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TimFaitSonCinema
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PARKLAND

Le 22 Novembre 1963, à Dallas, John Fitzgerald Kennedy, Président des Etats-Unis, est mortellement touché par un tir de fusil alors qu’il parade dans la ville. Il est emmené très rapidement au Parkland Hospital… Là vont se cristalliser de très nombreux enjeux…
Verdict:
Avec une ambition beaucoup trop importante pour un tel projet, Parkland se perd très vite dans le trop plein de personnages et d’histoires parallèles. En plus, la réalisation est particulièrement lourde et ne fait rien pour sauver le film. Si le projet n’était pas bête, la mise en œuvre n’est pas réussie…
Coup de coeur:

Billy Bob Thornton, mais bon…

La date de sortie du film:

02.10.2013

Ce film est réalisé par

Peter LANDESMAN

Ce film est tagué dans:

Drame historique

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 La Critique


Quand pour son premier film de fiction, on s’attaque à un événement aussi « mythique » que l’assassinat de Kennedy, c’est que, fondamentalement, on n’a pas vraiment froid aux yeux. On pourrait donc le dire de Peter Landesman, un ancien journaliste qui avait déjà réalisé il y a six ans un documentaire. Il se base pour cela sur un livre écrit par un célèbre procureur, Vincent Bugliosi, et considéré comme l’un des plus documentés sur cette affaire hors normes. En effet, tout le monde a vu les images de ce qui est l’un des assassinats les plus incroyables du vingtième siècle ou, en tout cas, l’un de ceux qui a fait le plus de bruit. D’ailleurs, depuis, de multiples thèses liées à cet événement se contredisent et reviennent sur la table : était-ce un tueur isolé ? Le coupable désigné était-il vraiment le tireur ? Ne s’agissait-il pas d’un vaste complot ? Depuis cinquante ans maintenant, tous ceux qui aiment les théories en tout genre (plus ou moins farfelues) s’en donnent à cœur joie. Et pour les personnes intéressées uniquement par cet aspect de l’histoire, autant le dire tout de suite, elles seront particulièrement déçues par Parkland. L’objet de ce film, c’est plutôt de donner le point de vue de nombreux personnages qui ont vécu cet événement d’une manière ou d’une autre et de montrer comment, dans les heures et les jours qui ont suivi, cela a pu profondément les bouleverser. Un tel projet n’est pas inintéressant sur le principe mais il comporte de nombreux dangers, notamment celui de rester très superficiel et de ne pas aller véritablement au fond des choses. Quand j’ai vu que le film dépassait à peine l’heure et demie, mes craintes se sont renforcées et, de fait, je n’ai pas été tant surpris que cela devant ce qui m’était proposé. Et le mot qui me vient à l’esprit pour décrire ce film est assez simple : décevant.

Le début de Parkland est particulièrement terrible et réussit à mêler deux choses avec lesquelles j’ai énormément de mal au cinéma. La première est une spécialité du film choral : le côté « grande présentation » de tous les personnages que l’on va suivre pendant le long métrage. Là, ça se fait entre trente secondes et une minute par protagonistes, avec, en sous-titres, nom et profession. Et le pire, c’est que ça dure quand même longtemps car on a droit à au moins dix histoires différentes qui vont s’entremêler (toutes n’ont pas non plus la même importance). Tout cela est tellement artificiel (en quelques plans, on doit faire comprendre au mieux qui sont les personnages) que c’est assez terrible. En plus, là, il faut réellement se concentrer car, à la vitesse où ça va, on se dit que, si on ne veut pas être perdu très vite, il est préférable de retenir tout le monde au plus vite. Le deuxième souci vient du lien entre images d’archives et images tournées. Puisque le film se base sur une histoire qui s’est vraiment déroulée et qu’il veut garder un côté assez réaliste, il n’hésite pas à insérer de nombreuses vidéos d’archives de ce voyage présidentiel au Texas et plus particulièrement à Dallas. Tant que c’est fait par exemple à travers des écrans de télévision, ça va encore mais, là, on a vraiment droit aux séquences qui combinent images d’archives (pas restaurées) et prises de vue fictives de bonne qualité. Personnellement, ça me fatigue toujours de voir ce mélange, d’abord parce qu’il n’est pas agréable visuellement et, surtout, parce qu’il me semble illogique du point de vue de la structure même du film et de ce que le réalisateur souhaite vraiment faire. Ça met une confusion vraiment inutile. Donc, autant dire que les dix premières minutes ont été particulièrement terribles pour moi. Ça s’améliore un peu par la suite, mais pas autant que j’aurais pu l’espérer, et c’est bien le problème…

