Toggle navigation
TimFaitSonCinema
10 / 20  (0)

LES SEIGNEURS

Patrick Orbéra, ancien grand joueur de l’équipe de France de football, en est arrivé à un point où il doit aller entraîner l’équipe de Molène, qui doit absolument se qualifier en Coupe de France pour sauver la conserverie. Orbéra va alors faire appel à des anciens coéquipiers…
Verdict:
Souvent hors-jeu, Les Seigneurs, n’est qu’une succession de sketchs rarement drôles, contenus dans une histoire où les bons sentiments côtoient de trop près le grotesque. Les acteurs en font tous des tonnes… Carton rouge !
Coup de coeur:

La première minute

La date de sortie du film:

26.09.2012

Ce film est réalisé par

Olivier DAHAN

Ce film est tagué dans:

Comédie

Chargement...


 La Critique


Après le succès planétaire de La Môme, un film tourné aux Etats-Unis avec Forest Whitaker et Renée Zellweger (My Own Love Song), et la mise en scène de la comédie musicale Mozart, l’Opéra Rock, Olivier Dahan revient au cinéma français pour tourner son nouveau long-métrage. Il choisit la comédie, genre auquel il ne s’était encore jamais frotté. Et, sans doute pour assurer son coup, il se barde de ce qui est considéré comme la fine fleur actuelle de l’humour en France. Et il y en a pour tous les goûts : Franck Dubosc et José Garcia pour les personnes un peu plus âgées ; Gad Elmaleh et Omar Sy un peu pour tout le monde ; Ramzy pour les plus jeunes et JoeyStarr pour le côté un peu bad boy. Il y a même une caution plus sérieuse avec la présence assez incroyable de l’inénarrable Jean-Pierre Marielle. Du côté du sujet, le football est un sport universel, populaire (encore aujourd’hui), sur lequel il est facile de taper actuellement et qui, finalement et de façon assez étrange, n’est pas tant exploité que cela au cinéma (français ou étranger, d’ailleurs). Avec une telle armada et un sujet comme cela, on soit se dire forcément que rien ne peut nous arriver, que l’on va faire rire la France entière, même avec un scénario en carton. Oui, mais, en fait, non… Ce n’est encore pas cette année que le football aura droit à un film digne de ce nom. Parce que, ce n’est pas Les Seigneurs qui va remplir cette tâche, loin de là.

Ce qui est incroyable avec Les Seigneurs, c’est qu’il a peut-être une des toutes meilleures première séquence d’un film cette année. On voit le fameux Orbéra fêter une victoire sur la pelouse puis rentrer dans le couloir des vestiaires, félicité par ses coéquipiers, son staff e les journalistes. Des titres de presse (bien connus des amateurs de ballon rond) apparaissent ça et là, nous montrant la gloire du joueur à l’époque. Puis on suit le destin (assez terrible) de cet homme, toujours grâce à ces titres de presse (entraîneur viré, poursuivi par le FISC) alors que le couloir se fait de plus en plus glauque et sombre et qu’Orbéra marche à présent seul. Il y a dans cette séquence quelque chose qui ressemble très étrangement au fameux plan-séquence de La Môme où Piaf passe de la mort de Cerdan à la scène à travers un couloir. C’est honnêtement assez brillant et, en une ou deux minutes, on a tout compris de la déchéance de cet homme. On se dit alors que l’on peut avoir un film de qualité. Mais, en fait, le problème, c’est que ces deux minutes sont, et de loin, les meilleures du long-métrage. Et l’espoir, s’il a existé un instant, est très vite douché… Parce que les dix suivantes sont absolument terribles et nous montrent de façon caricaturale comment mettre sur de (très) mauvais rails une comédie.

C’est assez fascinant de voir la façon qu’a le scénario de nous amener les principaux enjeux qui vont être développés dans le film. En cinq temps, six séquences, voilà que le bonhomme se retrouve sans boulot, sans la garde de sa fille et avec un poste obligatoire d’entraîneur à Molène. Séquence suivante : le directeur de la conserverie s’est suicidé et on découvre que l’entreprise est en faillite et va devoir fermer. Puis : Orbéra rencontre la fille du maire et président du club ; regards appuyés, musique à l’avenant : on sait qu’il va se passer quelque chose et qu’une intrigue amoureuse va se rajouter au reste (comme si ça ne suffisait pas). Emporté dans le tourbillon, on peine à vraiment comprendre ce qui nous arrive. Après cinq minutes sur l’île (territoire montré de façon caricaturale comme arriéré, alcoolisé et déprimant) où le nouvel entraîneur découvre son équipe (ils boivent tous à la buvette, normal), on est reparti pour un tour d’Europe effectué par le coach tambour battant pour aller chercher ses anciens compagnons qu’il veut faire revenir pour gagner les matchs permettant de ramasser de l’argent pour la conserverie (c’est quand même le concept à la base). C’est en fait dans ce voyage d’un quart d’heure que vrai problème du film se noue. Par tranches de deux ou trois minutes, on voit Orbéra avec chacun de ces hommes qui ont chacun une spécificité très marquée. On a donc droit à un mini-sketch pour chacun et, le problème, c’est que chaque acteur essaie d’en faire des tonnes et des tonnes pour amuser la galerie. Et c’est souvent navrant. Mais, le problème, c’est que cette manière de faire va perdurer pendant tout le film et même de façon assumée (chacun aura son interview par la presse locale). D’une supposée équipe, on passe finalement à une somme d’individualités, idée que le film veut forcément combattre dans le fond (« on y arrivera tous ensemble ») mais qu’elle entérine largement sur la forme.

