Toggle navigation
TimFaitSonCinema

COUPE DU MONDE 2014 : HUITIÈMES DE FINALE - BILAN GLOBAL

 L'Article


Huitièmes

Après le premier tour, on avait déjà l’impression d’assister à une (très) bonne Coupe du Monde avec du spectacle, des buts, des surprises, des joueurs majeurs en forme… On attendait donc beaucoup du début de ces phases finales, qui marquent toujours un tournant dans la compétition : passant en matchs à élimination directe, il n’est pas rare que les mentalités des équipes soient un peu plus frileuses et que l’on assiste alors à des matchs bien plus fermés.

Au Brésil, c’est plutôt l’intensité qui a prévalu avec huit matchs qui, tous, chacun à leur manière, ont été vraiment intéressants à suivre. Il n’y en a peut-être qu’un seul où la différence entre les deux équipes était suffisamment importante pour que le suspense soit un peu moins important (Colombie-Uruguay). Sinon, ça a été bouillant partout avec pas moins de cinq prolongations et deux séances de tirs au but. Je ne sais pas si on a déjà vu un tel ratio dans l’histoire de la Coupe du Monde mais je ne crois pas.

Et plus encore que les résultats bruts, c’est la manière qui a vraiment impressionné avec une volonté de chacune des équipes de jouer, et jamais de vraiment se reposer que sur sa défense (là encore, seul l’Uruguay sort un peu de ce constat). Même des équipes qui n’étaient pas favorites (Algérie) ou dont ce n’était pas l’habitude (Grèce) ont joué tous les coups à fond, surprenant leur adversaire. Finalement, ce sont les huit premiers de groupes qui s’en sont sortis, et qui nous annoncent huit derniers matchs absolument passionnants, où aucune équipe ne se dégage véritablement comme grande favorite. Quatre équipes américaines, quatre équipes de la  « vieille Europe » : le show est véritablement lancé !

D’ici là, voici un bilan match par match, et, avant vendredi, il va surtout falloir se reposer car les matchs avec prolongation qui commencent à 22h et finissent deux heures et demie ou trois heures plus tard, ça commence sérieusement à fatiguer…

 

Huitième 1

Puisque c’est au stade des huitièmes de finale que débute vraiment la Coupe du Monde, on attendait de voir ce que le pays hôte avait vraiment dans le ventre après un premier tour où il ne s’était pas montré sous son meilleur jour. Surtout que face à de Chiliens en pleine bourre, la partie n’était pas facile sur le papier. Et bien sur le terrain, ce fut vraiment le cas.

Un Brésil toujours aussi poussif…

Luiz Felipe Scolari avait décidé de bouger son immuable onze de départ pour incorporer un Fernandinho saignant en deuxième mi-temps contre le Cameroun, à la place de Paulinho, complètement perdu depuis le premier match. Ce choix ne se révéla finalement pas être un coup de génie, le milieu de Manchester City étant bien trop timoré dans l’entrejeu. De fait, on a longtemps retrouvé les défauts qui font de ce Brésil une équipe que l’on sent prenable : fébrilité derrière, aucun génie au milieu de terrain, des attaquants à la technique peu sûre et un besoin de se reposer sur la perle, Neymar. En face, le Chili a proposé son football discipliné, plein de générosité et de vivacité devant. A la pause, les deux équipes retournaient aux vestiaires sur un score de 1-1 finalement assez logique étant donnée la physionomie de quarante-cinq premières minutes où les équipes avaient chacun à leur tour la maitrise du jeu. Ce fut encore plus le cas lors du deuxième acte où, par tranche de dix minutes environ, chacune des équipes poussait, sans que ce soit non plus une pression trop intensive.

Que c’est cruel les tirs au but…

La prolongation se dessinait et malgré une dernière poussée chilienne, les trente minutes supplémentaires dans la fournaise de Belo Horizonte ont eu lieu et n’ont pas donné lieu à grand-chose sur le plan du jeu. Jusqu’à la dernière minute où un immense frisson a parcouru tout le stade lorsque le chilien Pinilla décocha une frappe venue d’ailleurs qui fit vibrer la barre transversale de Julio César. A quelques centimètres près, c’était une déception immense pour tout le peuple brésilien. Et on a presque l’impression que les Auriverde se sont raccrochés à ce signe du destin pour finalement remporter une séance de tirs au but où le Chili a buté sur Julio Cesar et sur les montants, encore une fois. C’est cruel pour cette équipe qui a beaucoup donné. Le Brésil peut encore croire en son rêve d’un sacre à domicile. Mais ça ne passera pas tous les coups comme cela.

