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TimFaitSonCinema
Au début des années 90, le SIDA continue de faire rage. Act Up-Paris est un collectif qui fait tout pour se battre contre l’indifférence générale dans laquelle cette épidémie se déroule. Au sein de cette organisation, les liens se font et se défont entre les participants.
Verdict:

Lesté de quelques longueurs et d’une réalisation parfois surfaite, 120 battements par minute reste un beau film sur un sujet fort mais qui n’est jamais parvenu à me toucher, mis à part dans un dernier quart d’heure sensible. Je dois avouer que j’ai du mal à comprendre l’enthousiasme généralisé autour de ce long-métrage…

Coup de coeur:

Le dernier quart d’heure

La date de sortie du film:

23.08.2017

Ce film est réalisé par

Robin CAMPILLO

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


C’est assez drôle car l’un des premiers films dont je garde un véritable souvenir « critique » (et plutôt mauvais pour être honnête, mais j’étais « jeune ») est le long métrage de Robin Campillo, Les Revenants, sorti en 2004. A l’époque, c’est d’ailleurs la première fois qu’il passait derrière la caméra. Depuis, ce scénario a été adapté (avec succès) en série sur Canal+ et le réalisateur a plutôt travaillé comme scénariste et monteur, notamment pour Laurent Cantet. En 2013, il a sorti une nouvelle œuvre en tant que réalisateur, plutôt remarquée dans le milieu mais restée assez anonyme (et que je n’ai pas vu), Eastern Boys. Avec 120 battements par minute, Robin Campillo est pour le coup entré dans une autre dimension puisque ce film a beaucoup fait parler de lui. D’abord parce qu’il a été sélectionné au dernier Festival de Cannes (ce qui n’est pas donné à tous les films français) et, surtout, parce qu’il en a été l’un des événements principaux dans une compétition de l’avis de beaucoup franchement décevante. A l’issue de sa projection, les réactions ont en effet été presque unanimement positives et beaucoup de critiques voyaient déjà une nouvelle Palme d’Or pour le cinéma français. Finalement, ce ne fut « que » le Grand Prix (une sorte de médaille d’argent) mais la sortie du film était tout de même très attendue. D’ailleurs, je n’ai pas bien compris la date de première diffusion, à la fin du mois d’août, dans un certain anonymat de fin d’été. Les distributeurs doivent savoir ce qu’ils font… Personnellement, j’attendais vraiment de me faire une idée par moi-même car, finalement, ce long métrage avait toutes les caractéristiques pour provoquer un certain emballement de la critique, notamment du fait de son sujet, particulièrement fort. Et si 120 battements par minute ne m’a pas déçu, j’ai tout de même eu beaucoup de mal pour réellement m’enthousiasmer.

 

Et le pire, en fait, c’est que j’ai du mal à réellement me l’expliquer. En fait, pour dire les choses assez simplement, c’est un long métrage qui m’a laissé froid, si l’on excepte le dernier quart d’heure que j’ai trouvé particulièrement émouvant. Je ne lui ai rien trouvé de particulièrement marquant, que ce soit dans la réalisation ou dans ce qu’il raconte. La mise en scène de Campillo propose quelques jolies idées, des images marquantes et une certaine énergie s’en dégage, en écho aux combats menés par le collectif, mais j’ai trouvé que l’ensemble était parfois un peu surfait, avec des longueurs largement évitables. Pour ce qui est du sujet, il est évidemment à la fois louable et intéressant. Le combat contre le SIDA, et tous les préjugés qui vont avec, est encore d’actualité aujourd’hui et, en ce sens, ce film n’est pas seulement un témoignage historique mais parle encore aujourd’hui et garde en ce sens un aspect profondément politique. Et on peut être sûr que Robin Campillo est sincère quand il s’attaque à ce sujet puisqu’il a lui-même fait partie d’Act Up à cette époque, et que, d’une certaine manière, c’est son histoire et celle de ses proches amis morts au cours de cette période qu’il raconte à sa façon. Peut-être que l’aspect vraiment personnel de toute cette histoire pèse un peu sur le scénario puisqu’il empêche une certaine mise à distance, qui, dans ce genre de cas, me semble préférable. C’est par exemple le cas sur toutes les tensions qui traversent le mouvement et qui ne sont pas vraiment fouillées alors qu’elles me semblent vraiment nécessaires à creuser. De même, on ne voit qu’un seul point de vue sur cette lutte, ce que je trouve toujours gênant. Mais, je peux tout à fait comprendre que le réalisateur ressentait le besoin de raconter cette histoire lui-même dans un certain « devoir de mémoire ».

 

Pourtant, dans sa structure, ce film est loin d’être inintéressant, puisqu’il mêle de façon plutôt habile le collectif et l’intime. En effet, ce qui est évidemment au cœur du long métrage, c’est bien l’histoire du mouvementAct Up-Paris, qui s’est battu pendant des années pour que le SIDA, et surtout ses victimes, soit d’avantage reconnus par la société et les pouvoirs publics. Ce n’est pas pour rien si la toute première scène du film est en fait un rappel historique de ce collectif et de ses combats. Cette dimension militante est vraiment intéressante car elle interroge sur les formes, les batailles mais également les contradictions qui peuvent exister dans tout mouvement de ce type. Ainsi, on passe beaucoup de temps avec les membres d’Act Up en RH (les réunions hebdomadaires) qui se tiennent dans un amphithéâtre. Robin Campillo parvient à faire que toutes ces scènes ne soient pas répétitives même si le discours est parfois un peu trop didactique. Pourtant, on est dans le même lieu, avec les mêmes personnages, mais le scénario et la réalisation font que toutes ces scènes sont différentes. D’ailleurs, le réalisateur prouve là un certain talent pour filmer les discussions que Entre les murs, dont il était coscénariste, avait déjà démontré. Mais, à travers les histoires plus personnelles de ceux qui font partie de ce collectif, 120 battements par minute s’inscrit dans une veine davantage intime. On suit notamment l’histoire d’amour naissante entre Sean et Nathan. Si celle-ci est indissociable du combat qu’ils mènent et de la maladie (Sean est un « vieux de la vieille » séropositif alors que Nathan est nouveau et séronégatif), elle n’en reste pas moins une romance « banale » et en ce sens, plutôt belle car filmée à la bonne distance. C’est d’ailleurs grâce à elle que le film prend un peu de hauteur sur la fin pour nous offrir un dernier quart d’heure réussi et émouvant. Enfin, ai-je envie de dire !



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Fiz 13.09.2017, 21:58

Les scènes les plus fortes du film sont celles qui ont lieu dans l'amphi lors des réunions hebdomadaires: scènes très vivantes et intéressantes où l'on voit les discussions animées et les désaccords entre les membres d'Act Up,... c'est pour moi le point fort du film. Et d'accord avec toi pour dire que ces échanges assez vifs rappellent les scènes d'échanges très réussies du film "Entre les murs". Je trouve le film moins bon sur tout le reste (les actions militantes "chocs", les histoires intimes, les scènes crues,...).


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