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TOUS LES HOMMES N’HABITENT PAS LE MONDE DE LA MÊME FAÇON DE JEAN-PAUL DUBOIS

 L'Article


Jean-Paul Dubois

Paul Hansen purge une peine de prison de deux ans dont on ignore la cause. Il partage sa cellule avec Patrick Horton, un Hells Angel haut en couleur. Son incarcération le pousse à revenir sur sa vie et sur les différents personnages et éléments qui ont fait de lui ce qu’il est maintenant.

Ce n’est pas forcément quelque chose que je cherche à faire absolument (comme, un temps, aller voir au cinéma la Palme d’Or du Festival de Cannes ou le nouveau Woody Allen), mais il s’avère que, parfois, je m’attaque au livre qui a reçu le prestigieux Prix Goncourt, celui qui est le plus attendu de toutes les récompenses littéraires et qui peut faire à lui tout seul une carrière. J’ai rarement été déçu (Au revoir là-haut de Pierre Lemaître était même un très grand livre, dont l’adaptation au cinéma par Albert Dupontel, vue récemment, ne m’a, elle, pas vraiment convaincu). C’est donc encore le cas cette année. J’étais à la fois plutôt « rassuré » par l’auteur (dont j’avais pu apprécier précédemment Le cas Sneijder) et encouragé par toutes les personnes que je connaissais qui l’avaient déjà lu et m’en disaient le plus grand bien. Et ce Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon s’est inscrit dans cette lignée puisqu’il m’a vraiment plu. C’est même le genre de roman que l’on est triste de quitter une fois qu’on a tourné la dernière page.

 

Cela tient principalement au fait que l’auteur a un vrai talent pour inventer ici de toute pièce la vie d’un homme auquel, en tant que lecteur, on s’attache forcément. Pendant presque 250 pages, on va suivre son existence, de sa jeunesse à Toulouse, lui, le fils d’un pasteur d’origine danoise et d’une gérante de salle de cinéma libertaire, jusqu’à sa vie au Québec. Il ne lui arrive pas forcément d’aventures extraordinaires, mais c’est plutôt dans la manière de raconter un quotidien somme toute assez banal que l’auteur réussit un vrai tour de force. Entre sensibilité, mélancolie, touches d’humour ou encore réflexions sur le sens de la vie, on navigue entre les époques et les lieux, bercés par une ambiance agréable et presque réconfortante. Et Dubois a une réelle capacité à créer des personnages secondaires absolument irrésistibles. C’est évidemment le cas pour Patrick Horton, le codétenu de Paul, qui est un vrai mythe à lui tout seul. Mais les parents de Paul ou ce Kieran Read (très belle référence au rugby, d’ailleurs) sont aussi de véritables caractères à part entière, dont on aurait presque envie d’en savoir plus. Jean-Paul Dubois est vraiment un auteur dont je vais essayer de découvrir les précédents ouvrages car j’apprécie la manière dont il raconte des histoires, avec un style très fluide, souvent drôle et très agréable à lire. Bref, Tous les hommes… est un livre charmant que je recommande grandement.

« À cette heure, la prison est endormie. Au bout d’un certain temps, quand on s’est accoutumé à son métabolisme, on peut l’entendre respirer dans le noir comme un gros animal, tousser parfois, et même déglutir. La prison nous avale, nous digère et, recroquevillés dans son ventre, tapis dans les plis numérotés de ses boyaux, entre deux spasmes gastriques, nous dormons et vivons comme nous le pouvons. »

Avec son nouveau livre, auréolé du Prix Goncourt, Jean-Paul Dubois prouve une nouvelle fois qu’il est un écrivain qui compte en France. Avec son écriture sensible, sa faculté à accrocher le lecteur à la destinée de ses personnages et son humour parfois tordant, il fait de son roman une véritable réussite. Son Tous les hommes… a tout pour être adapté au cinéma et je ne doute pas une seconde que ce sera le cas prochainement. J’espère juste que celui qui le fera sera à la hauteur du livre !


Tous les hommes...




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