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COUPE DU MONDE 2014 : QUARTS DE FINALE - BILAN GLOBAL

 L'Article


Quarts

Ça y est, on est au stade des quarts de finale et ça se sent dans une compétition où les équipes deviennent de moins en moins joueuses. Alors que le tour précédent avait encore réservé des affiches enlevées et particulièrement attrayantes, c’est à ce stade beaucoup plus fermé et moins enflammé. Surtout, on a pu observer une énorme différence entre les deux matchs joués à treize heures (dix-huit heures chez nous), en plein cagnard et ceux joués plus tard dans l’après-midi. Les premiers ont été marqué par un manque de rythme évident alors que les seconds ont été plus enlevé. La bonne nouvelle, c’est que, maintenant, tous les matchs se dérouleront plus tard, ce qui peut laisser augurer d’un spectacle encore plus intéressant.

Mais, avant ces demi-finales qui proposent de vraies affiches de rêve, il faut faire un petit tour d’horizon des quatre matchs que nous venons de vivre en deux jours. Car il y a vraiment des choses à en dire…

 

Quarts 1

Un France-Allemagne ne sera jamais un match neutre (surtout pour les Français). Sans parler de l’histoire tourmentée entre les deux pays, car ce n’est plus du tout d’actualité, le football s’est chargé d’écrire lui-même sa propre légende, notamment dans un match qui, chez nous, reste encore mythique : le fameux match de Séville 82 (tellement célèbre qu’il est connu sous ce terme). Pendant quatre jours, on en a entendu parler à toutes les sauces, faisant de ce quart de finale une sorte de revanche. Mais, trente deux ans plus tard, quel rapport peut-on trouver entre ses deux matchs ? En tout cas, ce n’est pas la dramaturgie qui va les rapprocher…

Des Bleus pris d’entrée par la fougue allemande…

Avant le début du match, on savait que cette équipe d’Allemagne était, sur le papier, supérieure à notre sélection, encore jeune et plutôt inexpérimentée. Le vécu collectif, les bonnes performances dans les compétitions majeures et l’ossature majoritaire du Bayern Münich étaient autant de signes qui faisaient plutôt pencher la balance du côté allemand. Mais, sur l’euphorie de huit mois exceptionnels pour l’équipe de France, on se disait qu’il y avait quelque chose à aller chercher de plus beau qu’un quart de finale, l’objectif officiel et raisonnable pour les Français. Sans doute pour des raisons médicales mais aussi par choix tactique, Joachim Löw avait réservé quelques surprises comme le retour de Lahm à son poste « naturel » d’arrière droit et, surtout, la titularisation en pointe de Miroslav Klose, le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde (à égalité avec Ronaldo). Très vite, la Mannschaft prenait à la gorge l’équipe de France avec, notamment, un pressing très haut et effectué par la totalité de l’équipe (quel boulot de Klose, notamment). Noyés au milieu de terrain, les tricolores ne parvenaient pas à ressortir proprement le ballon et quand c’était le cas, la passe vers l’avant était souvent ratée. Dans ce contexte, il suffit de pas grand-chose pour faire tourner le match : une faute idiote à quarante mètres des buts (Pogba), un marquage un peu lâche sur le coup-franc (Varane) et avec des joueurs de tête comme les Allemands, ça fait déjà 1-0. C’est dur mais, en même temps, à ce moment-là, on se dit que ça laisse du temps aux Français pour revenir.

… puis jamais vraiment dans le coup

Le souci, c’est que véritablement à aucun moment, on a senti chez nos Bleus un vrai vent de révolte souffler. Toujours pressés, les milieux de terrain n’ont jamais réussi à véritablement transpercer les lignes pour apporter le surnombre. Valbuena et Griezmann ont tenté mais sans être vraiment coordonnés. Misant sur la lenteur de la défense axiale allemande, l’option privilégiée était la balle par-dessus mais le déchet technique était bien trop important pour véritablement inquiéter une équipe d’Allemagne qui s’est alors mise à gérer parfaitement son avantage en faisant tourner la gonfle sans trop essayer non plus d’enfoncer le clou. La différence était assez nette, notamment dans l’expression de la maitrise collective, pour qu’un réel espoir soit permis. Mais, en même temps, avec un seul but d’avance, en football, on n’est jamais à l’abri d’un coup du sort… Les entrées de Remy et Giroud n’ont pas apporté suffisamment de jus alors que celle de Koscielny me fait dire que le cas Sakho a été particulièrement mal géré : en quarts de finale de Coupe du Monde, on ne peut pas se permettre de devoir changer un défenseur central au bout d’une heure de jeu. Au final, et même si la France a eu quelques opportunités en fin de match, le score était plus proche d’évoluer en 2-0 qu’en 1-1. Lloris sortait en effet quelques parades de grande classe pour laisser la France dans le match. Néanmoins, jamais on a senti ce grand frisson qui fait que l’on croit vraiment au but qui change tout et qui relance la machine dans un grand élan de folie collective…

