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TimFaitSonCinema
Camille a quarante et un an, une fille et est en instance de divorce. Après une soirée de nouvelle année bien arrosée, elle se réveille l’année de ses seize ans, avec ses parents, ses amies de lycée, et va revivre la naissance de son grand amour avec l’espoir d’en modifier le cours.
Verdict:
D’une très bonne idée de départ, Noémie Lvovsky parvient, grâce à une réalisation enlevée et à quelques très bonne idées, à créer un film assez singulier et plutôt agréable. Un peu too much par moments mais quand même plutôt réussi.
Coup de coeur:

Samir Guesmi

La date de sortie du film:

12.09.2012

Ce film est réalisé par

Noémie LVOVSKY

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Noémie Lvovsky est une actrice que l’on a énormément vu depuis un an au cinéma puisqu’elle a joué un grand nombre de petits rôles, mais toujours avec justesse (L’Apollonide, Le Skylab, 17 filles, Les adieux à la Reine ou encore A moi seule). C’est en tout cas une comédienne qui a la faculté de se fondre à peu près dans tous les long-métrages avec la même aisance et le même talent. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’elle est avant tout réalisatrice et je n’avais jamais eu l’occasion d’aller voir un de ses films même si on m’a toujours dit plutôt du bien des Sentiments, son troisième long-métrage datant de 2003. En même temps, quand on voit les remerciements (on y trouve notamment le producteur à succès Pascal Caucheteux ou encore le réalisateur de documentaire Barbet Schroeder, en plus de pas mal d’autres figures du cinéma français), on peut se dire qu’elle a su prendre de bons conseils. Camille redouble, son nouveau film, avait visiblement fait son effet lors de la dernière Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes puisqu’il avait globalement enthousiasmé la presse présente. Personnellement, je n’étais pas forcément rassuré avant de me rendre à la séance, ayant peur de me retrouver devant ce que j’appelle un peu méchamment un « film Télérama », c'est-à-dire très apprécié par la critique en général mais, au final, très décevant. Là, ce n’est pas le cas puisque Camille redouble est à plusieurs égards un film à la fois frais et plutôt émouvant. Un joli petit long-métrage en somme.

L’idée de départ est assez originale puisqu’au bout d’un petit quart d’heure, on se retrouve plongé au plein cœur des années 80, vues en plus à travers les yeux d’une adolescente. Autant dire que cette période est sans doute en grande partie fantasmée. La réalisatrice et scénariste s’y replonge visiblement avec délectation. Mais tout y est (habillement, voitures, décoration intérieure) et la réalisatrice parvient rapidement à donner le ton de cette époque, notamment en donnant une grande importance à la musique de ces années-là, extrêmement présente, parfois en fond de certaines séquences, mais aussi comme véritable marqueur de certains évènements importants. Tout ce côté « retour dans le passé » est plutôt une réussite dans ce film et c’est pour le moins important puisqu’il en constitue une très grande majorité. Ce qui est assez étrange là-dedans, c’est le fait que le personnage de Camille garde son apparence et son expérience d’adulte tout en faisant tout pour ressembler à une adolescente (même si elle semble vue par les autres comme quand elle avait seize ans). Le scénario s’amuse beaucoup de tous les décalages qui en découlent nécessairement et certains passages sont ainsi très drôles. Parce que, dans l’ensemble, ce long-métrage est bien écrit même s’il y a quelques éléments un peu plus discutables dont nous reparlerons plus bas. Tout cela donne à Camille redouble un aspect assez singulier et non formaté qui est loin d’être désagréable. De plus, Noémie Lvovsky a quelques bonnes idées de metteur en scène et n’en rajoute globalement pas trop dans sa réalisation, tout en réussissant à garder une vraie vitalité.

Ce que l’on peut reprocher principalement à ce film, c’est la façon dont il insiste un peu trop sur le côté « et si on changeait quelque chose dans sa jeunesse, quelles en seraient les conséquences dans le présent ? ». Bien sûr, c’est l’un des objets de Camille redouble de poser ces questions, mais ça a tendance à être fait de manière pas très fine. Il y a un grand nombre de questions un peu bateau que l’on a l’impression d’entendre tout le temps qui sont posées ici de manière un peu trop nette, notamment autour des réflexions sur le temps qui passe ou l’amour originel que l’on a perdu. C’est même assez surprenant, car, de façon globale, le film est plutôt finement écrit, mais, sur certaines séquences, on sent vraiment que l’idée que veut faire passer Noémie Lvovsky ne peut pas l’être sans un dialogue un peu pompeux. De même, dans le côté « émotion », je trouve que la réalisation en rajoute un peu et flèche trop toutes les séquences (notamment vers la fin). C’est bien sûr assez émouvant mais me faire prendre par la main de cette façon m’agace toujours un peu. Je suis peut-être un peu sévère mais ça m’a vraiment choqué à certains moments, sans doute car le reste est plutôt réussi et que j’ai du mal à comprendre ces aspects.

Noémie Lvovsky, en plus d’être la réalisatrice du film, est de presque tous les plans en tant qu’actrice (Camille, c’est donc elle). Elle s’acquitte plutôt bien de sa tâche, prenant manifestement un vrai plaisir à se replonger dans l’époque qui a été celle de sa jeunesse. Elle joue parfaitement sur le côté décalé des différentes situations. En face d’elle se trouve Samir Guesmi qui, lui aussi, joue son mari aux deux époques (mais ce changement physique est plus net). Je ne sais pas vraiment d’où sort cet acteur (même s’il a déjà joué dans des films que j’ai vu, sans que je ne le remarque trop…) mais, dans Camille redouble, il est une vraie révélation : drôle et sensible, il donne une vraie consistance à son personnage d’amoureux éconduit mais tenace. Sa performance permet d’ailleurs à l’ensemble du film de se tenir puisqu’il offre un véritable contrepoint au personnage central de Camille. Sans sa présence, le film aurait eu beaucoup moins d’intérêt. Même si ce n’est pas le long métrage du siècle, ni de l’année d’ailleurs, Camille redouble est une comédie agréable, qui se laisse bien regarder et qui offre même quelques jolis moments. On n’en demande pas beaucoup plus, en fait…


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JCT 20.09.2012, 19:02

J'ai beaucoup aimé ce film, et pour plusieurs raisons. D'abord, je trouve que Noémie Lvovski commence à "faire oeuvre". De film en film, elle innove, elle crée, elle fait des films différents et originaux, ce qui n'est pas si fréquent. Par ailleurs, elle livre une très belle performance d'actrice, ce qui n'est pas si simple lorsque l'on est aussi réalisatrice.
J'ai vraiment aimé le truc qui consiste à la faire revivre ses 15 ans dans son corps d'adulte. Au début, cela surprend. Puis on accroche, et c'est finalement une manière de nous laisser en suspens entre l'onirique (elle se réveille à la fin) et le réel (elle retrouve le professeur 20 ans après...) Rêve ou véritable remontée dans le temps ? On balance !
J'ai aussi été très touché par certaines scènes, et en particulier celle qui est accompagnée par la chanson de Barbara. Quelle voix, quel talent !
Enfin, je trouve qu'un des talents particuliers de N. Lvovski est de faire jouer des actrices jeunes qui ne sont pas des top-models et de leur donner une très belle consistance de jeunes femmes, là où tant d'autres se contentent de surfer sur le physique. Le trio des copines du lycée est assez improbable, ce ne sont pas des "petites bombes" mais elles sont très convaincantes et talentueuses.
Voilà, j'ai vraiment passé une très belle soirée et je reverrai ce film avec plaisir.


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