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DRONES de MUSE

 L'Article


The 2nd Law

Depuis Absolution, leur troisième album (2003), la fréquence de sortie des opus de Muse a été « fixée » à trois ans, le temps de faire une grosse tournée mondiale, de se remettre de toutes ces émotions, de composer et de repartir en studio. Après, 2006 , 2009 et 2012, il était donc logique que 2015 voit l’arrivée d’un nouvel album du trio anglais, devenu avec le temps une énorme machine. En effet, il est loin le temps où j’écoutais ce groupe que presque personne ne connaissait et qui nous offrait un rock flamboyant, avec un son d’une puissance étonnante, et une galerie de titres exceptionnels.

En plus de quinze ans de carrière, c’est devenu un groupe à la renommée mondiale, qui ne se produit presque plus que dans des stades, que l’on s’arrache pour garnir les bandes originales des films à succès, et dont le chanteur est passé assez rapidement dans la rubrique people. Et leur musique dans tout ça ? Il y avait justement le sentiment qu’ils s’écartaient peu à peu de ce qui avait fait leur force au départ pour aller vers plus d’électronique, et des versions live avec parfois cinq instrumentistes au total… J’avoue avoir été un peu dérouté par cette évolution même si, globalement, je m’y suis toujours retrouvé dans leurs derniers albums (après plus ou moins de temps).

Avec Drones, c’est un « retour aux origines » qui a été annoncé par le groupe, eux qui voulaient se rapprocher du son de leurs premiers albums.  Mais en même temps, Drones est conçu autour d’une seule et même histoire (comme Green Day avait pu le faire avec American  Idiot), nouveau concept exploré par le groupe. Il est donc temps de dire un mot sur chacun des titres qui composent ce septième album de Muse :



· 1. Dead Inside

Il s’agit du premier single de Drones et le moins que l’on puisse dire, c’est que par rapport à ce qui était annoncé (moins d’électronique, un rock plus « pur »), c’est assez surprenant car, justement, Dead Inside est assez loin du son initial de Muse. Dans sa structure et ses sonorités, elle ressemble même beaucoup à Madness, la chanson qui a peut-être le plus dérouté les fans du groupe dans le précédent album. Après, je trouve qu’elle se tient plutôt avec un pont final de qualité, qui a même un côté assez épique. Un premier titre qui, sans être exceptionnel, met bien dans l’ambiance…



· 2 & 3. [Drill Sergeant] & Psycho

Après un premier interlude (le discours d’un sergent instructeur) surtout utile à l’histoire globale racontée par la succession de chansons, c’est un riff bien connu des concerts de Muse qui nous accueille directement. En effet, je l’ai entendu plus d’une fois, ce son de guitare, à la fin de leurs chansons en live. Et, là, pour le coup, on a franchement l’impression de réentendre du Muse « à l’ancienne » avec cette énergie communicative et un combo basse-batterie au top. Pas forcément dément, mais ça fait plaisir de réentendre un tel son.



· 4. Mercy

On enchaîne ensuite avec un titre qui se rapproche plus du côté « grand public » que Muse a développé ces dernières années. On croit reconnaître un peu de Starlight là dedans (notamment dans la montée progressive vers le refrain). C’est franchement efficace, parce que ça reste bien dans la tête une fois qu’on l’a entendu mais on ne peut pas dire que ce soit le meilleur morceau du groupe.



· 5. Reapers

La première grosse claque de cet album avec six minutes (tout pile) d’une sorte de chevauchée dantesque. Hyper rythmé, avec une ligne de basse démente, des parties de guitare enflammées, un refrain surpuissant, c’est le titre que l’on attend le plus de voir en live. Il y a dans cette chanson quelque chose qui ressemble à une forme de rage, comme si le groupe réussissait enfin à se lâcher après une période plus en contrôle.



· 6. The Handler

Et on continue avec une autre chanson assez incroyable qui constitue presque l’apogée de l’album. Là encore, ce qui impressionne, c’est la puissance extrême qui s’en dégage. Le trio guitare-basse-batterie s’en donne à cœur joie, notamment lors d’un solo de Matthew Bellamy assez incroyable au milieu de la chanson. Là encore, on imagine la tuerie en concert quand ils la reprendront. Franchement, ça déménage sérieusement.



· 7 & 8. [JFK] & Defector

Un petit discours de Kennedy pour se remettre de cette double claque et c’est reparti pour un tour !! Un riff de guitare pour commencer et la machine qui se remet en route avec, encore une fois, une basse omniprésente. Defector s’appuie sur un refrain sur lequel on a envie de crier avec Matt et sur deux soli de guitare qui ne sont pas loin de mettre la chair de poule. Ça ressemble à du Queen avec un côté épique assez marqué mais qu’est-ce que c’est bon.


· 9. Revolt

S’il doit y avoir une déception à cet album, elle se trouve très clairement du côté de ce titre bien trop pop et « facile » (notamment le refrain) pour être honnête. Franchement, on dirait une bande originale de film pour adolescents et il y a surtout un gros problème de cohérence entre le couplet et le refrain qui n'ont pas grand-chose en commun. Je suis peut-être un peu méchant, mais après les trois morceaux précédents, c’est vrai que ça fait relativement tâche…



· 10. Aftermath

Puisqu’un album de Muse ne peut pas se passer d’une ballade (et il y’en a eu des sublimes, de Unientended à Save me en passant par Invincible), c’est Aftermath qui s’y colle. Si le début est assez déroutant (avec cette guitare blues qui fait penser à du U2), cette chanson finit par franchement séduire, avec ses parties de cordes en fond et sa guitare plaintive. Le moment d’émotion de l’album !



· 11. The Globalist

Sans aucun doute le titre le plus inclassable de l’album. Plus de dix (!!) minutes pour ce qui est appelé à être une suite au grandiose Citizen Erased (si vous ne connaissez pas cette chanson, écoutez-la absolument, c’est peut-être ce que Muse a fait de mieux). Ça commence par une sorte d’hommage à Ennio Morricone avec cette ambiance très western pendant presque trois minutes avant que la voix de Bellamy reprenne le pouvoir. S’ensuit un interlude surpuissant puis un retour au piano et aux cordes, pour conclure cette épopée de manière splendide. Plus qu’un titre, une vraie pièce à part entière…



· 12. Drones

Pour conclure l’album, c’est une piste là encore assez déroutante qui nous attend puisqu’il s’agit d’un chant a capella qui rappelle la musique moyenâgeuse. C’est franchement étonnant mais, il faut bien le dire, très beau. Pour conclure un tel album, justement marqué par une rage retrouvée, c’est finalement la marque que Muse est toujours capable du contre-pied et c’est sans doute la meilleure nouvelle de l’année !


Muse avait annoncé un « retour aux origines » et, si tout n’est pas parfait, on peut dire qu’ils remplissent leur mission. C’est notamment au cœur de l’album que tout ou presque se joue –l’enchaînement des pistes 5,6 et 8 est franchement dantesque. Il y a finalement de quoi satisfaire tout le monde : les fans de la première heure qui seront heureux d’entendre de nouveau des riffs  ravageurs, ceux qui veulent voir Muse comme un groupe de pop-rock – Mercy et plus encore Revolt sont des titres vraiment calibrés pour eux – et, enfin, ceux qui cherchent encore et toujours à être surpris – la fin de l’album se charge de rappeler que le trio reste inventif).  Franchement costaud et le fait que, lors de leurs derniers concerts, ils reprennent des « vieux » titres qu’ils ne faisaient plus depuis longtemps en live confirme que Muse souhaite se réaffirmer comme un vrai groupe de rock. Et c’est tant mieux.



Muse




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