Une défaite finalement logique

Avec ce score de 1-0, la France sort finalement de cette Coupe du Monde sur un sentiment frustrant : celui d’avoir lutté avec meilleur que soi, sans être capable de véritablement le bousculer sur le long terme. C’est logique, implacable et on parler encore du froid réalisme allemand. Pour les Bleus, c’est une belle aventure qui s’achève au Maracaña et c’est normal et rassurant qu’il y ait de la déception.  Pour autant, tout n’est pas à jeter après ce match et, avant le début de cette Coupe du Monde, je disais moi-même qu’une place en quarts de finale serait déjà un bon résultat. Aussi, ça aurait été du bonus, du genre qu’on ne refuse pas et qu’on attend toujours mais qui ne viendra pas cette fois-ci. A la croisée des chemins, la France n’a pas réussi à faire basculer sa compétition dans l’exceptionnel. Mais cette Coupe du Monde aura permis aux joueurs de prendre de l’expérience, avec une génération plutôt jeune, talentueuse mais pas toujours irréprochable, de vivre ensemble et de se préparer à un Euro 2016 qui se jouera en France. Le lien avec le public s’est aussi amélioré, même si, ne soyons pas dupe, cela est avant tout dû aux résultats, bien plus qu’à un changement de mentalité ou de comportement. Les manques de cette équipe ont aussi été mis en lumière de façon criante : l’absence d’un vrai leader qui puisse réellement mobiliser les troupes, un milieu un peu trop dépendant du rendement de Matuidi (bien moins impressionnant contre l’Allemagne) et le manque d’un véritable avant-centre « tueur » (ce que Benzema ne sera jamais). Il reste deux ans à Deschamps pour régler tout ça mais j’ai une grande confiance en lui : il le fera et, en 2016, la France sera redoutable à domicile…

Le joueur : Mats Hummels

Hummels

Il avait été absent contre l’Algérie et les errements défensifs de la Mannschaft ce soir-là trouvent peut-être une explication. Très fort sur l’homme, plutôt doué techniquement, le central de Dortmund a encore tenu la baraque derrière. Il faut dire que quand on sait que Neuer est le dernier rempart, ça rend plutôt serein. Il a agrémenté sa prestation défensif d’un très beau but sur coup de pied arrêté où sa science du déplacement et son jeu de tête ont fait merveille. Solide...


Quarts 2

Après avoir vu la « mort » de très près face au Chili, le Brésil se retrouve face à un autre adversaire sud-américain, et sans doute celui qui a le plus impressionné depuis le début de la Coupe du Monde dans le sillage de sa vedette James Rodriguez. Après quatre jours très agités au Brésil, sur fond de tension entre Tiago Silva et le sélectionneur, le pays a besoin de retrouver son calme pour affronter une équipe qui, traditionnellement, lui réussit plutôt bien. Le tout dans une ambiance complètement folle.

Un jeu plus convaincant

Scolari décide de laisser Dani Alves, très décevant depuis le début de la compétition, sur le banc afin de le remplacer par Maicon et, si ce n’est le retour de Paulinho à la place d’un Luiz Gustavo suspendu, le Brésil est le même que celui qui a eu tant de mal au cours de ses quatre premiers matchs. Pourtant, on sent dès le départ une réelle volonté des Brésiliens de jouer un football un peu plus attrayant et ce, même s’ils mènent rapidement suite à un but de Tiago Silva à la suite d’un coup de pied arrêté. Avec un Neymar un peu plus en retrait, les attaques brésiliennes sont plutôt tranchantes et les Colombiens ont du mal à y répondre véritablement. Collectivement, en tout cas, les joueurs de Pekerman n’arrivent jamais à développer le jeu chatoyant qui en avait fait l’une des plus intéressantes à voir jouer depuis le début du Mondial. Dans les rangs brésiliens, l’apport de Fernandinho est vraiment important alors que Hulk semble vraiment monter en puissance au fil des matchs. Points noirs, les performances toujours aussi inquiétantes de Oscar, placé plus bas que d’habitude, et surtout de Fred, toujours aussi inexistant à la pointe de l’attaque. Personnellement, j’ai trouvé ce match plutôt emballant, avec de l’action, une envie de jouer vers l’avant et pas mal d’actions de qualité, des deux côtés. Quand le Brésil parvient à faire la différence avec un coup franc exceptionnel de David Luiz (quelle frappe), on se dit que le pays organisateur se dirige tout tranquillement vers une nouvelle demi-finale et se rapproche encore plus de son rêve.

