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TimFaitSonCinema
Aaron Cross est un jeune agent d’un programme secret – [i]Outcome[/i] –, sorte de [i]Treadstone[/i] amélioré. Alors que l’affaire Jason Bourne menace de tout révéler, les services secrets décident d’éradiquer ce programme. Mais, avec Aaron Cross, ils ont affaire à un vrai dur à cuire…
Verdict:
Trop long à démarrer, avec un scénario qui complique inutilement les choses, et une réalisation pas forcément à la hauteur, ce nouveau Jason Bourne déçoit plus qu’il ne séduit. Pourtant, Jeremy Renner campe de son côté un agent d’élite crédible.
Coup de coeur:

Jeremy Renner

La date de sortie du film:

18.09.2012

Ce film est réalisé par

Tony GILROY

Ce film est tagué dans:

Film d'action

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 La Critique


Reprendre le flambeau d’une trilogie comme celle devenue mythique du personnage Jason Bourne est tout de même une opération quelque peu risquée et presque un peu suicidaire. Bien sûr, dans le contexte cinématographique actuel, surtout à Hollywood, ça permet d’assurer une bonne rentrée d’argent, sans prendre des risques démesurés, loin de là, puisque le succès en salles est promis avant même la sortie du film. Mais les trois volets de la saga Bourne (Mémoire, Mort, et Vengeance dans la peau) formaient un ensemble vraiment cohérent, avec un personnage central charismatique, un fil conducteur scénaristique qui animait les trois films et une identité visuelle marquée (au moins des deux derniers, réalisés par Paul Greengrass). Ces films ont de plus sensiblement réinventé les codes du film d’action moderne et il n’est qu’à voir le virage pris par les deux derniers James Bond (dont j’attends avec impatience le nouvel épisode réalisé par Sam Mendes) pour mesurer l’impact de ces longs métrages sur le milieu hollywoodien, qui reste quand même la référence en termes de films d’action.

Ce qui est assez étonnant, c’est que Jason Bourne : l’héritage n’est pas vraiment une suite mais apparaît plutôt comme un « complément », pas forcément utile, nous y reviendrons. D’ailleurs, son action se passe en parallèle de la dernière partie de La vengeance dans la peau et on voit quelques éléments du film précédent. Matt Damon, lui, n’est plus là, si ce n’est en photo) et son personnage non plus, remplacé par un autre agent, interprété par Jeremy Renner, plutôt bon, notamment dans le côté clinique et brut de décoffrage du personnage. C’est presque une machine et seules quelques touches nous rappellent sa condition d’humain. En fait, c’est un peu comme si on faisait un James Bond avec comme personnage principal l’agent 006, ce qui est sur le principe un peu étrange, mais bon, pourquoi pas, après tout. Et, du point de vue de la réalisation, Tony Gilroy, scénariste des trois premiers épisodes, prend les choses en main. Cela montre bien la volonté de continuité recherchée par les studios Universal. Mais, le problème, c’est que ce nouveau Jason Bourne n’atteint à aucun moment la qualité des premiers épisodes. Il manque en fait à peu près tout : un scénario vraiment correct, plus de scènes d’action et une meilleure gestion des quelques séquences les plus explosives. Même si ça reste un bon film d’action, Jason Bourne : l’héritage est une déception, n’ayons pas peur de le dire.

La première demi-heure est vraiment très bizarre car elle instaure un faux rythme qui, finalement, va nous suivre tout le long du film. On voit en parallèle, par séquences de trois ou quatre minutes, d’un côté Aaron Cross seul au cœur des montagnes de l’Alaska, et de l’autre, différentes discussions entre les hautes autorités du pays pour savoir que faire pour gérer le cas Bourne et ses probables conséquences. Ca n’avance pas et on s’ennuie même par moments, ne voyant pas vraiment où cela veut en venir. Quand la chasse à l’homme est lancée, on croit que les choses vont changer. Mais elles ne le font pas tant que cela, finalement. Ce début se donne surtout des airs très complexes en multipliant les lieux, les organismes (on fait le tour des différentes agences de renseignement américaines) et les personnages… Mais, en fait, assez vite, on se rend compte, que, derrière une façade qui se veut alambiquée, le scénario est particulièrement simple, voire même simpliste : Aaron Cross échappe à la destruction de son programme – et donc à sa propre mort. Il cherche alors à tout prix un médicament afin de continuer à avoir les mêmes facultés physiques et mentales. Car c’est là la différence fondamentale entre Treadstone et Outcome : les membres de cette dernière opération sont suivis médicalement et complètement dopés par différentes substances. D’où la rencontre avec cette femme médecin qui va l’aider dans sa quête.