Le film débute véritablement quand les coups de feu abattent le Président et que celui-ci est transporté dans un hôpital où personne n’est véritablement prêt à recevoir la personne la plus importante au monde dans un très sale état et déjà quasiment mort. Débute alors une très longue séquence « médicale » assez compliquée pour moi (je déteste ce genre de scènes) mais qui est marquée par une volonté du réalisateur de donner un style particulier avec une caméra qui bouge énormément et un montage très nerveux. Cela traduit bien entendu l’effervescence qui règne dans la pièce remplie par les services secrets, le FBI, les équipes du Président, le corps médical, Jackie Kennedy elle-même,… Et pendant tout ce temps, on voit aussi l’homme qui a filmé par hasard les événements, le frère du premier accusé, la police d’Etat,… Bref, ça part un peu dans tous les sens et ça sera comme cela jusqu’à la fin du film puisque les histoires se suivent et leur enchaînement ne faiblit à aucun moment. Si, lors de certaines séquences, le rythme se ralentit un peu, c’est bien le côté extrêmement cadencé de la suite des personnages qui l’emporte. Ce qui est alors dommage, c’est que, en passant si peu de temps sur chacun des protagonistes, tout ou presque est mis sur le même plan. Ainsi, on retiendra le dialogue assez fort entre Oswald et son frère, autant que le fait que les services du Président aient du scier une cloison de l’avion pour faire rentrer le cercueil dans celui-ci. En fait, tout devient presque anecdotique et, au bout d’un moment, finit par perdre de son sens premier et ça devient donc beaucoup moins intéressant.

Parkland, en rendant presque anecdotique cet assassinat spectaculaire, a au moins le mérite de ne pas se prononcer sur les controverses liées à ce meurtre et donc de ne pas relancer d’éternels débats de façon trop claire. Il s’en tient à la thèse officielle (Lee Harvey Oswald était un tueur isolé) et ne va pas chercher la polémique. Mais c’est aussi, paradoxalement, le souci de ce film qui, finalement, ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à montrer des petits moments que certains ont pu vivre et qui va les bouleverser à jamais (d’ailleurs, la fin du film nous explique ce que chacun des protagonistes essentiels est devenu après ces quatre jours fatidiques). A force de multiplier les points de vue, il est évident que l’ensemble devient beaucoup trop fouillis et que ce sont les petites histoires dans la grande que l’on retient. Peter Landesman ne fait pas non plus preuve d’une extrême finesse à la réalisation en insistant beaucoup trop sur les émotions des personnages, joués par des acteurs qui, pour la plupart, en font des tonnes. La musique est en plus omniprésente et souligne le tout de façon prononcée. S’il devait y avoir un protagoniste à sauver, ça serait ce chef des services secrets de Dallas, interprété par un Billy Bob Thornton glaçant. On sent bien que cet homme se sent coupable de ne pas avoir vu venir le coup et qu’il essaie de se rattraper comme il peut. Le film aurait pu se concentrer sur lui au lieu de trop papillonner et de se perdre finalement. Sur la durée du film (très courte quand on pense au projet), je suis finalement partagé car, s’il avait été plus long, il aurait sans doute pu gratter un peu en dessous du vernis présenté ici mais, en même temps, une demi-heure de plus dans ce style m’aurait peut-être achevé. Donc, finalement, ce n’est pas plus mal.



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