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TimFaitSonCinema
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LE CONGRÈS

L’actrice Robin Wright a visiblement déjà atteint le sommet de sa carrière. Pour que celle-ci puisse se poursuivre, sa maison de production lui propose un arrangement : la scanner entièrement pour que celle-ci puisse en faire ce qu’elle veut…
Verdict:
Vraiment déroutant, Le congrès nous emmène parfois tellement loin, tant visuellement que dans la façon d’aborder les thèmes principaux, qu’il est difficile de vraiment s’y accrocher. Mais il faut reconnaître à Ari Folman une vraie audace qu’il canalisera, je l’espère, un peu mieux dans son prochain long métrage.
Coup de coeur:

Robin Wright

La date de sortie du film:

03.07.2013

Ce film est réalisé par

Ari FOLMAN

Ce film est tagué dans:

Inclassable

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 La Critique


Très peu de réalisateurs avaient réalisé ces dernières années une entrée aussi fracassante dans le grand monde du cinéma mondial que celle d’Ari Folman au Festival de Cannes 2008 avec son documentaire d’animation Valse avec Bachir. Bizarrement, c’est la même année et au même endroit que l’on peut effectuer une comparaison valide en la personne de Steve McQueen, qui était reparti avec la Caméra d’or pour le fascinant Hunger. Avec son film, le réalisateur israélien était rentré directement dans la cour des grands, notamment parce qu’il inventait un nouveau genre et qu’il donnait surtout à voir un film incroyable de force et particulièrement poignant sur la fin. Je n’avais jamais vu (et ne reverrai peut-être jamais) une telle ambiance dans une salle après une projection puisque, pendant le générique, personne n’avait dit un mot ou esquissé le moindre mouvement (le rêve, quoi…). Le souci, quand on a tellement marqué le spectateur, c’est de réussir à revenir avec un long métrage de qualité similaire (voire mieux, si possible). Steve McQueen a passé cet écueil en offrant au spectateur un film d’une puissance incroyable (Shame) mais Ari Folman souhaitait visiblement prendre plus son temps. C’est pourquoi il aura attendu cinq ans pour présenter son nouveau projet, adaptation d’un livre du début des années 70, et mélange entre film d’animation, science-fiction, cinéma « réel » et réflexion sur l’art cinématographique dans son ensemble. Lors du dernier Festival de Cannes, il a reçu un accueil assez mitigé et, personnellement, j’attendais beaucoup du nouveau film d’un réalisateur qui m’avait vraiment marqué. J’en suis ressorti beaucoup plus interloqué qu’autre chose car Le congrès est bien un long métrage qui ne ressemble à rien d’autre et qui, tout en brassant des thématiques intéressantes, part à certains moments dans le n’importe quoi le plus complet. Et, bien après la séance, j’ai encore du mal à me faire une véritable idée sur un film étrange à différents points de vue.

Pourtant, la première partie est plutôt intéressante, bien qu’un peu longuette sur les bords. Elle permet une vraie interrogation sur les comédiens en général, et surtout sur les actrices, qui, passées un certain âge, ne revêtent plus vraiment d’intérêt, si ce n’est dans l’image d’elle à leur sommet (physique, vous l’aurez compris). Face à une problématique qui est bien réelle, le film apporte un « remède » assez intéressant dans la manière qu’il questionne vraiment le cinéma en ce qu’il a de plus profond : scanner sous toutes les coutures l’actrice pour en faire ce que l’on veut ensuite. Et c’est un questionnement très fort. En effet, depuis que l’ère du numérique s’est développée au cinéma, pour certains longs métrages, on ne sait plus bien ce qui est du ressort de l’acteur lui-même et ce qui vient des ordinateurs. Ari Folman n’est donc pas complètement déconnecté de ce côté-là et je trouve qu’il pose bien tous les enjeux d’une solution qui peut apparaître extrême mais qui n’est peut-être pas aussi loin que ça de ce vers quoi on tend aujourd’hui. Tout cela est cristallisé dans la séquence de scannage qui est assez magnifique tant visuellement que dans la manière dont le discours prononcé en même temps peut vraiment nous faire réfléchir. Avec en plus l’histoire sur l’enfant handicapé de l’actrice qui veut aussi dégager du temps pour s’en occuper, on tient là un objet cinématographique vraiment correct et intelligent.

