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TimFaitSonCinema
Juin 1939, Frankiln Delano Roosevelt s’apprête à accueillir le premier voyage d’un souverain anglais sur le territoire américain. Mais au milieu de toutes ces femmes (sa mère, sa femme, sa secrétaire, sa maitresse), s’occuper de politique international est quelque peu complexe…
Verdict:
Ce Week-end royal est en tout point oubliable. En voulant insérer la petite histoire dans la grande, Roger Michell passe complètement à côté d’un sujet qui pouvait (et qui devait) être beaucoup mieux traité. C’en est même assez désespérant…
Coup de coeur:

Bill Murray, mais sans conviction…

La date de sortie du film:

27.02.2013

Ce film est réalisé par

Roger MICHELL

Ce film est tagué dans:

Biopic

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 La Critique


On peut se demander si cela ne commence pas à ressembler à une mode aujourd’hui chez les cinéastes : celle de s’intéresser à de petits moments d’histoire, et d’en faire des films. Alors que, globalement, depuis les débuts du cinéma, il y avait justement une volonté de plutôt voir les faits historiques d’un point de vue global, il semblerait qu’on assiste à un changement. Et s’il y a bien quelqu’un qui, depuis deux ans, intéresse plus particulièrement le cinéma, c’est bien George VI. En effet, ce dernier, qui a été Roi d’Angleterre pendant douze années au cœur du vingtième siècle, a une nouvelle fois droit à un film qui traite de l’un des épisodes de sa vie. On avait bien sûr pu le voir dans Le Discours d’un Roi, dont il était le personnage central, mais aussi dans W.E. de Madonna, qui traitait, lui, plutôt de son frère, Edouard (qui a abdiqué juste avant son couronnement pour vivre son histoire d’amour). Néanmoins, George, qui lui a succédé, avait aussi une place dans le film (et pas la plus reluisante, autant que je m’en souvienne). C’est encore sous un nouvel angle que Week-end royal s’intéresse au dernier Roi d’Angleterre (car, en 1952, à sa mort, c’est sa fille Elizabeth qui a hérité du trône et qui, depuis, ne l’a toujours pas quitté…). En effet, c’est à travers les yeux américains que l’on va (re)découvrir ce personnage. Et c’est le réalisateur Roger Michell qui s’y colle. Celui-ci s’est surtout fait connaître par la fameuse comédie romantique Coup de foudre à Notting Hill. Il faut bien avouer que, depuis, sa carrière est un peu plus confidentielle. Et ce n’est pas avec ce long métrage qu’il va se relancer, loin de là car Week-end royal est l’un des films les moins réussis que j’ai pu voir ces derniers temps.

Le projet de ce film est, pour la faire vite, de nous montrer la petite histoire (Roosevelt et les femmes) dans la grande (le destin du monde à l’aube de la deuxième guerre mondiale) et d’essayer d’établir une connexion entre les deux. C’est toujours un peu le même procédé qui est utilisé : ne pas faire un film uniquement historique, au risque d’être ennuyeux, mais l’agrémenter d’anecdotes moins connues et d’histoires plus croustillantes afin de créer une sorte de connivence entre les spectateurs et des personnages historiques un peu mythifiés avec le temps. Mais, ça ne fonctionne pas du tout… Là, ce sont les relations de Roosevelt avec les femmes qui sont au cœur du film. Il faut dire que le bonhomme est servi entre une mère autoritaire, une femme qui s’éloigne de lui autant que possible, une secrétaire avec qui les liens sont ambigus et cette cousine, venue au départ pour le divertir et avec qui la relation va au fil du temps évoluer. C’est d’ailleurs cette dernière, Daisy (Laura Linney, correcte, sans plus) qui va nous conter l’histoire plus intime de Roosevelt (un Bill Murray pas exceptionnel mais qui sauve tout de même un tout petit peu l’ensemble), celle censée intéresser davantage le spectateur. Je dis bien « conter » car, pendant tout le film, c’est bien une voix-off qui nous accompagne et, dans ce cas-là, on peut presque parler de cas d’école. Daisy raconte son histoire en introduisant les évènements qui vont suivre et ce procédé de narration revient tout de même assez souvent. A chaque fois, on a vraiment l’impression que c’est une « astuce » de scénario qui permet de cacher au mieux le manque d’idées et de continuité dans l’histoire. Deux trois phrases par ci-par là et ça permet de passer à autre chose tout gentiment, sans que le spectateur ne se rende compte de l’absurdité de l’enchaînement. Personnellement, je ne suis pas dupe…