Parce qu’Aaron Cross n’est pas seul dans sa quête. Il est accompagné pendant une bonne moitié du film par Marta Shearing, qui l’a ausculté durant tout le programme et qui a accès aux fameux médicaments. Celle-ci est jouée par une Rachel Weisz qui a un tout petit peu tendance à en faire trop, notamment dans le côté apeurée par ce qui lui arrive. Ce personnage féminin, s’il ne se réduit pas uniquement à une présence, comme trop souvent dans les films d’action, n’est pas non plus le intéressant que l’on ait vu au cinéma. Elle est surtout dans une position de suiveuse de ce que fait Aaron Cross, bien plus que de décideuse. Elle n’apparaît presque au final que comme une « clé d’accès » à ce que cherche l’agent. Par contre, elle est au cœur de ce que sont sans doute les deux meilleures scènes du film : celle de la tuerie au laboratoire, froide et clinique et celle de la maison, pas mal du tout dans la tension qu’elle instaure peu à peu. Face à Aaron Cros, on trouve principalement Eric Byer, chef de services secrets et responsable du programme. Il est interprété par un Edward Norton qui m’a semblé en pilote automatique et détaché du film. En même temps, son rôle n’est pas évident car il reste constamment enfermé dans des bureaux…

Il y a dans ce film un nombre de scènes d’action très limité, puisqu’elles peuvent se compter sur les doigts d’une main, et encore… C’est assez étrange, car, justement, les épisodes précédents avaient construit leur intérêt et leur renommée sur une montée progressive des scènes d’action au cours du film (Ah… l’enchaînement Moscou, Waterloo, Tanger ou New York dans La vengeance dans la peau…). Là, presque rien, si ce n’est de toutes petites montées de violence, mais sans plus. Tout semble gardé pour le dernier quart d’heure et cette poursuite sur les toits et dans les rues de Manille. La première partie de cette séquence rappelle beaucoup celle de Tanger dans sa construction, mais la fin est quand même différente. Ce qui est assez « drôle », c’est que, comme le film dans son ensemble, cette scène me aussi du temps à trouver son rythme de croisière. En effet, le début est assez embrouillé et je trouve que le réalisateur a du mal à gérer la notion d’espace. Il décide de changer de plans six fois par secondes mais, en tant que spectateur, on ne sait plus bien où on en est et c’est dommage, car c’est vraiment le plus important dans n’importe quelle scène d’action.

Bref, ce Jason Bourne : l’héritage ne restera malheureusement pas dans les annales des films d’action moderne, même si on a vu largement pire, attention. Et dire qu’une nouvelle suite est prévue… J’ai un peu du mal à voir dans quelle galère ils vont aller s’enferrer, en continuant à mettre Aaron Cross aux prises avec ses propres employeurs... Mais bon, c’est malheureusement la loi du genre aujourd’hui quand un film marche bien… En ce sens, ça me fait un peu penser à la série de bande-dessinée XIII dont les cinq premiers albums constituaient un ensemble assez magistral mais dont on a décidé qu’elle devait continuer coute que coute, et qui, peu à peu, a sombré dans quelque chose de beaucoup moins excitant et même de franchement inquiétant pour les deux ou trois derniers épisodes. Espérons que la saga Bourne ne prenne pas le même chemin. Mais j’ai bien peur que si. On pourra toujours se repasser à la suite les trois premiers, parce qu’ils envoient quand même du très lourd et surtout, constituent un tout cohérent et au scénario complexe mais compréhensible. De vraies réussites, quoi. Pas comme ce dernier, malheureusement…



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