Malheureusement, un petit écriteau « Vingt ans plus tard » va faire basculer cet équilibre et Le congrès va quelque peu partir en vrille. En effet, on retrouve Robin Wright, qui a vieilli et qui se rend au fameux congrès organisé par la Miramount Nagasaki, le studio qui l’a scanné, devenu entretemps une grande multinationale qui a de multiples autres activités. Passé le check-point à l’entrée, le film bascule tant sur la forme (on passe à l’animation pure et dure) que sur le fond. Alors qu’il était jusque-là plutôt tenu, l’ensemble commence à à sombrer vers le n’importe quoi. Pourtant, il y a encore des thèmes pas inintéressants (l’interrogation sur les multinationales qui s’occupent de tout en même temps ou encore sur le lien entre réalité et vie rêvée) mais la manière de les amener est beaucoup trop baroque pour moi. Parce que, en terme de style visuel, Ari Folman ne fait pas dans la demi-mesure, c’est le moins que l’on puisse dire. Tout commence dans un déluge de couleurs et de créatures plus ou moins fantasmées qui accompagnent Robin Wright dans sa voiture. Même si j’emploie beaucoup ce mot, on peut tout de même parler du caractère lunaire de cette séquence et de beaucoup qui vont suivre. Personnellement, j’ai eu du mal avec l’univers très coloré que le réalisateur veut mettre en place et même avec un style graphique que je ne trouve pas forcément adapté au sujet. En plus de la forme, ça part aussi dans tous les sens dans ce qui est raconté avec, notamment, ce grand discours du patron de la boite (un croisement assez hilarant de Steve Jobs pour son nom et de Bill Gates dans la dégaine générale) ou encore cette attaque de rebelles qui viennent d’on ne sait où.

Je pense qu’il faut se laisser porter par cet univers mais j’ai eu beaucoup de mal à m’y inscrire réellement et à y trouver mon compte. J’ai trouvé ça long et plutôt sans intérêt. Peut-être n’étais-je pas suffisamment en forme pour apprécier toutes les subtilités et l’intelligence du cinéma de Folman et que je suis passé à côté de beaucoup de choses. Mais j’ai surtout eu l’impression qu’on rentrait dans une forme de n’importe quoi qui n’était plus forcément maitrisé, là où le film précédent de ce réalisateur, était justement marqué par un très grand contrôle de la forme et du fond. La toute fin revient un peu à quelque chose de plus posé mais, vraiment, pendant plus d’une heure, on ne sait parfois plus bien où l’on est. Au milieu de tout cela, et pour jouer une actrice en pleine décrépitude mais qui s’interroge aussi sur sa vie, Robin Wright est assez incroyable dans sa manière de faire passer tout simplement ses émotions. On ne la voit finalement pas tant que ça de façon « réelle » mais elle est vraiment exceptionnelle dans un rôle qui ne doit pas être forcément évident à accepter pour une actrice comme elle, même si, à l’inverse du personnage qu’elle joue, elle semble plutôt actuellement dans la période la plus faste de sa carrière, comme si une seconde jeunesse s’offrait à elle. A ses côtés, on retrouve, en plus de nombreux personnages célèbres dans la partie animée (passages lunaires de Mohammed Ali, Elvis Presely ou Michael Jackson), des acteurs de qualité comme Harvey Keitel, Danny Huston ou encore Paul Giamatti. Ils réussissent à raccrocher à certains moments ce film à quelque chose d’un peu plus « terre à terre » car, dans l’ensemble, Le congrès est vraiment un long-métrage dont on a parfois l’impression qu’il a été fait sous hallucination. Même si je respecte le travail d’Ari Folman sur ce projet, je préfère quand même rester sur l’image de Valse avec Bachir, en espérant que son prochain film soit de même qualité. Il a quand même le talent et les idées pour. Il faut juste ne pas partir dans des délires comme ici…



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