Le premier quart d’heure, presque exclusivement narré par la voix-off est sans doute le pire du film. On y voit comment, peu à peu, la relation va évoluer entre Roosevelt et sa cousine pour terminer dans une séquence assez terrifiante tant la suggestion est mal amenée. Et tout y passe : musique à l’eau de rose (c’est une constante de tout le film), vues infinies sur les paysages de la campagne américaine (tournée en Angleterre, mais bon), petites allusions pas fines pour un rond,… C’est à la fois pittoresque et pitoyable. Il n’y a absolument aucune idée de réalisation. Tout a déjà été vu et revu un nombre incalculable de fois. Et la suite ne relève pas beaucoup le niveau, c’est le moins que l’on puisse dire. On reste dans un rythme étrange, où l’humour est beaucoup trop peu présent, même si l’arrivée du couple royal redonne un petit coup de fouet à l’ensemble. Mais le soufflé retombe malheureusement trop vite. Car, en voulant lier histoire et Histoire, le film se perd plus qu’autre chose. Il n’arrive pas à gérer le lien entre les deux. Au final, aucun de ces aspects n’est réellement intéressant et on peine véritablement à voir le rapport entre deux choses totalement différentes. En fait, très vite, l’histoire de cette cousine ne nous intéresse plus du tout et on est un peu plus intrigué par cette relation entre Roosevelt et le Roi. Une rencontre en tête à tête se profile mais, là encore, c’est la déception qui domine devant une séquence qui n’apporte pas grand-chose. La fin est bâclée comme si, une nouvelle fois, le scénario ne sachant plus trop où aller, il avait été décidé de couper au plus vite, avec trois phrases d’une banalité confondante en voix-off, comme on expédie les affaires courantes.

Le film veut montrer, entre autre, comment le destin de la deuxième guerre mondiale s’est joué au cours d’un week-end dans la résidence d’été du Président américain, notamment parce qu’il n’a presque pas été question de politique internationale mais plutôt de la façon d’établir une vraie amitié entre deux hommes, incarnation de leur pays respectif. Si cette visite a vraiment eu lieu, elle a aussi été précédée d’un passage par la Maison Blanche, ce qui n’est, historiquement parlant, pas anodin. Ensuite, il est aussi réel que la relation entre Roosevelt et George VI a joué un rôle au cours des années suivantes. Mais, le problème, c’est que, tel que montré dans ce film, c’est à une véritable réécriture de l’histoire à laquelle nous avons droit. D’après ce scénario, s’il n’y avait pas eu ce week-end, les Etats-Unis ne seraient jamais rentrés en guerre et venus se battre en Europe. Quiconque ayant fait un minimum d’histoire sait que les Américains se sont mis en ordre de bataille après avoir été attaqués sur leur sol par les Japonais (l’attaque de Pearl Harbor). Avant cela, ils étaient plus que réticents, week-end à Hyde Park ou non. Bref, ce n’est pas vraiment cela du point de vue historique… Ce n’est pas non plus forcément le rôle d’un film, je suis bien d’accord mais, lorsque l’on finit son œuvre par des phrases qui se veulent une explication historique, il est important d’être un tout petit peu exact dans ce que l’on raconte. Mais, au pire, si le reste était bon, ça pourrait passer. Mais là, ce n’est pas le cas du tout. Week-end royal est donc un raté dans les grandes largeurs.



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