qui avance toujours  avec ces deux aspects. Tout est en fait dans la différence que l’on remarque dès le début entre les deux personnages : l’un est volubile alors que l’autre est bien plus taiseux. Mais le souci majeur de ce film, c’est que ce que l’on peut considérer comme une comédie et l’autre côté plus dramatique ne se rencontrent pas vraiment mais on peut plutôt dire qu’ils ne font que cohabiter ensemble. Et, visiblement, John Turturro a un peu de mal à gérer au mieux cet aspect des choses. Il y a ainsi de vraies baisses de tension à certains moments, un manque global de tempo (alors que, pourtant, le jazz est omniprésent et devrait justement aider à rythmer davantage l’ensemble) et des moments moins intéressants que d’autres car s’intéressant à des détails parfois insignifiants. Il faut dire en plus que la mise en scène de Turturro ne propose rien d’exceptionnel et que certains éléments du scénario semblent un peu sortis d’on ne sait trop où… C’est dommage car c’est justement dans cette dualité au cœur même du film que se trouvaient la vraie originalité et l’intérêt d’Apprenti Gigolo. Il n’en reste pas moins que c’est un long métrage auquel il est difficile de ne pas trouver un certain charme, certes presque un peu désuet par moments, mais quand même…




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