Mais de grosses inquiétudes pour la suite de la compétition

Pourtant, les choses ont commencé à dérailler un peu avant puisque, cinq minutes, plus tôt, Tiago Silva est averti, ce qui le prive automatiquement du match suivant (je trouve cette règle des deux cartons en cinq matchs complètement idiote…). Mais les choses se compliquent encore quand la Colombie obtient un pénalty, transformé par James, auteur pour l’occasion de son sixième but en cinq matchs. On se dit alors que rien n’est fait et que les Brésiliens vont devoir être attentifs jusqu’au bout afin d’assurer leur qualification. C’est plutôt le cas car les Colombiens ne seront guère dangereux jusqu’à la fin. Mais, à la quatre vingt huitième minute, le « drame » se produit, celui que tout un pays redoutait : la blessure de Neymar, star de cette équipe et principal espoir de la patrie. Il faut dire que le coup de genou du défenseur colombien n’a rien d’amical. Le verdict tombe quelques heures plus tard : fracture d’une vertèbre et Mondial terminé. C’est un coup très dur pour la Selecao qui devra faire sans sa star et sans son capitaine pour l’Allemagne. Pour autant, il y a quelque chose qui se dégage de cette équipe et qui me fait dire qu’ils seront difficiles à aller déloger du toit du monde dans une semaine…

Le joueur : David Luiz

David Luiz

Il a beau avoir une tête et une dégaine générale pas forcément très crédible, c’est quand même un sacré joueur de football. En défense central comme au milieu de terrain (à Chelsea), il impose une présence physique, une intelligence tactique et un bagage technique rares. Etant donné que, en plus, il a une frappe de mule sur coups francs lointains, ça en fait en joueur quand même assez incroyable. Et il jouera dans notre championnat l’an prochain, avec le PSG. Alors autant s’habituer à son allure dès maintenant !




Quarts 3

Trop souvent résumé au duel entre Lionel Messi d’un côté et Eden Hazard de l’autre, ce match entre Argentins et Belges est surtout celui entre deux équipes considérées comme de sérieux outsiders (ou même favoris) et qui ont peu convaincu depuis le début du tournoi. Malgré quatre victoires chacune, les deux sélections n’ont jamais proposé un jeu vraiment à la hauteur de ce que l’on aurait pu attendre. Ça reste quand même une confrontation sacrément intéressante.


L’Argentine impose son rythme

Comme depuis le début de ces quarts de finale, un but est marqué très tôt dans le match. Et comme pour France-Allemagne, cela a plutôt tendance à anesthésier la partie plus qu’à la débrider. D’ailleurs, les similitudes entre les deux matchs sont assez nombreuses, avec l’équipe la plus expérimentée dans le même rôle : celle qui contrôle sans se faire trop peur face à une sélection brouillonne et pas toujours dans le rythme. Mais, personnellement, j’ai trouvé ce deuxième match, bien moins intéressant que celui de la France et parfois même franchement mauvais. Le dernier quart d’heure de la première mi-temps était ainsi particulièrement terrible avec une Argentine ne cherchant pas à en faire plus face à une Belgique qui, jouant très bas, donnait presque l’impression d’être résignée. En deuxième mi-temps, les Diables Rouges avaient décidé d’avoir un peu plus d’intensions mais ils se heurtaient encore aux deux lignes défensives organisées par Sabella et particulièrement hermétiques. Sans génie et globalement sans trop d’inspiration, cette Belgique-là n’avait pas les armes pour inquiéter une Argentine qui, sans être vraiment géniale (c’est le moins que l’on puisse dire), prouve qu’elle est très solide et qu’elle sera compliquée à vraiment bouger dans les deux prochains matchs. Pas grand-chose d’autre à dire sur une rencontre qui ne restera pas dans les annales et qui tranche un peu avec ce que l’on avait pu voir jusque-là dans ce Mondial. En même temps, plus la finale approche, plus les équipes deviennent « conservatrices » quand elles marquent, c’est la loi du jeu !