Les Seigneurs ne sera plus qu’une longue litanie de séquences assez indépendantes les unes des autres où le but pour les personnages (et les acteurs, c’est l’impression qu’ils donnent) est de se mettre en valeur par rapport aux autres. Alors ça crie plus fort les uns que les autres, ça part dans tous les sens… Et c’est assez désolant. Toutes ces scènes sont censées s’enchaîner par la grâce d’un scénario qui, lui, n’a ni queue ni tête. Les incohérences sont beaucoup trop nombreuses pour être toutes détaillées ici mais c’est quand même assez hallucinant. En gros, pour remettre ce qui se passe dans un semblant de réalité, c’est comme si Zidane devenait entraîneur à Chemaudin (à côté de Besançon, pour ceux qui ne situent pas) et prenait dans l’équipe Ronaldo (le vrai), Barthez, Dugarry , Thuram et Vieira mais personne dans le pays ne serait au courant. Toutes les ficelles de la comédie bien lourde sont utilisées et le but n’est pas vraiment d’avoir ni une crédibilité, ni une cohérence d’ensemble, mais bien de donner aux acteurs l’occasion de faire rire. Mais ce n’est pas le cas car le niveau des dialogues n’est vraiment pas élevé et les blagues ont tendance à être vraiment redondantes. Les personnages n’évoluent presque pas et font toujours les mêmes mimiques (à la longue, Gad Elmaleh est vraiment lourd) ou disent les mêmes choses en boucle. C’est sûr, en ce moment, c’est très facile de jouer des clichés sur les footballeurs à la retraite ou en fin de carrière (violents, amateurs de coke et de filles faciles, faux acteurs,…). Les producteurs et scénaristes se sont dit que le public, qui en a un peu marre de ce qu’il voit des footballeurs actuels, sera bien content de se payer leur tête à travers un film. Mais quand on atteint un tel niveau de clichés et parfois de bêtise, ça devient plus gênant qu’autre chose. En plus, il y a aussi une petite histoire de matchs truqués qui, par rapport à l’actualité toute récente d’autres sports, est tout de même assez cocasse.

Les matchs de foot, eux, ne remontent pas le niveau, c’est le moins que l’on puisse dire. Forcément, l’équipe gagne à la dernière seconde ou subit des coups du sort (je ne vous raconte pas celui du dernier match car il vaut tout) mais tout va quand même toujours pour le mieux, ou presque… Je trouve personnellement que ces parties sont très mal réalisées et on ne voit rien à ce qui se passe. Ils sont beaucoup trop dramatisés avec une foule d’actions absurdes, des ralentis terribles et une musique à l’avenant. Et puis le film n’hésite pas à aller chercher, de façon opportuniste et presque indécente, du côté de la lutte sociale, façon sans doute d’avoir la sympathie du public en ces périodes économiques quelque peu troubles dans notre pays. Si ces anciens joueurs de haut niveau jouent à Molène, c’est bien pour sauver la conserverie qui doit trouver 600 000 €. Là encore, c’est un peu désolant de voir la façon dont c’est utilisé et, en voulant faire des bons sentiments, le film se plante plutôt qu’autre chose car on n’y croit pas une seule seconde, du fait de la lourdeur du propos et de son manque de recul. Mais tout se finira bien, je vous rassure, pour la conserverie comme pour le personnage principal. Tous ses collègues auront même, en à peine deux mois, retrouvé le droit chemin. Si c’est pas beau la solidarité et le football ? Bref, Les Seigneurs n’est vraiment ni une bonne comédie, ni même un film et on sort de la salle assez dépité et en jurant de ne plus jamais se faire avoir par un tel attrape-nigaud (presque comme après un bon vieux France-Uruguay…) mais avec tout de même une question en tête : qu’est-ce que Jean-Pierre Marielle est allé faire dans cette galère ? Et, là, je n’ai toujours pas de réponse…



 Rédiger Un Commentaire