Le joueur : Hulk

Hulk

Match particulièrement paradoxal pour le puissant attaquant brésilien. Puisque si, une fois n’est pas coutume, il a été le joueur offensif le plus en vue dans son équipe avec une quantité assez impressionnante de dribbles, de frappes et de raids dont il a le secret, c’est aussi lui qui a perdu la balle sur le but de Sanchez et son tir au but raté aurait pu avoir de bien plus grosses conséquences…


huitième 2

Une première phase plus que maitrisée pour des Colombiens qui impressionnent même par leur facilité à marquer ainsi que par le talent de ses attaquants. Mais, tout cela, c’était dans un groupe assez « facile », et il était temps de voir ce que cela allait donner face à une équipe d’Uruguay habituée à ce genre de matchs et toujours solide dans les moments chauds.

Un avant-match déjà décisif…

Alors que la Colombie s’avançait forte de ses certitudes après trois victoires en autant de match, la préparation uruguayenne était perturbée par ce qu’il faut bien dénommer l’« Affaire Suarez ». En effet, ce dernier, suspendu quatre mois pour avoir mordu son adversaire, est défendu par ses coéquipiers, les habitants de son pays et même le Président en personne. Il faut dire que c’est une pièce absolument essentielle du dispositif uruguayen, dans sa capacité à mettre la pression sur les défenseurs adverses. Cavani sera bien seul et, de façon très étrange, le sélectionneur choisit de lui adjoindre les services de Forlan qui, pour le coup, n’a plus rien à voir avec le joueur de calibre international qu’il était il y a quatre ans…

La Colombie tout en maîtrise

Dans son style toujours défensif (on ne se refait pas), l’Uruguay n’a jamais été en mesure d’inquiéter des Colombiens au départ assez timides mais qui, peu à peu, ont retrouvé de la fluidité devant pour finir par mettre en danger l’arrière garde de la Celeste. Néanmoins, il aura fallu un exploit individuel (une frappe après un contrôle de la poitrine) de James Rodriguez pour véritablement débloquer la situation avant la mi-temps. Au retour des vestiaires, une merveille d’action collective conclue par le même James a enterré les derniers espoirs d’une sélection uruguayenne vraiment triste offensivement. Il ne restait plus qu’à contrôle tranquillement pour des Colombiens qui, grâce à cette victoire, atteignent pour la première fois le stade des quarts de finale. Et quand on voit leur niveau, on se dit que le Brésil devra faire plus que se méfier.

Le joueur : James Rodriguez

James

Si son talent était déjà connu de la plupart des connaisseurs de football, ce joueur (qui joue à Monaco) est en train d’exploser aux yeux du grand public lors de ce Mondial. Avec déjà cinq buts à son actif, il en est aujourd’hui le meilleur buteur et sa première réalisation du match restera longtemps dans les mémoires. L’enchaînement est d’une telle pureté qu’il va sans doute devenir une sorte d’exemple à montrer dans toutes les écoles de foot…




Huitième 3

Les Hollandais sont sortis avec trois victoires de l’une des deux poules de la mort, ce qui était loin d’être gagné quand on regarde l’effectif d’une équipe qui, surtout en défense, propose peu de noms ronflants. Face à eux, une sélection qui a impressionné lors de son premier tour avec la meilleure défense et une capacité à être très efficace devant. Bref, un huitième de finale auquel il n’était pas facile de donner un vrai favori naturel. Et ce fut bien indécis aussi lors des quatre-vingt dix minutes de jeu… 

Une mi-temps pour se mettre en jambes

Adepte des coups tactiques parfois assez improbables, Louis Van Gaal avait cette fois-ci opté pour un 3-5-2 avec, en arrière gauche Dirk Kuyt que l’on connaissait plutôt en attaque, et de l’autre côté, habituellement. Et, pendant les quarante-cinq premières minutes, les Hollandais ont vraiment eu énormément de mal face à des Mexicains très bien regroupés derrière, plus présents au milieu de terrain et parfois brillants devant. La blessure précoce de De Jong n’a pas non plus aidé au milieu de terrain où Blind s’est vite retrouvé noyé. Physiquement aussi, on sentait les Bataves dépassés mais il faut dire que la chaleur était si accablante que l’arbitre a du arrêter le jeu deux minutes pour permettre aux vingt-deux acteurs de boire. Finalement, rentrer avec un score nul à la pause n’était pas une si mauvaise chose pour eux.

