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TimFaitSonCinema
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TÉLÉ GAUCHO

Victor rêve de faire du cinéma. Alors qu’il obtient un stage avec une présentatrice de télé à la mode, il est en même temps embauché chez [i]Télé Gaucho[/i], chaîne de quartier dont les membres veulent révolutionner le paysage audiovisuel français.
Verdict:
Beaucoup trop brouillon, ce long-métrage se caractérise surtout par son aspect étonnamment braillard et bordélique. Les acteurs en font tellement que ça devient plus agaçant qu’autre chose. Grosse déception.
Coup de coeur:

J’ai vraiment du mal à trouver

La date de sortie du film:

12.12.2012

Ce film est réalisé par

Michel LECLERC

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


C’est drôle comme, en un peu plus d’un mois, le cinéma français nous offre deux films qui semblent former deux faces d’une même pièce. Ils se ressemblent de façon assez curieuse même s’ils ne sont pas abordés du tout de la même manière. C’est surtout leur aspect intimement autobiographique qui les rapproche, ainsi que leur façon d’aborder la problématique politique. Alors qu’Olivier Assayas, dans Après mai, montrait le désir de révolte chez la jeunesse au tout début des années 70, Michel Leclerc décide lui aussi de nous parler d’une expérience personnelle : celle de sa participation à une télé libre (la vraie Télé bocal) au cœur des années 90. Dans les deux cas, le réalisateur se met dans la peau d’un jeune acteur pour nous conter ses aventures, plus ou moins joyeuses. Pour Assayas, c’est plutôt la forme du drame qui est utilisée alors que chez Michel Leclerc, c’est beaucoup plus léger et donc on a affaire à une comédie. Il faut dire que le réalisateur s’y connaît puisqu’il a offert en 2010 l’une des petites surprises de l’année avec le lunaire Le nom des gens, comédie politico-sentimentale très bien troussée, inventive et parcourue de vrais moments réussis. Là, c’est beaucoup malheureusement plus compliqué et il nous donne à voir un film complètement foutraque et par moments plus bâclé qu’autre chose.

En voulant nous raconter une partie de sa vie, le réalisateur nous emmène dans un univers que je ne connaissais pas du tout, celui des télés associatives, sortes d’héritières idéologiques des radios pirates. Et c’est un peu un monde à part, il faut bien le dire. D’ailleurs, les locaux de cette télévision se trouvent à Paris, mais au fond d’une impasse, dans un hangar autour duquel on trouve toute sorte de personnes plus ou moins louches (au sein du personnel de la télé aussi d’ailleurs). C’est Victor qui nous fait rentrer dans ce monde, un peu par hasard, et on le découvre à travers ses yeux mais aussi sa voix. En effet, la voix-off est beaucoup utilisée (et j’ai tendance à penser que c’est la voix de Michel Leclerc lui-même) et permet d’opérer une forme de distanciation sur ce qui se passe devant nos yeux. Procédé classique qui est aussi utile pour faire des ellipses narratives. Pour le coup, dans Télé Gaucho, c’est difficile de vraiment évoquer cette question précise puisque de narration, il n’y en n’a pas vraiment. On retrouve certains marqueurs de scénario important qui permettent une trame générale mais, autour de cela, c’est le chaos le plus complet. Et on ne peut même pas parler de chaos organisé. Non, c’est le bazar, tout simplement.

Car ce qui caractérise sans doute le plus Télé Gaucho (à la fois en tant que film, et chaîne de télé, d’ailleurs), c’est son aspect incroyablement bordélique. Ça part dans tous les sens, tant au niveau du scénario que de la mise en scène. Forcément, on me dira que ça montre une expérience de vie qui était en elle-même complètement foutraque, et que donc, il est d’une certaine façon logique que le film retraçant cette aventure le soit tout autant. C’est un point de vue qui se défend mais, tout de même, on n’est pas obligé d’en faire autant et ce n’est pas une raison pour autant négliger certaines séquences et le scénario dans son ensemble. J’irais même à penser qu’un tel projet exige justement une vraie rigueur pour rendre l’ambiance véritable. Là, tout le monde crie tellement dans tous les coins que l’on n’y comprend plus grand-chose, si ce n’est que c’est un capharnaüm complet. Et, le plus dommageable, c’est qu’au bout d’un moment, le spectateur n’a plus envie de suivre cette bande de pieds-nickelés télévisuels, tellement leur façon de fonctionner et la manière dont elle nous est montrée, est agaçante. Ils ne sont même plus attachants…Tout est tellement too much qu’on commence vite à ne plus y croire (voire la façon dont est traitée la « méchante » du film) et, donc, à décrocher trop rapidement. De plus, certains passages du scénario sont vraiment écrits par-dessus la jambe et réalisés à l’avenant.

Et ce qui est peut-être le plus dommage, c’est la façon dont sont utilisés les acteurs. Il y a déjà le problème des personnages secondaires qui sont plus insignifiants qu’autre chose. Ils font toujours la même chose et des blagues à répétition, tout cela en étant quelque peu « ostracisé » par un scénario qui ne leur donne pas du tout une part importante. Il y avait pourtant peut-être moyen de creuser de ce côté-là pour « stabiliser » un peu un script bancal et brouillon. Mais, en plus, ce ne sont même pas les acteurs principaux qui sauvent l’ensemble. Felix Moati (fils de) ne fait pas passer grand-chose et il est, globalement, plus décevant qu’autre chose, si ce n’est que c’est le seul qui ne passe pas son temps à vociférer et à s’emballer. Après, il y a Maïwenn qui, elle, pour le coup ne cesse jamais de crier (mais vraiment, ce n’est pas pour rire) alors c’est très vite extrêmement fatigant… Enfin, Michel Leclerc avait réussi à réunir les deux comédiens lauréats du César de la meilleure interprétation en 2011 avec d’un côté Sara Forestier (qui l’avait justement gagné avec le précédent film du réalisateur) et Eric Elmosnino. Ce dernier est sur le principe drôle dans son côté mégalo, hâbleur et un peu truand sur les bords, mais pareil, au bout de vingt minutes sans changer de registre, on s’en lasse… Sara Forestier, elle, campe une jeune fille assez peu douée et complètement « hors du monde ». Elle en fait des tonnes et des tonnes, au point de complètement déréaliser son personnage et de le rendre bien plus énervant qu’attachant. Symbole d’un film qui, à force d’en rajouter, se perd plus qu’autre chose et qui n’est pas sauvé par grand-chose.



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