Le joueur : Gonzalo Higuain

Higuain

Fortement décrié (et je suis l’un des premiers à le faire) pour son absence d’impact dans les matchs qui comptent vraiment, Gonzalo Higuain avait visiblement décidé de faire taire ses détracteurs. En plus d’un but plein d’opportunisme mais loin d’être facile à concrétiser, l’attaquant napolitain a abattu un sacré travail sur le front de l’attaque, jouant bien le jeu de remise et ne se ménageant pas défensivement. Un match plein pour celui qui a peut-être lancé véritablement sa Coupe du Monde…




Quarts 4

L’invité surprise de ces quarts de finale face à une grande nation européenne sur le plan historique mais que l’on n’espérait pas forcément à ce niveau dans cette Coupe du Monde : c’est un peu le quart de finale inattendu de cette compétition. C’est aussi celui qui est le plus difficile à appréhender car les deux équipes ont plutôt joué de la même façon depuis le début de la compétition, s’appuyant notamment beaucoup sur les contres…

Les Bataves prennent l’initiative

Les deux équipes disposées dans un schéma assez équivalent, notamment avec trois défenseurs centraux (système que l’on aura beaucoup vu au cours de cette compétition), il faut peu de temps pour comprendre qui aura la possession : ce sont les Pays-Bas qui, dans un 3-4-3 aux lignes très écartées en largeur essaient de prendre à défaut une arrière-garde costa-ricaine assez impressionnante lors de ses cinq matchs précédents. Dans une première période plutôt plaisante bien que pas forcément très riche en occasions, les Néerlandais se cassent les dents sur cette organisation défensive très bien huilée, les Américains, eux, essayant d’être plus dangereux sur les coups de pieds arrêtés car, dans le jeu, c’est plus difficile pour eux et on sent clairement que, physiquement, ça devient de plus en plus compliqué. La deuxième mi-temps confirme cette impression avec un bloc toujours aussi bas mais, surtout, une incapacité à se projeter correctement vers l’avant. Mais le Costa-Rica tient, à la fois grâce à la chance (des frappes sur le montant) mais aussi parce qu’il possède en Keylor Navas un gardien complètement fou. Les Pays-Bas ont eu beau tout tenter, notamment avec un Robben totalement intenable, il n’ont jamais réussi à marquer le petit but qui leur aurait évité les prolongations. La faute aussi sans doute à la prestation médiocre de Van Persie sur le front de l’attaque. Sans que ce soit un sommet de football, je trouvais ça plutôt plaisant et, surtout, on se demandait bien comment ce thriller allait pouvoir se terminer.

Un coup de poker magistral

Alors que la deuxième mi-temps de la prolongation débutait, Louis Van Gaal, un entraineur habitué à des coups tactiques n’avait fait qu’un seul changement (du poste pour poste à l’heure de jeu) et on se demandait bien pourquoi un tel attentisme. Huntelaar a quand même fini par rentrer, transformant le 3-4-3 en 4-4-2 mais il restait toujours un remplacement à effectuer et c’est là que l’entraineur hollandais a sorti un coup de génie, du genre que beaucoup de techniciens et des millions de spectateurs avaient déjà rêvé : faire entrer un gardien uniquement pour la séance de tirs au but. Pourtant, Cillessen n’avait pas démérité (il n’avait pas eu grand-chose à faire non plus) mais, psychologiquement, c’était absolument génial de la part de Van Gaal. Et le coup a fonctionné puisque le nouvel entrant Krul (pas forcément un immense spécialiste des tirs au but) a sorti deux tentatives du Costa-Rica pendant que les Hollandais assuraient avec beaucoup de maitrise leurs tirs au but. Krul n’avait pas touché un seul ballon du match et il a pas mal joué à l’intimidation avec les tireurs adverses… Il y a des chances pour que l’on reparle longtemps de ce coup de poker de l’entraîneur, qui ouvre peut-être une voie que d’autres suivront. C’est cruel pour le Costa-Rica mais ils n’auront pas à rougir de leur Coupe du Monde, absolument exceptionnelle… 

Le joueur : Keylor Navas

Navas

OK, ce n’est pas très original et c’est déjà lui que j’avais désigné de la même façon après son huitième de finale mais dans une équipe de plus en plus marquée physiquement et de moins en moins capable d’efforts offensifs, il a une nouvelle fois entretenu le rêve de toute une nation en étant impeccable sur sa ligne de buts, réalisant des arrêts de grande classe. Et vu que, en plus, il semble avoir la baraka (trois frappes sur les montants pour les néerlandais), ce gardien apparaît vraiment comme l’un des très grands bonhommes de cette Coupe du Monde !




Place maintenant aux demi-finales, mardi et mercredi avec deux affiches qui, sur le papier, vendent vraiment du rêve. On peut même dire que s’y retrouvent sans doute les quatre nations qui ont le plus marqué l’histoire de la Coupe du Monde (il manque juste l’Italie). Les deux matchs sont aussi des « revanches » de finales déjà disputées : Brésil-Allemagne en 2002 (2-0 pour les Brésiliens) et Argentine-Pays-Bas en 1978 (3-1 pour la Celeste). On attend vraiment avec impatience ces deux confrontations, dont sortira forcément une finale magnifique et prestigieuse.




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