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TimFaitSonCinema
James Picard est un indien qui a combattu en France lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Trois ans après son retour, il souffre de très nombreux troubles et est admis dans un hôpital spécialisé des maladies du cerveau. Il va alors y rencontrer Georges Devereux, un ethnologue et psychanalyste, avec qui il va effectuer un vrai travail sur lui-même.
Verdict:
Un film dont je n’ai pas forcément compris le véritable intérêt mais qui se révèle, après une première partie un peu compliquée, finalement assez « fascinant » et, surtout, très bien réalisé et magnifiquement interprété, notamment par un Benicio del Toro épatant.
Coup de coeur:

Benicio del Toro

La date de sortie du film:

11.09.2013

Ce film est réalisé par

Arnaud DESPLECHIN

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Arnaud Desplechin est un peu, il faut bien le dire, le chouchou de la critique français mais aussi des Festivals puisque, depuis le début de sa carrière au tout début des années 90, tous ses longs métrages ont été présentés à Cannes (sept fois dans différentes catégories) ou à Venise (deux fois), soient les deux événements les plus prestigieux et les plus courus en Europe. Et malgré de très nombreux prix glanés ci et là ainsi que des critiques très souvent élogieuses, ses longs métrages n’ont jamais fait un vrai carton (à peine 500 000 entrées au mieux), sans doute parce que son cinéma n’est pas forcément le plus accessible. Desplechin serait-il le symbole ultime d’une certaine déconnexion de la critique et du public ? Ce n’est pas totalement impossible. Moi-même, j’avais trouvé son film précédent (Un conte de Noël) pourtant encensé par toute la presse, assez étrange et sans grand intérêt, même si c’était très loin d’être mauvais. Cinq ans plus tard, il revient avec l’adaptation de ce qui est, paraît-il, son livre de chevet et, pour cela, il franchit l’Atlantique puisqu’il va tourner aux Etats-Unis la rencontre entre un indien en proie à de vrais problèmes physiques et un psychanalyste et ethnologue français qui, visiblement, ne fait pas l’unanimité dans son pays. C’est une confrontation assez étrange, entre deux personnes qui n’ont absolument rien en commun mais qui vont finalement apprendre à se connaître et s’aider mutuellement. Sélectionné à Cannes en mai dernier, le film n’y a pas fait un carton, repartant bredouille et même éreinté par une certaine partie de la critique. Pourtant, ce Jimmy P. (pour la faire courte) est un film qui a vraiment quelque chose et qui est loin d’être dénué d’intérêt.

Pour être honnête et pour dire les choses clairement d’entrée, je n’ai pas bien compris l’intérêt véritable du film (si tant est qu’il doive y en avoir un). En effet, on suit cette psychanalyse effectuée par quelqu’un sur un autre, à travers notamment les rêves et les souvenirs de Jimmy mais, au final, on n’a pas beaucoup plus « appris » ou « découvert » de choses que cela. Ce long métrage montre tout de même bien comment une relation saine entre un médecin et son patient peut exister et comment celle-ci peut être bénéfique pour les deux protagonistes. En effet, si Jimmy semble guéri, cet épisode est aussi très marquant pour la vie de docteur puisqu’il a réussi à construire une vraie relation de confiance constructive avec un homme dont il ne connaissait rien avant. La majorité du film montre ses entretiens entre les deux hommes. Peu à peu, Jimmy va se dévoiler, poussé qu’il est par son médecin. Le spectateur va alors pouvoir visionner avec cet indien tous ses souvenirs et ses rêves. Et c’est là que le film prend toute sa force car ceux-ci sont souvent très bien mis en scène avec un vrai soin apporté à l’image. On a vraiment l’impression de rentrer dans la tête de cet homme qui, peu à peu, grâce à tout ce travail sur lui, va prendre conscience de certaines choses et être guéri. Ce film, c’est donc aussi (et peut-être surtout) la confrontation de deux très grands acteurs que, à première vue, on aurait du mal à voir ensemble dans un même long métrage. C’est justement dans cette différence que se joue leur relation et qu’elle y est renforcée. Benicio del Toro est vraiment incroyable, réussissant à montrer tout le sentiment de est faiblesse qui peut accabler cet homme. En psychanalyste un peu déjanté mais parfaitement conscient de ce qu’il fait, Mathieu Amalric et son charmant accent anglais fait aussi merveille.

Mais c’est tout de même un film dans lequel il faut prendre le temps de se mettre. J’ai eu, je l’avoue, beaucoup de mal pendant le premier tiers et, surtout, avec les premières longues discussions entre le médecin et son patient. Je me suis dit à ce moment-là que si tout le film se déroulait à ce rythme, ça allait être très compliqué. De fait, la suite n’allait pas monter une grande évolution, même s’il y a quelques ruptures dans le rythme, notamment amenées par la présence dans ce centre hospitalier de la maitresse de Devereux, Madeleine, qui vient lui rendre visite. Les scènes en sa présence ne sont pas forcément d’un immense intérêt même si elles permettent d’avoir un regard un peu extérieur et décalé sur le travail en cours du médecin mais aussi de ne pas toujours être dans la relation entre les deux hommes. Néanmoins, de façon assez étrange, je me suis laissé emporter par le côté un peu « fascinant » de ce film. C’est difficile à expliquer ce qui fait réellement son « charme » mais, peu à peu, on s’intéresse de plus en plus à l’histoire de ces deux hommes et, surtout, à ce qu’il en découle pour Jimmy. Cela tient sans doute d’une mise en scène formellement irréprochable et même brillante par moments. Dans l’ensemble, on peut parler de Jimmy P. comme d’un film plutôt costaud du point de vue visuel. Il n’empêche que c’est aussi un long métrage qui m’a laissé plutôt dubitatif sur le fond et sur ce que le réalisateur voulait vraiment faire et montrer. Personnellement, du moment qu’un long métrage s’en sort bien sur la forme, ça me conviendra toujours à peu près. Et puis Benicio del Toro est tellement bon ici qu’on ne peut pas ne pas au moins apprécier sa performance centrale ici. Un petit Prix d’interprétation masculine n’aurait peut-être pas été usurpé même si je n’ai pas vu la performance du vainqueur, Bruce Dern…



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