Toggle navigation
TimFaitSonCinema
13 / 20  (0)

MÖBIUS

Alice est une surdouée de la finance qui travaille dans la banque monégasque d’un riche homme d’affaires russe. Elle est recrutée par les services secrets russes pour surveiller ce dernier. Lorsqu’elle rencontre Gregory, le chef de cette mission, les évènements vont prendre une autre tournure.
Verdict:
Vrai-faux film d’espionnage, Möbius ne trouve jamais véritablement son rythme tout en conservant une ambiance assez sombre. Ce n’est pas forcément déplaisant mais, parfois, on aurait peut-être envie d’autre chose. Cécile de France et Jean Dujardin, eux, font le job.
Coup de coeur:

Le personnage d’Alice

La date de sortie du film:

27.02.2013

Ce film est réalisé par

Eric ROCHANT

Ce film est tagué dans:

Film d'espionnage

Chargement...


 La Critique


Eric Rochant, cinéaste qui a connu très vite le succès au début des années 90 (César du meilleur premier film en 1990 pour Un monde sans pitié) avait quelque peu délaissé le cinéma depuis plus de dix ans, si ce n’est une comédie sans trop d’intérêt au premier abord (L’école pour tous). Il s’était plutôt tourné vers la télévision avec la réalisation de nombreux épisodes de la série Mafiosa sur Canal+. Cela lui a visiblement redonné envie de retrouver le grand écran. Et pour cela il s’attaque à un projet assez ambitieux avec deux têtes d’affiche renommées chez nous, à savoir Cécile de France, assez discrète ces derniers temps (pour cause de grossesse, je crois), et surtout Jean Dujardin, dont c’est le vrai retour au cinéma, exactement un an après son Oscar du meilleur acteur obtenu en 2012. Eric Rochant signe aussi le scénario d’un film qui a tout, sur le papier, pour être un vrai film d’espionnage avec des agents russes, l’univers trouble de la finance (surtout à Monaco) et la CIA par-dessus le marché. C’est bien le cas mais pas que, et c’est pourquoi Möbius est un film assez particulier, qui ne m’a ni vraiment plu ni vraiment déplu. Pour moi, ce long métrage est donc ce que l’on peut appeler un film moyen qui se laisse regarder mais que je pourrais bien avoir oublié dans une semaine ou deux…

En fait, ce qui est assez déroutant dans Möbius, c’est que c’est bien plus un long métrage sur la passion amoureuse qu’un vrai film d’espionnage. Bien sûr, on peut dire que cette histoire d’amour entre deux personnes donne une dimension supérieure à tout le scénario. En effet, Gregory et Alice devraient se fuir et même ne jamais véritablement se rencontrer puisqu’ils sont tous deux impliqués à des degrés divers dans tout le processus d’espionnage. Le fait qu’ils tombent amoureux complique nécessairement la donne. Mais la manière dont est construit le scénario et la façon dont il est mis en scène nous indique que c’est bien ce couple qui est au cœur du film. Leurs scènes d’amour sont les véritables climax du film. D’ailleurs, le réalisateur prend bien le temps pour les tourner, ce qui donne à ces séquences un aspect un peu étrange, puisqu’elles sont à la fois très intenses et presque déréalisées. Mais Eric Rochant veut bien insister sur le fait que là se trouve bien la clé de son film, et non autre chose. D’ailleurs, j’ai tendance à penser que la première séquence (la plus longue), intervient à peu de choses près au milieu du film, preuve supplémentaire de l’importance qui lui est accordée. Autour, le scénario mêle de façon parfois un peu désordonnée des questions financières, politiques et diplomatiques. On ne s’y retrouve pas toujours et c’est en fait bien l’histoire d’amour entre deux protagonistes clés de cette affaire qui est le vrai fil conducteur et qui va tout faire basculer dans les enquêtes qui sont menées. Dans l’ensemble, on peut dire que le côté « espionnage » du film n’est pas forcément très réussi.

Möbius aborde aussi la question des malversations financières, mais de façon très succincte. Il faut dire que, sans explications qui peuvent ressembler à un cours d’économie, rentrer dans ce genre de problématiques s’avère souvent compliqué pour le commun des mortels. Là, même en spectateur pas forcément connaisseur, on comprend rapidement les rouages et ce n’est donc pas un problème. Par contre, ce qui en est un peu plus, ce sont les quelques longueurs qui parcourent ce film. En effet, à certains moments, on s’ennuie un peu trop pour un film d’espionnage, notamment parce que le réalisateur ne gère pas toujours bien la question du rythme. Le tout se déroule finalement à vitesse réduite et il y a peu ou pas de suspense, et presque pas d’action, si ce n’est une petite scène de bataille dans un ascenseur (classique et pas forcément très bien tournée, qui plus est). C’est tout de même assez étrange, tout comme cette idée de faire d’Emilie Dequenne un agent russe. Elle est vraiment très peu crédible et plombe un peu l’ensemble. Enfin, la force du scénario ne repose pas sur les dialogues, c’est le moins que l’on puisse dire. Ils sont même parfois un peu limites. Ce qui semble important pour Rochant, c’est l’ambiance qu’il donne à son film car, dans l’ensemble, le tout est très sombre avec un jeu de couleurs qui tire vers le gris, comme s’il y avait un filtre. Ce n’est pas mon esthétique préférée, mais bon, cela permet de préserver une certaine ambiance, dira-t-on…

Si le personnage interprété par Jean Dujardin n’est pas forcément le plus enthousiasmant de tous les temps car on en a déjà vu de nombreux comme lui et que l’acteur ne lui donne pas une dimension supérieure, c’est très différent pour celui d’Alice, qui, lui, pour le coup, revêt beaucoup plus d’intérêt. En effet, c’est un mélange assez détonnant de force et de faiblesse. On peut voir dans toute la première partie du film qu’elle est extrêmement sûre d’elle, voire même arrogante. Elle sait parfaitement jouer de son intelligence et de son physique pour obtenir ce qu’elle veut. Mais, en même temps, elle tombe amoureuse très vite, presque comme une jeune fille, ce qui montre bien une forme de faiblesse que l’on n’imaginerait pas forcément au premier abord. C’est rare d’avoir dans des scénarios des rôles de femmes aussi intéressants. A différents niveaux, elle me fait penser à Vesper Lynd (Eva Green) dans Casino Royale, la dernière James Bond Girl qui avait véritablement un rôle central (et non celui de potiche) dans la saga de 007. On regretterait presque parfois que le film ne se focalise pas véritablement sur elle car elle est un personnage qui pourrait encore être creusé davantage et duquel il y a vraiment quelque chose à faire. Je trouve cela un peu dommage car cela aurait pu donner un souffle supplémentaire à un film qui en manque parfois un peu.



 Rédiger Un Commentaire