Dix dernières minutes de folie

Cueillis à froid en tout début de deuxième mi-temps par un but magnifique de Dos Santos (un peu le même que James, mais en moins « pur »), les Hollandais ont ensuite de plus en plus poussé, aidés par des Mexicains qui ont, dans le même mouvement, de plus en plus reculé. Van Gaal a fait évoluer  son dispositif de nombreuses fois (Kuyt a du jouer à tous les postes sur les côtés lors de ce match) mais ça restait globalement assez stérile, avec notamment un Robben s’enfermant parfois trop dans la recherche de la solution individuelle et un Ochoa (le gardien mexicain) encore en état de grâce. Et il a eu un coup de génie en faisant rentrer Huntelaar (à la place de son capitaine Van Persie, quand même). Quinze minutes plus tard, le score était tout autre avec un but de Sneijder (fantomatique jusque-là) sur une remise du nouvel entrant et un penalty transformé aussi par Huntelaar pour une faute discutable sur Robben (même si, moi aussi, j’estime qu’il y a faute) alors que la prolongation approchait à grands pas. Passés pas loin du tout de la correctionnelle, les Pays-Bas peuvent continuer à espérer à une nouvelle finale, quatre ans après. Pour la gagner, cette fois-ci ?

Le joueur : Klaas Jan Huntelaar

Huntelaar

C’est toujours un débat récurrent dans le pays des tulipes et ce n’est pas ce match qui va permettre de le trancher : qui mérite la place d’avant-centre titulaire en équipe nationale : Van Persie ou Huntelaar ? Source de tensions jusqu’au sein du groupe, cette question a été tranchée par Van Gaal qui a même fait de Van Persie son capitaine. Mais quand on voit ce que l’attaquant de Schalke 04 a apporté en un quart d’heure par rapport aux soixante-quinze minutes très compliquées de celui de Manchester United, on se demande si le débat ne devrait pas être relancé…




Huitième 4

C’était un peu le huitième de finale exotique avec deux équipes que personne (ou presque) n’attendait à ce niveau (même si, personnellement, je voyais la Grèce se qualifier dans son groupe). C’était même la première fois pour les Hellènes et la deuxième pour Los Ticos qu’ils atteignaient les phases finales. Un arbitre australien pour couronner le tout et un match en toute fin de week-end, à un moment où on a plus envie de dormir qu’autre chose. Bref, il fallait être un peu fou pour regarder ça. Et, au final, pas tant que ça car c’était bien plus agréable que ce dont ça donnait l’impression au premier abord. 

La Grèce refuse l’austérité

On s’attendait à un Costa-Rica joueur, avec son jeu fait de petites passes, face à une équipe de Grèce qui, comme elle sait si bien le faire, ferait la technique de la tortue pour mieux contrer son adversaire. Au bout de cinq minutes de jeu, on avait compris qu’on faisait complètement fausse route. En effet, avec un Giorgios Karagounis positionné très haut sur le terrain (en vrai numéro 10) et des latéraux toujours aussi offensifs, les Grecs avaient décidé de changer leur mentalité et de prendre le match en main. Clairement, les Costa-Ricains ne s’y attendaient pas et ont beaucoup souffert au cours d’une première mi-temps pas vraiment enthousiasmante mais quand même pas inintéressante pour la bataille tactique qui se jouait. Au retour de la mi-temps, un petit but tout en contrôle de la star locale Bryan Ruiz (et sa dégaine de playboy du pauvre) a fini de lancer définitivement ce match qui, dès lors, devenait bien plus palpitant.

Un thriller qui devient assez fou…

Les Grecs se lancent alors vraiment à l’offensive, empilant les attaquants aux tronches les plus improbables (Mitroglou et Gekas, ça vaut vraiment des points) et repositionnant Samaras dans un rôle de neuf et demi, entre les lignes, où il excelle vraiment. Les choses se compliquent encore pour les Américains quand un de leurs défenseurs centraux est expulsé pour deux fautes grossières. La pression est de plus en plus forte mais le gardien Navas réussit à entretenir l’espoir en multipliant les parades. Au début du temps additionnel, Sokratis parvient quand même à franchir la muraille et envoie son équipe dans une prolongation jouée en apnée par le Costa-Rica et où on a l’impression que toutes les attaques grecques peuvent faire très mal et finir d’achever Los Ticos. C’est débridé, pas toujours génial techniquement mais on sent une vraie intensité dans ce match avec, au milieu grec la reformation de la mythique paire Karagounis-Katsouranis (contre laquelle tant d’équipes ont buté à l’Euro 2004). Pas de but et des tirs au but parfaitement maitrisés par tous les joueurs même si Gekas voit son tir (pourtant pas déshonorant) stoppé par Navas. Le Costa-Rica ira donc défier les Pays-Bas. Pour les Grecs, on doit avoir un peu le sentiment de s’être fait avoir à son propre jeu…

