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TimFaitSonCinema
Dans un avion à destination de Mexico en proie à un souci technique et effectuant des ronds au dessus de l’Espagne, le personnel naviguant et les passagers se retrouvent confrontés à une situation d’urgence. Ils la gèrent tous un peu différemment…
Verdict:
Dans l’outrance permanente, ces Amants passagers ne séduisent jamais véritablement et finissent même assez vite pas désespérer. Qu’on nous rende le Almodovar des derniers films. Por Favor.
Coup de coeur:

Carlos Areces

La date de sortie du film:

27.03.2013

Ce film est réalisé par

Pedro ALMODOVAR

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Les trois derniers films de Pedro Almodovar m’avaient plutôt plu, notamment Etreintes Brisées qui, pour moi, était un vrai beau long métrage, puissant et même brillant par moments. Pour La piel que habito, c’était plus le scénario et la façon de le traiter qui étaient osés et donnaient au final un objet cinématographique intéressant. Après une décennie consacrée à des drames ou, en tout cas, à des films assez durs, le metteur en scène espagnol le plus connu décide cette année de revenir à ses premières amours et au style qui l’a fait découvrir dans le monde entier : la comédie loufoque et folklorique comme avait pu l’être, par exemple, son premier vrai succès, Femmes au bord de la crise de nerfs. C’est bien qu’un réalisateur ne reste pas toujours dans le même type de film et cherche à se renouveler, même si là, comme on l’a vu, c’est plutôt un retour à quelque chose de plus ancien. C’est aussi à se demander si cela n’a pas à voir avec la situation de son pays d’origine, l’Espagne, qui n’est pas au mieux et qui aurait donc bien besoin de rire en ce moment. Toujours est-il qu’Almodovar a donc décidé de s’attaquer à une comédie dont il écrit lui-même le scénario. Et, de mon côté, ça n’est pas passé du tout et je trouve même dommage que le cinéaste se soit compromis dans un tel ratage. Car on est tout de même tout près d’un crash assez monumental.

Les amants passagers correspond vraiment à un type de film dans lequel il faut rentrer « corps et âme » pour l’apprécier. Si on y reste hermétique (comme moi dans cette affaire), alors l’heure et demie devient longue, très longue… Même si sur ce coup-là, je n’étais peut-être pas dans la forme de ma vie, j’ai du mal à voir comment on peut véritablement se mettre à fond dans un tel long métrage. J’avais tout de même un voisin de cinéma qui a énormément rigolé mais je pense qu’on lui aurait montré une pioche fluo dialoguant avec une girafe enrhumée qu’il aurait ri de la même manière…Parce que, personnellement, je ne me suis pas amusé une seule fois en regardant batifoler ces Amants passagers. Tout au plus j’ai quelque fois souri, parce que je suis bon public et que certains passages particuliers s’y prêtent, notamment cette chanson reprise en playback et chorégraphiée par les trois stewards. Mais la plupart du temps, l’humour est tellement lourd et vulgaire que l’on n’a pas du tout envie de rire. Le sexe tient un rôle très important dans le film et en est même le point central. Les trois stewards ainsi qu’un pilote sont homosexuels (thème cher à Almodovar s’il en est) et le scénario joue sur absolument tous les clichés que l’on pourrait avoir. Tellement c’est outrancier, c’est sûr que l’on peut voir cela comme amusant mais, personnellement, je trouve cela bien plus grotesque et même insultant pour les homosexuels qu’autre chose. Autant parfois, on est à la limite, autant là je trouve qu’elle est ici largement dépassée et ça ne me plait pas beaucoup.

Pendant une heure et demie (voire un peu moins, ce qui n’est ici pas trop gênant), tout le monde ne parle que de sexe et s’envoie en l’air, littéralement. Il ya les deux couples homos mais pas que, loin de là, entre une ancienne escort-girl, un couple en voyage de noces, une jeune femme qui annonce qu’elle va se faire dépuceler sur ce voyage… Cette galerie de personnages tous plus barrés les uns que les autres aurait pu être sympathique si tout n’était pas autant amplifié et surtout aussi vulgaire, car, dans l’ensemble, ça ne vole pas haut du tout. En plus, le ton et les décors renforcent un aspect complètement criard alors que le fond du film est, lui, complètement creux. Bien sûr, ce n’est pas le but ici d’Almodovar de faire un long métrage qui dénonce ou montre vraiment quelque chose, même si la crise du pays est évoquée en filigrane. Mais, tout de même, il n’était pas obligé de nous pondre quelque chose d’aussi vide et sans intérêt. En plus, on se demande pourquoi toute l’histoire ne se passe pas uniquement dans l’avion, ce qui aurait pu avoir un minimum de sens. Non, il y a des scènes qui se déroulent à Madrid, sans que cela ait une quelconque utilité. C’est pour moi une forme d’aveu d’impuissance d’un scénario qui ne repose vraiment sur pas grand-chose. Finalement, à la fin de ce film, je me suis juste demandé s’il marquait une sorte de pause dans la carrière du réalisateur, afin de se ressourcer, ou si c’était révélateur d’un manque d’inspiration plus global. J’aurais plutôt tendance à pencher pour la première solution en espérant très fort que ce soit le cas. Car s’il nous en refait un dans le même genre, je n’irai pas perdre mon temps de cette manière. Et encore, heureusement que la musique du générique de fin (The Look – Metronomy) m’a plutôt fait plaisir pour me redonner un coup de boost. Sinon, j’en serais ressorti encore plus agacé, ce qui n’est pas peu dire… Allez, Pedro, tu as grillé ton joker cette fois-ci…


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Fiz 01.04.2013, 19:26

C'est vrai que ce film d'Almodovar laisse une impression de vide sur le contenu... peut-être faut-il simplement le prendre comme une comédie légère sans prétention. De ce point de vue, le film est un divertissement qui ne se prend pas au sérieux et on y retrouve les personnages types des films d'Almodovar : personnages scabreux, énergiques et hauts en couleurs qui rendent le film plutôt sympathique, sans plus. Effectivement, la BO et notamment la musique de Metronomy au générique de fin font du bien et sauvent in extremis le 10/20 pour ma part. Par ailleurs, et contrairement à toi, Tim, je préfère encore ce film au précédent "La piel que habito" où son obsession pour les transsexuels avait atteint son paroxysme dans une histoire malsaine tant la perversité et le sadisme étaient présents dans ce film dénué d'humour.


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