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TimFaitSonCinema
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LES SALAUDS

Marco, capitaine de bateau, rentre de façon précipitée à Paris pour retrouver sa sœur dont le mari (mais aussi son propre ami lors de ses études) s’est suicidé. Il emménage alors juste au-dessus d’un homme d’affaires très riche et de sa femme, ce qui n’est pas un hasard.
Verdict:
Les Salauds est un long métrage qui marque, du fait de son côté extrêmement noir et, parfois, angoissant. Claire Denis nous plonge dans une ambiance assez particulière qui fait de son film une réussite, tout comme le jeu de la majorité des acteurs.
Coup de coeur:

L’ambiance de tout le film

La date de sortie du film:

06.08.2013

Ce film est réalisé par

Claire DENIS

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Je ne connaissais pas le cinéma de Claire Denis, pourtant réputée comme l’une des réalisatrices à suivre en France pour son côté assez radical. Néanmoins, sa notoriété reste toute relative du fait de longs métrages qui ne sont pas du type à passer dans tous les cinémas de France et même à être nominés dans les grandes cérémonies de récompenses annuelles. Je ne m’y étais encore jamais frotté, à la fois parce que les sujets ne m’intéressaient pas vraiment mais aussi, sans doute, du fait d’une certaine forme de paresse (il faut aller chercher ses films, ils ne viennent pas à nous). Par contre, ce Les salauds m’intéressait davantage. Peut-être la présence de Vincent Lindon (ici aussi coproducteur) y était-elle pour quelque chose puisque cet acteur choisit suffisamment bien ses films pour ne pas (plus, en tout cas) tomber dans le piège des navets et il est presque toujours très bon dans les longs-métrages où il a un rôle. Cela me fait donc dire que la présence d’un comédien peut me pousser à aller voir un film alors que je pensais être détaché de ce genre de considération. Ayant peur de ne plus voir Les Salauds à l’affiche à Lyon lorsque je rentrerais, je suis même allé au cinéma à Besançon (ce qui m’arrive très rarement) et j’ai donc effectivement payé une place plein tarif (ce qui fait, avouons-le, un peu bizarre). Pour ne pas être déçu, il fallait donc que le film soit au moins bon. Et bien, honnêtement, j’ai trouvé ça plutôt pas mal même si ce n’est pas un long métrage qui s’aborde extrêmement facilement et si la fin est même particulièrement terrible.

Qui sont les véritables salauds ? Visiblement, Claire Denis ne cherche pas à sonder ses personnages du point de vue psychologique mais elle les fait plutôt évoluer dans un univers fait de non-dits, de mensonges et de trahisons. C’est là qu’ils vont se découvrir peu à peu et que l’on va pouvoir les qualifier ou non de salauds, selon notre propre perception de spectateur. Au cœur de tout cela, il y a ce personnage de frère qui ne comprend vraiment pas grand-chose à ce qui se passe, notamment avec sa sœur et sa nièce. Rien n’est clair non plus pour le spectateur, car le scénario embrouille pas mal les évènements, et parfois même un peu trop avec des séquences qui peuvent ne pas avoir grand-chose avec ce qu’on a vu avant ou encore des passages plus énigmatiques qu’autre chose. On souhaiterait un peu plus de clarté à certains moments mais c’est aussi sans doute cela qui donne à ce long métrage une telle ambiance. Ce qui est assez impressionnant avec Les Salauds, c’est cette manière d’effectuer une forme de plongée dans l’horreur et le dégoût. Peu à peu, on comprend ce qui a pu véritablement se passer mais on ne veut pas, en tant que spectateur, se projeter plus loin et s’imaginer des choses encore pire que ce que l’on perçoit déjà. Pourtant, jusqu’à la fin et à une dernière séquence terrible, cette plongée va se poursuivre et nous attirer jusqu’aux profondeurs de la noirceur humaine. Il n’y a absolument aucune rémission. Alors que l’on peut croire que les choses vont s’arranger d’une certaine façon, c’est finalement pire que ce que l’on croit.

Dans sa réalisation, Claire Denis donne une grande importance à l’image et il faut avouer qu’elle est vraiment de qualité. Certaines séquences valent même plus que le coup d’œil (notamment dans cette gestion d’une obscurité très présente). Néanmoins, à certains moments, le tout est un peu trop dans l’effet et on pourrait souhaiter un peu plus de sobriété dans la mise en scène. C’est d’ailleurs assez étrange car il y a une vraie économie dans le script et surtout dans la façon d’exprimer les sentiments que voir la réalisation s’emballer de cette manière est surprenante. Dans tous les cas, la réalisatrice s’y entend bien pour plonger le spectateur dans cette ambiance à la fois assez glauque mais aussi un peu mystérieuse. Elle est aussi servie par deux acteurs très bons ici. Les autres autour sont pas mal mais sont en parti éclipsés par Michel Subor et Vincent Lindon car c’est d’eux dont il s’agit. Il y a donc d’abord Michel Subor, un peu inconnu pour moi, mais qui joue ici à merveille ce vieil homme d’affaires que l’on considère au premier abord comme un véritable mauvais mais qui va se découvrir peu à peu. Enfin, Vincent Lindon, toujours excellent dans ce type de rôle un peu mutiques, nous ressort une prestation dont il a le secret. Alors, c’est certain, on a toujours l’impression de voir un peu la même chose avec lui, mais il est tellement bon que l’on ne va pas s’en plaindre.

J’ai entendu dire que ce n’était pas du « cinéma plaisir » et pas le type de film que l’on veut voir en été. Je déteste cette expression qui, pour moi, ne veut pas dire grand-chose mais aussi cette manière de catégoriser les films par rapport au moment de leur sortie. Doit-on trouver « plaisant » forcément une comédie qui n’aborde que des sujets légers ? Selon moi, le rôle du cinéma est aussi d’aborder des thèmes compliqués, parfois même polémiques, et ce n’est pas pour cette raison que le film ne peut pas être bon et donc qu’on puisse y prendre du plaisir. D’ailleurs, personnellement, je trouve souvent plus mon compte avec ce type de films un peu durs plutôt qu’avec des comédies. Et puis, en été ne devraient sortir que des longs métrages qui parlent de soleil ou des blockbusters américains sous prétexte qu’il fait beau dehors ? Qu’on arrête avec cette conception « simpliste » du cinéma. Voilà, le coup de gueule est passé. Après, c’est vrai que c’est un type de cinéma qui ne peut pas plaire à tout le monde et que chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer mais qu’on ne juge pas les films à partir d’a priori qui me semblent idiots. C’est sûr que Les salauds n’est pas un film amusant, par le sujet qu’il traite et dans la manière qu’il a de le faire. Mais c’est aussi un film qui confronte et qui nous met face à des réalités que l’on ne veut pas voir. Claire Denis s’en sort plutôt bien dans l’ensemble et donne à son long métrage une véritable ambiance qui fait que ce film nous habite bien longtemps après être sorti de la salle. C’est ça aussi le cinéma, non ?



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