Le joueur : Keylor Navas

Navas

Déjà, lors du premier tour, le gardien de Levante (en Espagne) s’était fait remarquer pour ses arrêts spectaculaires et décisifs mais, là, lors de ce huitième de finale, il a encore pris une autre dimension : celle de sauveur de la patrie, tout simplement. Pendant les cent vingt minutes, il a multiplié les parades, parfois assez impressionnantes, se montrant intraitables sur sa ligne. Il aura même fallu que les Grecs s’y reprennent à deux fois pour tromper sa vigilance. Et il a en plus sorti un tir au but de manière splendide pour permettre aux siens de passer en quarts. Avec un gardien comme cela dans les bois, le Costa-Rica est capable d’à peu près tout…



Huitième 5

Après être facilement sortie de son groupe, voici que la France se retrouve face à une nation africaine pour la première fois dans un match à élimination directe. Pour les Nigérians, c’est aussi un retour à la deuxième phase, seize ans après la Coupe du Monde… en France, où ils avaient explosé face au Danemark. A priori, la France est plutôt favorite de ce match mais le contexte (match à 13h, heure locale), la vitesse des attaquants adverses ainsi que le groupe particulièrement jeune de l’Equipe de France incite largement à la prudence. Le match fut finalement un peu celui que l’on attendait.

Un match crispant pendant quatre-vingt minutes…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que, en supportant cette équipe de France, il n’y avait pas de quoi être serein devant ce match… Avec une composition plutôt logique (Pogba et Giroud titulaires, avec Koscielny dans l’axe pour remplacer un Sakho blessé) Contrairement à ce qui était annoncé, le Nigéria ne se présentait pas dans une configuration pour attendre les Français et les contrer. Avec quatre joueurs à vocation offensive, les Supereagles avaient aussi décidé de faire du jeu. Ce qui a donné un début de match intense et assez fouillis : ça ressemblait étrangement à un dernier quart d’heure débridé où chacune des équipes cherchait le KO. Ainsi, les deux milieux de terrain ne parvenaient pas à faire la loi et laissaient des espaces béants. Etant donné que, en plus, le côté gauche de la défense française était en opération portes ouvertes (Evra aux fraises et Benzema refusant assez ostensiblement de défendre), c’était assez vite crispant et les attaques nigérianes n’étaient pas loin de nous surprendre (un but hors-jeu très limite notamment). De l’autre côté, la France peinait à installer son je et seuls quelques rushs de Pogba ou Matuidi permettaient d’entretenir un semblant d’animation offensive. Et au retour des vestiaires, les Français connurent leur premier vrai coup de moins bien depuis pas mal de temps. Je ne sais pas si c’était physique ou psychologique mais plus rien n’allait. Pendant vingt minutes, ils ont totalement disparu de la circulation, laissant des Nigérians de plus en plus faire le jeu. Heureusement, ceux-ci n’ont jamais pu imposer une vraie période de domination intense et les Bleus ont réussi à faire le dos rond. Ils peuvent aussi s’estimer heureux d’avoir continué à jouer à dix car, honnêtement, la faute de Matuidi sur Onazi méritait un rouge.

… avant dix minutes de plaisir

Faut-il y voir un signe mais l’entrée de Griezmann à la place de Giroud a considérablement changé les choses puisque les Française se sont tout de suite trouvés plus entreprenants, sans que cela soit forcément formidable. Lloris a même du sortir une frappe assez dangereuse mais on sentait que, physiquement, notre équipe de France reprenait peu à peu le dessus. On peut aussi se dire qu’avec son jeu tout en puissance, Giroud avait bien fatigué les défenseurs adverses, bien moins prompts au fur et à mesure que le match avançait. Et puis il y eut ces trois minutes de folie où Benzema vit sa tête repoussée par Enyeama avant que la barre transversale ne se charge d’une volée magnifique de Cabaye. C’est finalement suite à une faute de main d’Enyeama, le gardien nigérian que Pogba réussit à marquer. A partir de là, la sérénité est revenue et le fait que notre charnière centrale (Koscielny-Varane) soit si solide n’y était pas pour rien. Un deuxième but est même venu couronner la fin de match des français, avec, pour la deuxième fois, une passe décisive de Mathieu Valbuena, encore une fois décisif lors de cette Coupe du Monde. Au final, un match bien compliqué, où on a senti que les Français étaient à certains moments pas loin de la rupture mais la qualification est en poche et, maintenant en quarts de finale, le reste n’est que du bonus !

