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TimFaitSonCinema
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HITCHCOCK

Alfred Hitchcock a rencontré un grand succès avec [i]La mort aux trousses[/i]. Mais il ne sait pas vraiment quoi faire pour son film suivant. On le presse de toute part mais, au fond de lui, ce qui l’intéresse, c’est d’adapter le livre [i]Psychose[/i]. Malgré les difficultés, il va tenir à son projet, coûte que coûte…
Verdict:
Film qui se laisse gentiment regarder, ce Hitchcock ne restera pas non plus dans les mémoires. Un peu trop fouillis et superficiel, le film manque à la fois de nerf et d’un vrai fond intéressant. Même l’interprétation d’Anthony Hopkins est quelque peu fade…
Coup de coeur:

Helen Mirren

La date de sortie du film:

06.02.2013

Ce film est réalisé par

Sacha GERVASI

Ce film est tagué dans:

Biopic

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 La Critique


Quand pour un premier film, un réalisateur « s’attaque » à un monstre sacré du cinéma et, plus particulièrement, à son film le plus célèbre et le plus emblématique, c’est assez déroutant. Il faut tout de même souligner le caractère « couillu » et ambitieux de l’opération, même si j’ai tendance à penser que c’est plus un film de studio qu’autre chose. Par cela, j’entends que la Fox avait sans doute en tête de faire un film sur le fameux auteur britannique et qu’ils ont par la suite trouvé un réalisateur d’accord pour se mettre à la tâche. C’est donc différent des cas où une personne porte véritablement un projet du début à la fin. Je ne sais pas exactement comment ça s’est passé mais je le sens vraiment comme cela, question d’intuition. Pour ne pas faire un biopic habituel, il a été décidé de s’intéresser qu’à une partie très courte de la vie d’Alfred Hitchcock : le tournage de Psychose, son plus grand succès et le film où on trouve la scène la plus emblématique de son cinéma : celle de la douche. Ce n’est pas forcément la plus mauvaise idée du siècle mais le souci est que si ce film n’est pas vraiment déplaisant, on ne peut pas dire non plus qu’il soit véritablement exaltant, loin de là.

En fait, en ne se basant que sur quelques mois de la vie du réalisateur, le scénario a le mérite de bien définir les contours de ce que l’on va voir. Ca ne s’éparpille pas dans tous les sens. Et cela pourrait être intéressant puisque voir le processus de fabrication d’un film, surtout culte comme celui-là, a forcément quelque chose de presque fascinant. Mais le problème est que Hitchcock passe largement à côté de tout cela en s’intéressant plutôt aux à-côtés. Ceux-ci ont bien sûr leur importance dans la fabrication du long-métrage mais on a plus l’impression d’assister à une suite d’anecdotes qu’à une histoire dont le fil se déroule de façon claire, avec un vrai fond. Ca manque donc la plupart du temps d’intérêt et on s’ennuie au final bien assez. Hitchock a aussi un côté assez brouillon puisque tout s’enchevêtre de manière parfois un peu désordonnée. Mais, rendons à César ce qui appartient à César, ce côté un peu foutraque vient aussi de l’aspect sans aucun doute le plus intéressant du film : la façon dont sont mêlés l’histoire de la fabrication du film et la relation intime entre Alfred Hitchcock et sa femme, Alma Reville. En fait, avec ce film, on se rend compte que, derrière le génie de l’homme, il y avait aussi une femme qui l’a beaucoup accompagné au cours de cette aventure, que ce soit en relisant son scénario, en lui donnant des conseils ou en le remplaçant même en plateau lorsqu’il était malade. Cette Alma tient le rôle le plus intéressant de tout le film car il est le plus ambigu, le moins « formaté ». C’est en fait le personnage que l’on a le plus envie de découvrir en visionnant le film, bien plus que ce Hitchcock qui paraît bien plus effacé. Dans sa réalisation, Sacha Gervasi, lui, a une petite tendance à être un peu trop démonstratif. Il surajoute toujours au discours une image ou un effet qui renforce ce qui est dit. Par exemple, pour montrer l’angoisse qui saisit le réalisateur à la pensée de son projet, Gervasi se sent obligé de faire intervenir le véritable tueur qui a inspiré l’histoire. Ce dernier lui parle et lui donne presque des conseils. Personnellement, je déteste ce genre de séquences qui montrent souvent l’impuissance d’un scénario pour montrer efficacement les choses… Ce côté très démonstratif est évidemment dans un souci de bien faire les choses et on ne peut pas blâmer le réalisateur mais ce n’est pas vraiment réussi.

Sur le personnage d’Alfred Hitchcock en lui-même, interprété par Anthony Hopkins (vous remarquerez que ce sont les mêmes initiales), on peut se demander s’il n’y a pas une petite tromperie sur la marchandise. En effet, bien qu’il ne soit pas à proprement parler mauvais, l’acteur en fait tellement pour imiter le sujet du film (notamment avec la bouche en cul de poule) que ça en perd tout naturel et qu’on se croirait dans une sorte de « Musée Grévin animé ». Et, en plus, comme pour ce type de musée, la ressemblance est plus que discutable. On a affublé Anthony Hopkins de quelques artifices de costume mais, à aucun moment, on voit le moindre petit rapport avec Hitchcock, ce qui tout de même est un peu gênant. La preuve ultime que ce rôle titre est quand même pas loin d’être un ratage se trouve dans la non nomination d’Anthony Hopkins à l’Oscar du meilleur acteur. Pourtant, depuis quelques années, ce genre de rôle (imitation d’un personnage connu) est plus que favorisé au moment des récompenses, ce qui a un peu le don de m’agacer, je vous l’accorde. Cette année, rien du tout pour le comédien, ce qui pourrait presque passer pour un camouflet. Helen Mirren, elle, par contre, a été un peu plus reconnue puisqu’elle a obtenu quelques nominations, assez méritées à mon goût car elle a un jeu très fin. C’est, comme nous l’avons dit précédemment, le rôle le plus intéressant du film, et de loin, au point où l’on peut se demander si ce long métrage n’aurait finalement pas du s’appeler Alma et Alfred ou bien Alma, tout simplement. Cela aurait sans doute eu plus de sens.



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