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TimFaitSonCinema
Alors qu’il dirige son navire de marine marchande aux larges des côtes somaliennes, le Capitaine Richard Phillips doit gérer une attaque de pirates qui le prennent en otage et menacent tout l’équipage. Ils demandent une rançon mais les choses vont assez vite dégénérer…
Verdict:
Prenant, très efficace et interprété avec brio, Capitaine Phillips reprend à merveille les bonnes recettes des films de Greengrass, notamment ce style très nerveux. Mais ça n’en reste pas moins un long métrage qui pose de vraies questions sur le monde actuel et ses inégalités.
Coup de coeur:

Tom Hanks

La date de sortie du film:

20.11.2013

Ce film est réalisé par

Paul GREENGRASS

Ce film est tagué dans:

Film d'action

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 La Critique


Voilà Paul Greengrass de retour aux affaires ! Quatre ans après Green Zone, celui qui s’était surtout fait connaître par sa réalisation des deux derniers volets de la (vraie) trilogie Jason Bourne (La mort et La vengeance dans la peau), met en scène une histoire vraie (celle de la prise d’otage d’un bateau au large de la Somalie) qui a eu lieu en 2009. Ce qui est assez cocasse, c’est que, en 2006, Greengrass avait réalisé Vol 93, qui, lui, était basé sur la prise d’otages d’un avion (celui qui s’était écrasé dans un champ lors du 11 septembre, du fait de la résistance des passagers). En passant des airs à la mer, le metteur en scène britannique (ancien journaliste, ce qui n’est pas anodin) n’en perd pas pour autant ce qui a toujours fait la force de son cinéma : une capacité à politiser de façon intelligente ses films, un style globalement très nerveux et presque documentaire et une vraie volonté de mettre le spectateur au cœur des enjeux. D’ailleurs, Green Zone, sur la guerre en Irak, procédait avec les mêmes recettes et réussissait son coup. Cet été, un film danois (Hijacking) avait déjà pris comme sujet l’attaque d’un bateau par des pirates au large des côtes africaines. Ce n’était pas forcément extrêmement réussi mais, bien que la base du scénario soit la même, le traitement était surtout très différent car Hijacking s’intéressait presque davantage aux négociations qu’aux conditions de détention de l’équipage. Car détention, il y avait, et longue, en plus, ce qui fait une autre différence avec Capitaine Phillips, où, finalement, tout se passe rapidement (peut-être trois ou quatre jours) et où, assez vite, ce n’est plus un bateau qui fait l’objet de la prise d’otage mais bien un homme, le fameux capitaine. Les enjeux sont bien sûr différents mais, honnêtement, Greengrass s’en sort mieux et offre avec Capitaine Phillips un film d’action plutôt intelligent et terriblement efficace.

Ce qui est bien avec Paul Greengrass, c’est que l’on peut reconnaître son style très facilement et sans trop de risques de se tromper : avec sa caméra à l’épaule, son montage hyper serré et son grain d’image imparfait, il fait ressembler ses films à des sortes de documentaires « en immersion » où la caméra ferait partie de l’action puisqu’elle en est au centre. D’ailleurs, Capitaine Phillips plonge vraiment le spectateur au cœur de cette prise d’otage, notamment dans toute la deuxième moitié du film qui se passe dans un tout petit esquif. On a réellement l’impression de se trouver au milieu des cinq hommes qui composent cet équipage de fortune. Pendant tout le film, il y a une vraie tension qui s’installe de façon progressive et qui est poussée à son paroxysme dans certains passages vraiment forts. Tout le côté action est aussi très bien mis en scène avec un vrai sens du rythme (le fameux temps forts / temps faibles), des rebondissements et des séquences qui valent vraiment le détour par leur intensité dramatique et visuelle. Toute la fin ressemble même à un véritable film de guerre où, malgré la différence évidente de niveau (trois navires militaires américains et des forces spéciales contre quatre malheureux preneurs d’otage dans un canot de survie), les jeux ne sont pas faits car la vie d’un otage est en jeu. La partition de Henry Jackman, bien que pas exceptionnelle, participe aussi de tout cet ensemble qui fait de Capitaine Phillips un vrai bon film d’action, très efficace et duquel on a du mal à décrocher. Mais, là où le long métrage prend une vraie dimension, c’est que ce n’est pas uniquement simplement de l’action. En effet, ce film a aussi une connotation politique importante. Et, ça change un peu, il faut bien le dire, des habitudes de ce côté-là…

Car Capitaine Phillips ne s’intéresse pas uniquement au « côté américain » (comme le titre pourrait pourtant le laisser penser) mais on voit aussi la manière dont l’attaque est préparée en Somalie (notamment le « recrutement » des soldats qui se fait de manière un peu étrange) et dont elle impacte les pirates eux-mêmes. Greengrass essaie de comprendre et d’expliquer le pourquoi de cette attaque et les raisons qui peuvent pousser des hommes à commettre un acte qui les condamne presque obligatoirement. D’une certaine manière, c’est aussi l’Occident qui en prend pour son grade car cette misère et cet appât du gain que l’on trouve chez ces jeunes gens (et surtout leurs chefs qui se gardent bien de mener les opérations eux-mêmes), c’est aussi le résultat du délaissement de ce pays par les pays occidentaux. Le duel final représente à lui seul la différence énorme qu’il peut exister entre deux mondes qui s’affrontent littéralement ici. Et cela est bien montré par ce qui est véritablement le cœur du long métrage : la confrontation entre le Capitaine Phillips d’un côté et le chef des preneurs d’otage (Muse de son prénom) de l’autre. Les deux sont animés de motivations très différentes mais, d’une certaine façon, ils essaient de se comprendre. Assez vite, pourtant, leur sort ne dépendra plus d’eux. Pour les interpréter, on trouve un jeune amateur (Barkhad Abdi) assez impressionnant (notamment avec son regard exalté) d’un côté et Tom Hanks de l’autre. Celui qui s’est fait une spécialité des personnages de héros banal trouve ici un rôle tout à fait à sa convenance. En effet, ce capitaine se sacrifie pour son équipage avant de trouver la force de résister aux épreuves. Hanks est parfait et donne une vraie consistance et une profondeur insoupçonnée à cet homme ordinaire qui se retrouve au cœur d’une situation totalement extraordinaire. Il fait un candidat de poids dans la future course aux Oscars. D’ailleurs, le film aussi pourrait bien récupérer quelques nominations, sans que ce ne soit immérité.



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