Le joueur : Paul Pogba

Pogba

Je l’avoue humblement, je me suis trompé. Personnellement, j’aurais plutôt choisi de mettre Moussa Sissoko à la place de Paul Pogba qui, dans l’ensemble, ne me rassure pas toujours et que je trouve parfois un peu tendre dans la récupération. Et bien le jeune joueur de la Juventus s’est évertué hier à me contredire puisqu’il a livré une performance assez incroyable, au-delà de son but qui est déjà d’une importance capitale. S’il a plongé avec tous ses coéquipiers au retour de la mi-temps, c’est le seul (avec Matuidi) qui a tenu la baraque en première mi-temps et qui a réussi à transpercer les lignes. Quand il se lance ainsi avec le ballon au pied, il rappelle le Patrick Vieira des grandes années, la facilité technique en bonus. Et en plus, il a réussi à ne pas se prendre le carton qui l’aurait privé du quart de finale. Définitivement, Paul Pogba est rentré dans la cour des grands.

Huitième 6

En 1982, l’Algérie battait l’Allemagne dans le premier match de la phase de groupe avant de se voir éliminée suite à un arrangement entre Autrichiens et Allemands qui se mirent d’accord sur un score qui conviendrait aux deux nations (le fameux « Match de la honte »). C’était jusqu’à la qualification en huitièmes de cette année, le grand fait d’armes des Fennecs. Alors, forcément, retrouver l’Allemagne en Coupe du Monde convoquait à la fois de bons et de mauvais souvenirs. Il était temps d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire. Et celle-ci fut intense et presque belle…

De surprenants Algériens…

Le mythique Coach Vahid avait réservé quelques surprises avec, notamment, une formation avec trois défenseurs centraux et deux latéraux. On pouvait penser que c’était pour mieux pouvoir contrôler une Allemagne qui aime beaucoup avoir le ballon. Mais, une fois de plus, on se trompait lourdement, car, assez vite, on se rendait compte que les Algériens étaient bien venus avec des vraies intentions et ils n’hésitaient pas à sortir en nombre à la récupération du ballon. D’ailleurs, celle-ci se faisait très haute puisque leur pressing était extrêmement bien organisé. Manuel Neuer, le gardien allemand, était obligé de beaucoup sortir de son but pour jouer les libéros derrière une arrière-garde pas toujours rassurante (je n’ai jamais vu un gardien autant sortir de sa surface de réparation). On avait peine à reconnaître cette Allemagne si brillante face au Portugal notamment. Les coéquipiers de Lahm s’en remettaient aux frappes de loin (une de leur spécialité) alors que le portier algérien était plutôt dans un bon soir. Le souci, c’est que, au fur et à mesure que le match avançait, on sentait bien que les intentions algérienne étaient toujours là mais que le physique ne pouvait plus forcément suivre tant la débauche d’énergie était importante. Néanmoins, en poussant la bande de Joachim Löw jusqu’en prolongation, ils se donnaient un vrai espoir de gagner.

… Se heurtent au froid réalisme allemand

Mais, très (trop) vite, leurs espoirs furent douché puisqu’à peine deux minutes après le coup d’envoi, Schürrle mettait le ballon au fond. Ironie ultime de l’histoire puisqu’il le fait sur une sorte de Madjer – tallonade derrière la jambe d’appui – qu’il marquait, sachant que ce même Rabah Madjer avait marqué lors du fameux match de 1982. Presque sans ressources physiques, les Algériens ne purent ensuite pas faire grand-chose, si ce n’est résister le plus longtemps possible sans prendre de deuxième but, ce qui fut pourtant fait en toute fin de match avec une réalisation d’un Özil dont la performance globale mérite largement que l’on s’interroge sur son rôle de titulaire (et ce depuis le début du mondial d’ailleurs). Ans un ultime élan, et parce que, franchement, ils le méritaient, les Algériens réussirent à réduire la marque mais il était trop tard. Ils ne referont donc pas le coup de 1982 et laissent l’Allemagne affronter la France lors du quart de finale. Néanmoins, ils peuvent sortir la tête (très) haute de cette confrontation où ils ont prouvé que leur place en phase finale était loin d’être usurpée. L’Allemagne, elle, n’a jamais véritablement tremblé mais n’a pas beaucoup rassuré non plus. Le choc face à la France s’annonce en tout cas palpitant et le retour des Algériens au pays triomphal.

