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TimFaitSonCinema
T.S. Spivet vit dans un ranch dans le Montana avec ses parents, un couple si dissemblable, sa sœur qui se rêve comédienne et le souvenir d’un frère jumeau disparu. Très doué, il réussit à inventer une machine au mouvement perpétuel. Mais il faut aller chercher un prestigieux prix à Washington, à l’autre bout des Etats-Unis…
Verdict:
Un film mignon mais sans grand intérêt. L’ensemble est bien trop décousu pour en faire au moins un bon long métrage. Les multiples bonnes idées disséminées ne permettent pas à l’ensemble d’être de qualité.
Coup de coeur:

Quelques idées ci et là

La date de sortie du film:

16.10.2013

Ce film est réalisé par

Jean-Pierre JEUNET

Ce film est tagué dans:

Film d'aventure

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 La Critique


Depuis 2001 et l’immense succès rencontré à travers le monde par son long-métrage Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet est forcément un réalisateur qui compte en France, même si, en douze ans, il n’a mis en scène que deux films. Le premier, Un long dimanche de fiançailles, avait connu un succès public et critique, couronné de cinq César (et autant de nominations). Il faut dire que c’était un film assez épique, contant une romance impossible sur fond de Première Guerre mondiale. Le deuxième, Micmacs à Tire-larigot avait un peu moins convaincu tout le monde, dont moi. C’était amusant mais ça manquait de continuité pour en faire un vrai bon film. Ces deux films étaient produits par la Warner Bros, très grosse machine américaine mais étaient pour autant de vrais films hexagonaux. Là, pour son nouveau film, il a décidé de partir réellement de l’autre côté de l’Atlantique, en adaptant un livre assez récent (sorti en 2009), écrit par un jeune auteur américain, Reif Larsen. Là encore, une majorité des financements sont américains même si Gaumont n’est pas non plus bien éloigné et que l’ensemble du film a été tourné au Canada… Quand on lit le résumé de ce film, on se dit que c’est un univers qui peut parfaitement correspondre à Jeunet, notamment dans cette manière que cette histoire a d’être un tout petit peu en décalage avec le réel avec des personnages et des situations pas forcément possibles mais qui n’ont rien de fantastique ou de paranormal pour autant. De fait, Jean-Pierre Jeunet prend visiblement plaisir à mettre en scène l’épopée de ce tout jeune héros, notamment en utilisant la technologie 3D (je l’ai vu en 2D…). Mais le souci, c’est qu’il n’arrive pas vraiment à transcender son sujet et si T.S Spivet (c’est plus simple comme cela) n’est pas désagréable, ce n’est pas non plus du tout un grand film.

Ce qui est drôle avec ce long métrage, c’est que c’est à la fois caractéristique du style propre à Jean-Pierre Jeunet à plein de niveaux mais que, en même temps, on sent une certaine envie de se renouveler. D’abord, au niveau de l’image, tout simplement. Alors que ses précédents film étaient fortement marqués par une photographie plutôt sombre, renforcée par un effet sépia omniprésent, ce T.S. Spivet s’ouvre d’emblée sur des plans aux couleurs bien plus vives, avec des paysages typiques des grandes plaines américaines gorgés de soleil. Et s’il est bien une vraie réussite dans ce film, ce sont bien ces séquences de paysages, notamment lorsque le jeune garçon se retrouve dans le train qui l’emmène de son Montana natal jusqu’à Washington. C’est absolument magnifique et on sent qu’il y a un vrai travail de l’image pour bien rendre le côté à la fois majestueux mais aussi quasi-désertique de ces grandes étendues. Ainsi, on peut dire de ce côté-là que ce nouveau long-métrage est globalement plus « lumineux » que ses prédécesseurs. Mais, dans le même temps, la patte Jeunet est plus que visible, notamment avec cette voix-off omniprésente et à la longue un peu fatigante, surtout que, souvent, elle se surajoute à ce qui est déjà visible à l’écran, comme si Jeunet ne faisait pas confiance au spectateur pour comprendre. Et puis, surtout, T.S. Spivet est truffé de nombreuses idées un peu farfelues et décalées qui font le charme des films de Jeunet. C’est parfois très bien trouvé, à d’autres moments moins intéressant mais, au moins, grâce à cela, son film a une vraie singularité et un côté original, au moins dans sa mise en scène. Il paraît que, en 3D, c’est encore plus notable, notamment dans cette utilisation des incrustations (notamment des schémas). Alors, c’est sûr, T.S. Spivet est un film que l’on peut qualifier de « mignon » mais le souci c’est qu’il ne va pas beaucoup plus loin car le fond est plus que creux.

En fait de voyage extravagant annoncé par le titre, il s’agit d’un petit tiers du film, passé dans un train et dans un camion. Je pensais vraiment qu’on allait avoir de réelles aventures avec ce personnage mais il s’agit plus de petites péripéties qu’autre chose. De plus, les personnages qu’il rencontre ne sont pas très intéressants. C’est notamment le cas pour cette séquence avec Dominique Pinon, à qui Jean-Pierre Jeunet aime donner un rôle coûte que coûte dans ses films. Là, honnêtement, c’est à la fois raté et surtout inutile au reste de l’histoire. Alors, si le voyage n’est pas des plus intéressants, il faut se pencher sur le premier tiers qui permet de planter le décor et sur le dernier, quand T.S. Spivet est arrivé à Washington pour recevoir son prix. C’est sans doute sur cette partie finale qu’il y aurait le plus de choses à dire car c’est malheureusement la moins réussie. En voulant effectuer une critique des médias, Jeunet en fait des tonnes et des tonnes et offre des scènes plus lourdes les unes que les autres. D’ailleurs, dans l’ensemble, il y a pas mal de longueurs, aussi apportées par le manque de profondeur de tous les personnages qui gravitent autour du jeune garçon (plutôt bien interprété même si l’acteur n’a rien d’extraordinaire) : ses parents comme sa sœur sont à la fois trop peu creusés et trop caricaturaux pour avoir un vrai intérêt. C’est aussi le cas pour tous les autres protagonistes croisés… Ainsi, on se retrouve au cœur d’une histoire dont on ne voit pas bien le sens profond et c’est bien dommage. C’est vraiment le symbole d’un film qui charme au premier abord pour son côté extrêmement travaillé et parfois presque éblouissant mais qui, passé cette première impression, déçoit plus qu’autre chose du fait d’un fond bien plus limite. Jean-Pierre Jeunet a donc très bien réussi à « jeter de la poudre aux yeux » et ce n’est déjà pas si mal. J’avoue que je ne me suis pas fait avoir bien longtemps mais ça peut marcher. Etant donnés les premiers scores du film en France, ça ne fonctionne visiblement pas si bien que ça, mais bon…



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