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TimFaitSonCinema
2031, la Terre n’est plus qu’un vaste glacier. Les derniers survivants vivent dans un train qui parcourt le monde en ne s’arrêtant jamais. Celui-ci est divisé en classes avec, à l’avant, les privilégiés et à l’arrière, ceux qui n’ont presque rien et qui sont condamnés à survivre. Mais la révolte n’est pas loin…
Verdict:
Un film assez impressionnant par moments mais où la structure générale et certains passages plombent en partie l’ensemble. On se prend quand même une sacrée claque visuelle. C’est dommage que ça ne suive pas vraiment au niveau du scénario…
Coup de coeur:

Le style de certains passages

La date de sortie du film:

30.10.2013

Ce film est réalisé par

Bong Joon HO

Ce film est tagué dans:

Film d'action

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 La Critique


Et si Snowpiercer était le symbole d’une certaine mondialisation du cinéma ? En effet, c’est un réalisateur Sud-coréen qui adapte une bande-dessinée écrite par des Français (il y a plus de trente ans) avec, dans les rôles principaux une grande majorité d’acteurs anglo-saxons, le tout étant tourné dans des studios situés en République Tchèque… En même temps, pour un film qui raconte l’histoire d’un train qui sillonne inlassablement le monde (un tour de 480000 km environ en un an) avec, à son bord, des survivants issus de tous les continents, ça a finalement une certaine logique… Le metteur en scène, donc, s’était fait connaître en occident d’abord avec Memories of Murder et, surtout, grâce à The Host, carton dans son pays mais aussi reconnu à travers le monde comme un film vraiment important, tant pour son côté spectaculaire que pour la critique politique qui était sous-jacente. Là, il prend en main un gros projet (et le plus gros budget de l’histoire du cinéma coréen), qui est donc international puisque financé conjointement par la Corée du Sud, les Etats-Unis et la France. Je n’ai jamais lu la bande-dessinée dont s’inspire le film (je ne crois pas que ce soit une adaptation très fidèle) mais elle figure, à ce que je sais, en bonne place dans les bons récits d’anticipation et de science fiction. Il faut dire que Bong Joon Ho arrive à en tirer un scénario qui fait la part belle à de nombreuses thématiques extrêmement contemporaines. Sous des airs de film d’action un peu bourrin sur les bords, Snowpiercer est surtout un long métrage de science-fiction qui, à sa manière, interroge le monde actuel et ses problèmes. Cela donne un résultat parfois assez étrange puisqu’on a l’impression que le réalisateur ne sait plus trop véritablement quoi faire de son long-métrage. L’ensemble procure un certain plaisir mais aussi quelques réserves…

Le film débute par l’explication de cette ère glaciaire. C’est en fait la conjoncture du réchauffement climatique et de la folie scientifique (un gros raté en fait) qui a conduit à la situation telle qu’elle est. Premier thème abordé : l’écologie. Mais celui-ci sera finalement assez vite balayé par celui qui apparaît comme le principal. En effet, à travers l’image de ce train, ce sont aussi les problèmes d’une société compartimentée et où aucune ascension sociale n’est possible qui sont dénoncés. Ainsi, ce n’est pas vraiment le train en lui-même qui importe ici (son avancée est irrémédiable et rien ne peut l’arrêter, pas même des blocs de neige sur la voie) mais plutôt la succession de wagons qui sont autant de passages vers un « monde meilleur ». Le souci, c’est que cet aspect est un peu trop surligné pendant tout le film. Au bout d’un moment, on a compris que le train était une métaphore du monde actuel et on n’a pas besoin de le ressentir à chaque nouvelle séquence… En plus, le discours « politique » est un peu pontifiant et tellement stéréotypé qu’il perd de la force qu’il aurait pu avoir. C’est notamment le cas vers la fin où une rencontre décisive a lieu (je n’en dis pas plus même si ce n’est guère surprenant) et où le dialogue est vraiment décevant car il est finalement très plat et, là où on pouvait espérer quelque chose de fort, et bien, on est plutôt déçu… C’est même pire que ça car on aurait voulu voir certains éléments qui sont racontés et qui auraient vraiment pu être intéressants. Ce n’est donc pas l’aspect « politique » ou plutôt « sociétal » du film qui est le plus réussi et c’est dommageable car l’idée de base aurait pu être, en étant mieux exploitée, le terreau de vraies problématiques.

Pendant presque deux heures, on va en fait suivre l’avancée progressive d’un groupe de révolutionnaires. Celui-ci est mené par Curtis et il se réduit au fur et à mesure qu’il franchit les différents wagons. En ce sens, la structure du film fait un peu penser à un jeu vidéo où les portes sont autant de niveaux à atteindre et où les difficultés augmentent peu à peu. Il y a de vraies ruptures de rythme (avec des passages presque contemplatifs) mais l’ensemble a un côté un peu trop formaté pour ne pas finir par être trop redondant. La dernière demi-heure, où se concentrent tous les enjeux, est, elle, un peu étrange car tout s’embrouille et on ne sait plus bien ce qu’il se passe réellement… Il n’empêche que dans cette avancée, certaines séquences sont vraiment marquantes et des passages en particulier sont même complètement dingues visuellement. Il faut dire que le réalisateur n’hésite pas à styliser à l’extrême, parfois jusqu’à l’overdose. La violence est ainsi très importante (forcément car c’est une vraie lutte) et les scènes de combat en tout genre filmées avec beaucoup de soin et dans des styles différents. Certaines sont plus fortes que d’autres mais, dans l’ensemble, elles sont quand même réussies. On trouve aussi certains passages un peu ridicules, notamment quand des personnages censés être morts se réveillent on ne sait trop comment pour continuer à combattre. Parfois, on se demande même si le scénario ne tombe pas dans le surréalisme de façon assumée. Mais Snowpiercer sait aussi ménager une certaine dose d’humour, bien que celui-ci soit plus grinçant qu’autre chose. Il est notamment apporté par cette femme jouée par une étonnante Tilda Swinton et qui en fait tellement qu’elle apporte un grotesque à la fois amusant mais qui fait aussi peur tant il incarne une vision exacerbée d’un certain totalitarisme. Oscillant toujours entre film d’action musclé et stylisé, long métrage « politique » un peu pataud et œuvre de science-fiction, Snowpiercer, sans être une vraie réussite, n’en reste pas moins un objet par moments fascinant et dans l’ensemble pas inintéressant.



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