Aujourd’hui se sont clôturés les Championnats du Monde du biathlon en Allemagne, à Ruhpolding, l’un des temps fort de cette discipline.Le biathlon, pour ceux qui l’ignoreraient encore, c’est du ski de fond allié à du tir à la carabine (c’est donc historiquement le sport des douaniers). C’est aussi mon sport de cœur depuis de nombreuses années. Cela fait au moins dix ans que j’ai découvert cette discipline par l’intermédiaire de Raphaël Poirée, l’un des plus grands biathlètes de tous les temps. Je suis d’ailleurs très fier d’avoir deux autographes de lui, dont un obtenu lors de la dernière course de son immense carrière, en 2007. Depuis, j’essaie de suivre avec beaucoup d’intérêt ce sport, et j’ai « contaminé » au moins une personne de ma famille.

Toujours est-il qu’après dix jours et onze courses, la France repart avec pas moins de 8 médailles dont trois titres pour Martin Fourcade, deux médailles d’argent pour Marie-Laure Brunet, une pour Simon Fourcade et une pour chacun des relais. Une moisson historique pour le biathlon français, mais qui s’est une nouvelle fois déroulé dans l’anonymat médiatique le plus complet. La chaîne Eurosport a retransmis toutes les épreuves mais pas toujours en intégralité alors que le service public a été, une nouvelle fois, complètement absent. Pourtant, il y avait du sport ce week-end et notamment, sur France Ô des Championnats du Monde indoor d’athlétisme dont tout le monde, y compris les principaux athlètes, se moquent comme d’une guigne en cette année olympique. La seule fois où j’ai entendu parler du biathlon, c’est la semaine dernière lors du sommaire de Stade 2 où Lionel Chamoulaud a annoncé avec enthousiasme le doublé mondial de MATHIEU Fourcade ou ce soir sur France 3 lors du journal avec la victoire de Martin (c’est déjà mieux) lors de l’épreuve de « matrast » (au lieu de mass-start)…

Ce que j’ai vraiment du mal à m’expliquer, c’est pourquoi ce sport reste cantonné uniquement à une chaîne payante sauf lors des Jeux Olympiques où les commentateurs du service public (qui n’y connaissent vraiment rien et font preuve d’un chauvinisme parfois gênant) s’enflamment, disant tout le bien qu’ils pensent de ce sport tout en rappelant à plus soif le « miracle français du biathlon ». Il faut rappeler qu’il y a en France 200 licenciés pour six médailles en 2010 dont un titre et quatre médailles en 2006 dont deux titres. Des chiffres à faire pâlir d’envie toutes les autres disciplines en France mais aussi dans le monde entier. Malgré ce miracle, il y a aussi en France, ne le cachons pas, un vrai problème structurel autour de ce sport. Cette année, le pays devait accueillir au Grand Bornand sa première épreuve de Coupe du Monde, sorte d’aboutissement pour la reconnaissance de la France comme un véritable pays de biathlon mais, une semaine avant l’épreuve, tout a été annulé pour manque de neige. Il faudra maintenant attendre patiemment pendant deux ans. Et ça fait mal…

Je vais essayer de donner quelques raisons simples pour que les chaînes hertziennes s’intéressent à ce sport :

· il y aura toujours des rebondissements puisque tout est remis en cause à chaque tir à la carabine ;

· les formats de course peuvent être très courts (pas plus de quarante minutes), ce qui reste abordable, et ces courses se courent souvent à des horaires où l’audience n’est pas forcément décisive (pas de risques d’empiéter sur la septième rediffusion d’un épisode d’une fameuse série américaine à succès…) ;

· c’est facile à suivre car les épreuves masculines et féminines se disputent toujours au même endroit (ce qui, de plus, fait que presque tous les biathlètes masculins sont en couple avec des biathlètes féminines. Potins en perspective…) ;

· c’est un sport où nos rivaux principaux sont norvégiens et surtout allemands : tout pour réveiller la vieille fibre patriotique toujours enfouie quelque part (et en plus, ces derniers temps, on a plutôt tendance à les dominer) ;

· les athlètes masculins français sont plutôt sexy puisque, d’après les différentes sources en ma possession, le relais français était, physiquement, de loin médaille d’or de ces Mondiaux ;

· les Français sont particulièrement sympas et drôles. Marie Dorin-Habert (dixième biathlète au monde) est sans doute le meilleur client pour les interviews : une banane de tous les instants et toujours un mot pour rire, même quand ça ne tourne pas de son côté ;

· pour les télévisions, il y a de nombreuses possibilités de publicité (au moins dix minutes par course), ce qui, de nos jours, n’est pas donné à tous les sports…

Si avec tout cela, les chaines ne s’intéressent pas à ce sport, c’est à n’y plus rien comprendre... Mais bon, dans deux ans, lors des Jeux Olympiques, on va réentendre les mêmes commentateurs (je couperai le son, c’est promis), avec les mêmes discours,… Désolant, quoi…