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TimFaitSonCinema
Jean Reno (aucun rapport) est un acteur un peu à la dérive, à qui l’on ne propose plus rien du tout. Pour gagner sa vie, il est obligé d’accepter de « faire le mort » dans le cadre de la reconstitution d’une affaire de meurtre. Mais il va aller plus loin car, comme il le dit lui-même : « [i]je ne joue pas le personnage, je suis le personnage[/i] »…
Verdict:
Malgré une idée de départ géniale, quelques dialogues savoureux et un François Damiens au top de sa forme, cette comédie policière peine vraiment à séduire du fait notamment d’un scénario qui s’enfonce assez vite dans le grand n’importe quoi…
Coup de coeur:

François Damiens

La date de sortie du film:

11.12.2013

Ce film est réalisé par

Jean-Paul SALOMÉ

Ce film est tagué dans:

Comédie policière

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 La Critique


Depuis le début de sa carrière de réalisateur, Jean-Paul Salomé a mis en scène des films de genre très différents entre la comédie (Restons groupés), le film en costume (Belphégor, Arsène Lupin), le film de guerre (Les femmes de l’ombre) ou encore le drame (Le Caméléon). Là, il s’attaque encore à un nouveau style puisque Je fais le mort est tout à fait dans la tradition de ce que l’on appelle la comédie policière, genre pas forcément très présent à l’écran, alors que, bien fait, ça a plutôt son charme. En six films, ce metteur en scène n’a pas vraiment réussi à convaincre la critique puisque tous ses longs métrages ont été (plus ou moins) éreintés par celle-ci. Personnellement, je ne peux pas juger puisque je n’en n’ai vu aucun (il faut dire qu’il n’y en n’a pas un qui m’ait particulièrement tenté à un moment). Mais je dois bien avouer que ce Je fais le mort, lui, me faisait plutôt envie et cela pour plusieurs raisons. D’abord, l’idée de départ est vraiment excellente : à la fois originale et propice à de nombreuses situations cocasses. C’est le cas, comme nous pourrons le voir, mais ce n’est pas forcément bien exploité. Ensuite, le casting était vraiment alléchant avec François Damiens (comment rater un film où il joue ?), Géraldine Nakache dans un rôle un peu à contre emploi (une jeune procureure), Lucien Jean-Baptiste et l’impayable Anne Le Ny dans un plus petit rôle. Je me disais vraiment que si l’alchimie entre acteurs se faisait et que le scénario suivait derrière, Je fais le mort pouvait bien être la petite surprise de fin d’année d’un cinéma français qui en aura réservé trop peu en 2013. Peine perdue car si le casting est plutôt bon dans l’ensemble, c’est justement du côté de l’histoire que les choses sont moins évidentes. Et ça donne un long métrage qui, peu à peu, perd de son intérêt, pour finir un peu dans le n’importe quoi…

Pourtant, que l’idée de départ est bonne… Et c’est sans doute cela le plus décevant. Jean-Paul Salomé réussit bien à nous faire comprendre en deux ou trois séquences pourquoi cet acteur est un peu dans la panade : un tournage où il prend tout le monde de haut, un rendez-vous chez son agent où il ne comprend pas ce qui lui arrive et, pour finir, un « repas » avec ses enfants… C’est vu, on a affaire à un loser de première catégorie… Et ce n’est pas son rendez-vous à Pôle emploi qui va changer les choses puisqu’il n’a d’autre choix que d’accepter ce rôle un peu particulier. Le voici donc parti à Megève et c’est là que débute véritablement l’histoire mais, malheureusement, c’est aussi à partir de ce moment que les choses se compliquent pour le film dans son ensemble… Si les vingt premières minutes en montagne sont plutôt drôles, notamment parce que cette idée d’un acteur qui s’investit complètement et modifie le cours de l’enquête est utilisée à fond, plus le scénario avance, plus le film sombre. Le souci, c’est que dans « comédie policière », le deuxième mot est aussi important que le premier et il ne suffit pas de mettre un gendarme ainsi qu’une histoire autour d’un meurtre pour que cela fonctionne. En effet, là, c’est à peu près n’importe quoi avec plusieurs pistes qui sont ouvertes mais de façon complètement bancale et désordonnée. Au bout d’un moment, on ne comprend plus bien les tenants et les aboutissants tant l’ensemble est brouillon. Et les incohérences deviennent de plus en plus flagrantes, à tel point que c’en est parfois gênant. Bref, de ce côté-là, c’est un plantage presque total et le fin mot de l’histoire est lui-même tellement attendu depuis le début qu’on aurait pu aisément se passer de tout ce qu’il y a autour. Mais il est entouré d’autres histoires un peu loufoques…

Je fais le mort a sérieusement tendance à trainer en longueur, justement car tout l’aspect policier n’est pas vraiment assez travaillé et resserré. Il manque une vraie continuité mais aussi des enjeux importants et véritablement bien amenés. Cette enquête tourne complètement en rond et le film avec. Les séquences s’enchaînent alors, sans véritablement qu’elles soient liées les unes aux autres. Certaines sont meilleures que d’autres, avec des dialogues parfois bien sentis et des situations amusantes, mais, dans l’ensemble, ce n’est pas génial… Le réalisateur semble toujours un peu hésiter entre quelque chose de plus sérieux ou, aller plus loin dans l’ironie et le côté burlesque. A force d’essayer de jouer sur les deux tableaux, il finit par se perdre, comme le spectateur, d’ailleurs. Jean-Paul Salomé veut créer une vraie ambiance, notamment avec la neige, le côté station sans vie (puisqu’en hors saison) et l’angoisse de cette enquête qui se transforme peu à peu avec ses révélations, ses portes qui se referment, ses personnes qui écoutent aux portes et ses joggeurs mystérieux (rien que ça !). Ce n’est pas très bien réussi, notamment à cause du scénario qui ne permet pas d’y croire une seule seconde et d’une mise en scène un peu trop prononcée par moments (notamment avec la musique, trop présente). Par contre, là au milieu, on trouve François Damiens, une nouvelle fois formidable, tout en nuances et par moments hilarant. Lucien Jean-Baptiste, caution sérieuse du film, n’est pas le personnage le plus intéressant du film, malheureusement pour lui. Il peine donc à lui donner un vrai intérêt. Géraldine Nakache, elle, s’en sort plutôt pas mal dans le rôle d’une procureure coincée qui ne veut surtout pas qu’on remette en cause l’enquête. Ce n’est pas exceptionnel mais, au moins, ça fonctionne. Pas comme ce film, qui, malgré quelques moments plus réussis, ne parvient pas à tenir sur la durée un pitch assez formidable…



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