Toggle navigation
TimFaitSonCinema
14 / 20  (0)

THE LUNCHBOX

Ila sent bien que son mari la délaisse. Pour essayer de le reconquérir, elle utilise sa cuisine et lui prépare de savoureux petits plats qui sont ensuite acheminés là où il travaille. Mais elle se rend compte un jour qu’ils ne lui arrivent pas mais que c’est plutôt à un vieil homme solitaire qui les mange. Entre eux, une relation singulière va naître…
Verdict:
Un film savoureux, doux comme un curry de poulet bien cuisiné et parfaitement interprété. Il manque un peu d’épices – dans la réalisation et le scénario – pour en faire un long métrage vraiment réussi. Mais on reprendrait quand même bien une louche de cinéma indien comme celui-ci.
Coup de coeur:

Irfan Khan

La date de sortie du film:

11.12.2013

Ce film est réalisé par

Ritesh BATRA

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

Chargement...


 La Critique


Des « vrais » films indiens ne sortent pas si souvent que cela chez nous et on garde une image assez « fantasmée » de ce qu’est le cinéma là-bas : les comédies à l’eau de rose produites par Bollywood et ponctuées par des chants et des danses en tout genre. Dernièrement, des films anglo-saxons se sont aussi intéressés à ce grand pays aussi fascinant que complexe à saisir dans sa globalité, que ce soit sur le ton de la pure comédie (A bord du Darjeeling Limited), celui du drame un peu décalé (Slumdog Millionaire) ou encore celui du ratage total (le terrible Trishna). Chacun à leur manière, ils parlaient (plus ou moins bien) de ce pays-continent. Mais c’était toujours avec un regard extérieur. C’est pourquoi, quand un long métrage provenant réellement d’Inde arrive jusqu’à nos yeux, il est absolument nécessaire d’en profiter. Il faut dire que le premier film de ce réalisateur (qui a été élevé au cinéma aux Etats-Unis) a été en partie produit grâce à des fonds français et allemands et qu’il a en outre bénéficié de l’aide du fameux festival de Sundance. C’est donc d’une certaine manière un film qui est appelé à s’ouvrir sur l’international et qui n’est pas uniquement centré sur le marché indien. D’ailleurs, il est bien loin des clichés évoqués plus haut (pas de danse notamment, ce qui n’est au fond pas plus mal). Lors de sa projection au Festival de Cannes, il a rencontré un grand succès et, encore aujourd’hui, lors de sa sortie, il fait un véritable tabac, que ce soit en Inde ou à l’international. On peut dire qu’il le mérite car, sans être extraordinaire, c’est un long métrage qui réussit à instiller une petite musique pas désagréable. C’est vraiment le genre de films dont on ressort heureux même si ce n’est pas un feel good movie traditionnel.

C’est justement dans une certaine singularité que se trouve le charme de The Lunchbox. D’ailleurs le « charme » est sans doute le terme qui convient le mieux pour décrire ce film. En effet, il a quelque chose d’excessivement doux et sympathique, voire même presque irréel, tant cette histoire d’amour épistolaire semble à la fois improbable mais aussi très jolie. Entre Ila, jeune femme qui voit sa vie devenir de plus en plus morne et Saajan (un Irfan Khan, excellent), en fin de carrière et un peu rugueux sur les bords, notamment depuis les décès de sa femme, ce sont aussi deux mondes, deux générations et deux façons de voir la vie qui se rencontrent grâce au simple échange de lettres. Vont-ils finalement se voir pour de vrai ? Je ne vous le dis pas même si je dois signaler que la fin est très jolie et clôt le film là où il doit l’être. Je dis suffisamment quand il y a cinq ou dix minutes de trop pour que je ne fasse pas la remarque inverse si besoin. Toute cette relation finalement assez étrange donne réellement sa singularité à un film qui réussit à séduire dans la façon subtile dont il met en scène cette histoire et dont, volontairement, il ne la précipite pas mais l’accompagne plutôt. En plus, un personnage assez incroyable vient rompre cette relation (il débarque souvent quand Saajan lit les lettres) : c’est celui de l’apprenti qui est appelé à remplacer Saajan et qui, lui aussi, est une figure encore totalement différente. Très expressif et motivé, il bouscule le quotidien ordonné de son collègue et va peu à peu nouer une relation singulière avec celui-ci, alors que ce n’était pas forcément gagné au début. Un quatrième personnage est aussi très présent sans qu’on ne le voit une seule fois : il s’agit de la voisine d’Ila (la fameuse Auntie), qui lui sert de confidente et de conseil. Je trouve que c’est une idée assez extraordinaire de donner autant d’importance à une simple voix.

The Lunchbox donne aussi une formidable vision sur la ville de Bombay, où se déroule toute l’action, presque de manière documentaire. On la voit à la fois grouillante mais aussi, d’une certaine façon, très ordonnée, avec ce système fascinant de livraison des repas dont j’ignorais totalement l’existence et qui est pourtant l’une des fiertés de la ville (seulement un repas sur un million n’arriverait pas à son destinataire). C’est à l’image d’une Inde de contrastes que Ritesh Batra arrive tout à fait à saisir, parfois de manière presque imperceptible. D’ailleurs, dans sa mise en scène, il insiste beaucoup sur des éléments répétitifs qui sont justement constitutifs à part entière de cette Inde d’aujourd’hui mais qui, d’une certaine façon, servent aussi l’histoire. En effet, tous les trajets (notamment des fameuses lunchbox que l’on voit dans le train, puis lors de leur distribution) sont en fait le lien entre les deux personnages principaux et leur manière de la continuer. Malgré tout son charme, The Lunchbox ne parvient jamais à être un vrai grand film, notamment à cause de quelques longueurs au cœur du film mais aussi de certaines faiblesses de scénario et de mise en scène. L’ensemble manque en effet sans doute un peu de finesse dans la façon de montrer les personnages, assez caricaturaux, notamment ce vieil homme solitaire et un peu acariâtre sur les bords et, surtout, leur évolution. On le voit refaire les mêmes choses qu’au début du film (discuter avec des enfants notamment) avec un résultat très différent car son histoire épistolaire l’a changé. Tout cela aurait pu être montré avec plus de délicatesse et de manière moins évidente. Mais, tout de même, il y a quelque chose dans ce long métrage qui fait que l’on s’y attache et qui donne à cette histoire d’amour épisto(cu)l(in)aire un charme singulier. Et l‘envie de manger indien !



 Rédiger Un Commentaire