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TimFaitSonCinema
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EN SOLITAIRE

Yann Kervadec a du remplacer son ami et futur beau-frère pour participer au Vendée Globe. Alors qu’il effectue un très bon début de course, une avarie l’oblige à s’arrêter réparer aux Canaries. Très vite après cet épisode, il va se rendre compte qu’il n’est plus seul sur son bateau…
Verdict:
Le rendu de la voile est assez impressionnant mais tout ce qui tourne autour est particulièrement raté car bien trop convenu et plein de bons sentiments. Et là au milieu, on trouve un François Cluzet toujours aussi bon…
Coup de coeur:

François Cluzet

La date de sortie du film:

06.11.2013

Ce film est réalisé par

Christophe OFFENSTEIN

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


C’est décidément l’année où le cinéma français décide de mettre à « l’honneur » le patrimoine sportif du pays. Après le Tour de France qui en avait pris un coup (La grande boucle), c’est au tour du Vendée Globe, course de voile mythique (tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance et qui a lieu tous les quatre ans, au départ des Sables d’Olonne) d’être soumis à la difficile transposition de l’événement sportif à la fiction cinématographique. Et de nombreux exemples montrent que c’est vraiment plus compliqué que ça peut en avoir l’air au premier abord. Je passerai gentiment sur le dernier en date puisque La grande boucle était un ratage complet qui faisait plus de mal au Tour de France qu’autre chose. Même si, comme chacun sait, je suis un grand amateur de sport, je dois bien avouer que la voile, ça n’a jamais été ma tasse de thé et je m’y intéresse que de très loin. Mais, quand même, le Vendée Globe dégage quelque chose de différent : il y a dans cette course un souffle épique et, on peut le dire, mythique. Même s’ils sont aujourd’hui très entourés et que la sécurité est vraiment au cœur des préoccupations, je considère encore ceux qui se lancent dans cette course comme les derniers aventuriers (ou presque) du sport moderne. Faire le tour du monde en 80 jours (et même moins pour les plus rapides), seul et dans des conditions qui peuvent être dantesques, ça a quelque chose de magique et, d’une certaine manière, d’assez cinématographique. En tout cas, c’est un point de départ intéressant et un beau projet en perspective. Mais pour faire un film grand public autour d’un tel sujet, il faut réussir à raccrocher une histoire et ne pas se contenter de la dramaturgie d’une course de cette ampleur. Et le souci, c’est que c’est vraiment là que le bât blesse dans En solitaire.

C’est Christophe Offenstein, surtout connu pour être un chef opérateur de qualité, notamment pour Guillaume Canet (et dernièrement Blood Ties) qui met en scène cette histoire construite autour du Vendée Globe. C’est son premier passage à la direction et pour s’assurer d’une belle image, il a demandé à Guillaume Schiffman (multirécompensé pour The Artist) d’occuper son habituel poste de travail. Une jolie équipe sur le papier mais un long métrage qui réussit à convaincre et insupporter à la fois. Du début à la fin du film, on suit cette compétition puisqu’on attaque directement au premier jour de course et que la dernière image est celle de la remontée du chenal noir de monde après l’arrivée. Et ce que l’on peut dire, c’est que le côté que j’appellerai « course à la voile » est très bien rendu. Bien sûr, il y a tous les éléments que l’on peut trouver dans une telle aventure qui se retrouvent en une heure et demie de film (une grosse avarie, un sauvetage en mer d’une autre concurrente,…) mais, au niveau de l’image, c’est assez magnifique et souvent très impressionnant. On peut parfois presque avoir l’impression d’être sur ce bateau avec le personnage principal. Il faut aussi dire qu’un gros boulot a été fait et qu’un voilier de compétition a même été racheté pour être au plus près de la réalité. Du point de vue technique, il n’y a pas grand-chose à redire et c’est même plutôt une vraie réussite même si tout ce qui lui arrive paraît gros. En plus, en marin un peu rude sur les bords, François Cluzet est un excellent choix et, une fois de plus, il est très bon. Il va quand même falloir songer à la considérer vraiment comme l’un des plus grands acteurs français actuels car je crois que je ne l’ai jamais vu mauvais (ou, sinon, c’est que je ne veux pas m’en souvenir).

Mais le vrai souci, c’est que, sans doute pour attirer un plus large public et parce que c’est compliqué de financer un film qui s’apparenterait plus à une forme de documentaire, la course de ce Yann Kervadec est agrémentée, premièrement d’une histoire invraisemblable (un jeune homme s’est caché dans le bateau, ce qui va modifier profondément la course du skipper) mais aussi de ce qui peut se passer pour les proches du marin. Et, dans les deux cas, c’est raté et ça ne sonne pas vraiment juste. La fille de Yann a le manque de son papa, sa future femme aussi, les relations entre la fille et sa belle-mère ne sont pas faciles mais s’arrangent… Bref, on a l’impression que le scénario a mis un peu toutes les idées cliché dans un mixer et a lancé la machine pour permettre de faire des intermèdes entre les épisodes sur le bateau à chaque fois un peu différents mais finalement étrangement semblables et répétitifs. Et ce n’est vraiment pas réussi et parfois assez insupportable. Quand à ce qui se passe en mer, c’est tellement couru d’avance et plein de bons sentiments que c’en est aussi agaçant. Tout cela jusqu’à la fin où on sent vraiment trop ce qu’il va faire. Alors, En solitaire donne l’impression assez étrange que c’est finalement comme s’il y avait deux films en un et qu’ils ne cohabitaient que de manière superficielle. Pour mettre en scène le côté voile, il fallait nécessairement quelque chose autour et on a bricolé à la va-vite une intrigue et quelques idées à placer un peu partout. En solitaire est une sorte de film hybride, assez difficilement appréhendable car de moments de vrai bonheur cinématographique, on passe très rapidement à une certaine affliction devant tant de mièvrerie (parfois, pas tout le temps). Et si, finalement, la musique résumait bien cela ? Alors qu’elle n’est pas mauvaise en elle-même, elle finit par agacer en étant autant associée au « mauvais pendant » du film… En solitaire : une jolie pub pour le Vendée Globe, une mauvaise pour la fiction « à la française »…



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