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DES VILLES DANS LA PLAINE DE CORMAC MCCARTHY

 L'Article


Cormac McCarthy

Dans ce troisième épisode de la Trilogie des Confins, les deux personnages principaux lors des aventures précédentes (Billy Parham et John Grady) se rencontrent alors qu’ils travaillent ensemble. Une vraie amitié va naître entre les deux, amitié qui sera soumise à la tragédie lorsque John Grady, épris d’une jeune prostituée mexicaine, décide de l’enlever…

Suite des deux précédents volet de cette trilogie (De si jolis chevaux et Le grand passage), ce troisième ouvrage continue dans la même veine. Ce n’est pas toujours facile à lire mais, vraiment, il faut réussir à se motiver car, une fois que l’on est lancé, c’est dur de s’en détacher. C’est toujours d’une noirceur confondante mais il y a, par rapport aux deux premiers romans, bien plus de dialogues ici, notamment entre les deux personnages principaux qui lient une vraie amitié. D’une certaine façon, je trouve que c’est peut-être le roman le moins pessimiste des trois (encore que…).

La patte de McCarthy et toujours présente, autant dans le style que dans les questions qu’il évoque. De ce côté-là, il n’y a aucune surprise à attendre. Si on aime bien ce que cet auteur écrit, on ne peut pas être déçu par ce livre qui clôt avec classe une trilogie quand même assez impressionnante. Ce qui est réellement intéressant ici, c’est la description d’une société en pleine évolution. En effet, l’intrigue se passe dans l’immédiat après-deuxième guerre mondiale, et on sent bien que le monde des cow-boys tel qu’il existait auparavant et dans lequel les deux protagonistes ont été élevés, est en train de disparaître progressivement, ce qui décontenance pas mal Billy et John, qui ont peu à peu l’impression de ne plus être grand-chose. Par petites touches, on comprend que la société ne sera plus jamais la même et c’est un thème particulièrement cher à l’auteur, dont il arrive très bien à faire ressortir les points essentiels.

« Dans les montagnes ils virent des cerfs dans l’éclat des phares et dans l’éclat des phares les cerfs étaient pâles comme des fantômes et pareillement silencieux. Ils tournaient leurs yeux rouges vers ce soleil inexpliqué et s’écartaient et se serraient et bondissaient et sautaient par-dessus le fossé seuls et par deux. Une petite biche perdit l’équilibre sur le macadam ses sabots affolés cherchant une prise et se laissa tomber sur sa croupe et se releva et repartit avec les autres et disparut dans la broussaille de l’autre côté de la route. Troy tendit la bouteille de whisky devant les cadrans du tableau de bord pour vérifier le niveau et il dévissa le bouchon et but et revissa le bouchon et passa la bouteille à Billy. Ça m’a l’air d’un bon coin pour chasser le cerf. »


Refermant avec force cette Trilogie des Confins, Des villes dans la plaine est une nouvelle œuvre très forte de son auteur. Dans la relation entre les deux personnages, autant que dans la description d’un monde en mutation, McCarthy excelle pour nous faire saisir, parfois par des touts petits riens, ce qu’il considère comme essentiel. Décidément, McCarthy n’est pas un auteur comme les autres et on attend un nouveau roman qui serait en préparation et aurait pour titre de travail The Passenger. J’avoue avoir plutôt hâte, même si je ne pourrai pas le lire en anglais !

Des villes dans la plaine




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