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RENOIR

Andrée, jeune femme, vient se proposer pour devenir modèle du grand peinte Auguste Renoir. Mais en entrant dans la famille, elle rencontre aussi Jean, blessé au cours de la guerre et qui va se découvrir une vocation de cinéaste.
Verdict:
Sur un projet ambitieux, le film se perd un peu trop pour être réussi. L’esthétique très picturale n’est pas une mauvaise idée mais le rythme est trop lent pour donner vraiment vie à tout le long-métrage…
Coup de coeur:

Michel Bouquet

La date de sortie du film:

02.01.2013

Ce film est réalisé par

Gilles BOURDOS

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Renoir, c’est un nom intimement lié à l’art français de la fin du dix-neuvième siècle au début du vingtième. C’est une famille qui a donné au pays l’un de ses plus grands peintres et l’un de ses plus fameux cinéastes, rien que ça. Et c’est à la période charnière où les destins se croisent que Gilles Bourdos (réalisateur du plutôt décrié Et après) s’attaque. Son projet de Gilles Bourdos est, au premier abord, assez compliqué : montrer en même temps la fin de vie du peintre Auguste Renoir, le début de la vocation de son fils Jean, devenu par la suite l’un des plus grands cinéastes au monde, et tout cela à travers les yeux d’Andrée Heuschling qui fut le dernier modèle de l’un et la première muse de l’autre. C’est sur le papier tout de même assez costaud – représenter au cinéma la vie d’un peintre et d’un cinéaste, ça parait être une idée un peu folle. Et je me disais que ça pouvait donner quelque chose d’assez enthousiasmant si c’était réussi. Mais on a l’impression que le réalisateur s’y perd un peu, tiraillé qu’il est dans ce trio aux relations complexes. Et son film perd beaucoup de sa force et de l’intérêt qu’il pouvait avoir.

C’est en fait cette Andrée qui est au cœur du film puisque c’est elle qui créé le lien entre les deux Renoir qui semblent en compétition pour cette jeune fille plutôt sûre d’elle. S’installe alors une drôle de relation à trois, avec aussi, en plus mais sans que ce soit plus développé que cela, le deuxième frère, qui semble un peu délaissé par tout le monde. Mais on ne comprend pas toujours ce qui se passe véritablement entre eux trois, le film étant par moments très (trop, sans doute) elliptique. Il rate un peu son objet premier : celui de montrer la manière dont cette jeune femme a bouleversé beaucoup de choses dans la vie de deux générations de Renoir, notamment en se perdant un peu trop dans la vie de cette maison provençale où le nombre de servantes est incroyable. Selon moi, il y avait la possibilité et le besoin de beaucoup plus se recentrer sur les trois personnages principaux et de moins se disperser. Michel Bouquet, dans ce rôle de patriarche, est une nouvelle fois exceptionnel. Il est si rare que c’est un vrai plaisir de le voir évoluer. J’ai par contre beaucoup moins été convaincu par les deux jeunes acteurs, notamment dans leur façon de s’exprimer qui fait, selon moi, beaucoup trop moderne : entre une Christa Théret avec qui j’ai de plus en plus de mal et un Vincent Rottiers beaucoup trop effacé pour donner une vraie consistance à son personnage, j’ai été bien plus déçu qu’autre chose…

Par contre, là où le film est intéressant, c’est dans sa façon d’être construit comme une succession de véritables tableaux. C’est surtout vrai dans une première moitié qui s’inscrit tout à fait dans cette réalité : la caméra bouge très lentement, de façon presque imperceptible et nous fait découvrir peu à peu ce que l’on veut voir dans son ensemble, comme un œil qui scrute attentivement une œuvre picturale. C’est un procédé qui n’est pas une mauvaise idée, mais qui, à la longue, devient un peu fatiguant. Surtout que, parfois, ça se justifie vraiment (paysages naturels magnifiques, natures mortes dans la cuisine) et parfois beaucoup moins (choses beaucoup plus banales), ce qui fait perdre un peu de sa « magie » au procédé, que l’on voit comme systématique et non plus comme véritablement symbolique d’une dimension picturale. Certaines séquences en deviennent donc un peu barbantes… La musique qui se surajoute à tout cela est plutôt dans le ton même si on sent que Desplat ne s’est pas non plus trop foulé sur cette affaire-là. C’est plus du vite fait bien fait qu’autre chose. Mais bon, avec lui, ça suffit souvent largement…



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