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PAZ DE CARYL FÉREY

 L'Article


Caryl Férey

Le calme semble ne pas être loin en Colombie alors que FARC et narcotrafiquants ont accepté de discuter d’un accord de paix, sous l’égide de Saul Bagader. Mais une vague de meurtres atroces vient rappeler les pires heures du pays. Lautaro, le fils de Saul, chef de la police de Bogota, va devoir plonger dans la douloureuse histoire familiale pour essayer de comprendre ce qui se joue réellement.

Caryl Férey, l’un des auteurs de polar français les plus reconnus aujourd’hui, s’est lancé dans une exploration de l’Amérique du Sud à travers ses derniers romans. En nous racontant une histoire moderne qui prend racine dans l’histoire mouvementée du pays, il montre comment ce passé souvent peu glorieux a des conséquences énormes sur le présent. Après Mapuche (sur l’Argentine) et Condor (sur le Chili), il s’intéresse cette fois-ci à la Colombie. Si le sujet est peut-être moins « politique » (il n’y a pas là d’ancienne dictature qui trouble le passé), les années de guérilla, ainsi que l’importance du trafic de drogue ont profondément marqué le pays et continuent d’ailleurs à le faire aujourd’hui. Comme toujours, on sent que l’auteur a cherché à s’imprégner de son sujet et qu’il veut faire passer au lecteur la rage qui l’habite en décrivant les turpitudes d’un pays qui semble voué à ne connaître que la violence comme mode de fonctionnement.

Car, une fois de plus, ce qui marque ici dans l’écriture de Férey, c’est la manière dont il ne cherche à aucun moment à ménager le lecteur (même s’il avoue dans la note de fin avoir plutôt édulcoré certains éléments) et mêmes ses propres personnages. Avec lui, on ne sait jamais vraiment si ce protagoniste auquel on s’est un peu accroché ne va pas mourir brutalement la page suivante. Cela laisse d’ailleurs une certaine forme d’incertitude qui est plutôt plaisante. Par contre, ce qui est moins agréable, c’est le côté extrêmement « graphique » de ses descriptions. Pas grand chose ne nous est épargné et il faut parfois avoir le cœur bien accroché. Je comprends d’ailleurs qu’on puisse parler de violence gratuite même si, à mon sens, pour faire comprendre les ressorts profonds d’une situation, il faut être le plus réaliste possible. Enfin, un peu comme dans ses livres précédents, ce n’est pas forcément l’enquête en elle-même qui semble la plus importante (on sent même un peu venir le pot aux roses) mais bien l’ambiance globale dans laquelle celle-ci se déroule et fait la preuve des dysfonctionnements du pays en question.

« Ex-acteurs du conflit recyclés dans le privé, groupes armés d'extrême gauche ou droite toujours en exercice, délinquants manipulés, narcos, capos mafieux et sicarios, tout ce que la Colombie comptait de criminels était susceptible d'avoir planifié pareille boucherie. Jusqu'à présent rien n'expliquait ces meurtres sauvages, mais la coupe du « vase à fleurs » était un marqueur, tout comme l'exposition publique du corps, relents des massacres qui avaient précipité le pays dans la guerre civile : la Violencia  » 


En plongeant dans la Colombie de la guérilla et du trafic de drogue, Caryl Férey prouve une nouvelle fois qu’il est un auteur de polar un peu à part. Bien plus que le côté purement policier, presque un peu bâclé ici, ce qui l’intéresse est la toile de fond, où il va loin pour montrer et comprendre les ressorts des difficultés d’un pays. Il faut s’accrocher mais ça vaut le coup !

Paz




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