Le joueur : Sami Khedira

Khedira

Son entrée pour replacer le latéral droit blessé (Mustafi) a fait énormément de bien à l’Allemagne. Lahm replacé à ce qui reste quand même son poste de prédilection, Khedira (dont je ne suis d’habitude pas les plus grand fan) a réussi à vraiment stabiliser un milieu allemand qui prenait un peu l’eau de toutes parts jusque là. Sa fraîcheur a aussi fait énormément de bien en prolongations où il a complètement maitrisé le tempo, tout en étant très présent dans les phases offensives (centres, débordements). Au final, cinquante minutes de très bon niveau pour celui qui semblait un peu avoir perdu sa place mais qui pourrait bien la retrouver assez vite.


Huitième 7

Certains joueurs et consultants français avaient annoncé dans la presse qu’ils auraient presque préféré jouer les Argentins en huitièmes de finale, plutôt que les Nigérians. Annoncé comme cela, ça peut paraître saugrenu mais il est vrai que l’Albiceleste n’a pas fait un effet du tonnerre lors de son premier tour avec trois victoires plutôt difficiles. Face à elle, on trouve la Suisse qui, mis à part son (gros) accident contre la France, a plutôt bien géré son premier tour. Leur rencontre fut vraiment intéressante et riche en suspense.

Une Suisse loin d’être neutre…

De toute façon, ils avaient annoncé clairement la couleur en disant qu’ils allaient montrer comment bloquer Messi, rien que ça. Il faut dire que, depuis le début de la compétition, l’Argentine se résume presque exclusivement à sa star et que, d’un autre côté, la Suisse avait déjà montré sa capacité à réaliser ce genre d’ « action coup de poing » en battant l’Espagne pour son premier match il y a quatre ans, en jouant aussi très bien le coup au milieu de terrain notamment. Alors, on pouvait faire confiance à nos voisins et, franchement, ils s’y sont plutôt bien pris avec, notamment un rôle très important donné au milieu de terrain, et notamment un Gökhan Inler assez énorme dans sa façon de désorganiser le emblant de jeu argentin mais aussi de vite l’orienter vers l’avant. Car la Suisse ne s’est pas contenté de défendre mais a aussi essayé de pousser, parfois de façon un peu trop désorganisée. Cela a donc donné une première mi-temps un peu (trop) terne et qui tranchait même assez franchement avec ce que l’on avait pu voir jusque-là dans cette compétition. Le spectacle se trouve alors plutôt dans les tribunes avec une colonie argentine bruyante et festive. Sur le terrain, si les Argentins ont eu la possession, ce sont les Suisses qui semblent d’être procurés les meilleures occasions dont une assez incroyable où Drmic choisit de lober alors qu’il est seul face à un gardien argentine qui ne sait pas vraiment s’il doit sortir ou pas.

… qui a presque réussi son coup

La deuxième mi-temps montre quand même une montée en puissance de l’Argentine face à des Suisses qui reculent de plus en plus, fatigués qu’ils sont aussi de la pression de tous les instants exercée jusque-là. Les attaques de l’Albiceleste se font de plus en plus insistantes et la Nati, elle, a de plus en plus de mal à se dégager proprement, sans parler d’une quelconque volonté de marquer de l’autre côté. Ils vont pourtant presque y parvenir sur un coup-franc alors que, de l’autre côté, Benaglio a multiplié les arrêts devant Messi et consorts. Nouvelle prolongation et toujours la même physionomie de match avec une Argentine qui pousse face à des Suisses de plus en plus recroquevillés dans leur moitié de terrain. Clairement, on sent que les Helvètes n’ont qu’un seul souhait : arriver aux tirs au but et miser sur Benaglio, leur gardien qui continue son show en sortant diverses occasions argentines. Mais, malheureusement pour eux, le duo infernal Messi-Di Maria (les deux meilleurs joueurs sur ce match) réussit enfin à forcer le coffre-fort sur une accélération spectaculaire du premier qui décale le second pour une frappe imparable. Fin de l’histoire pour la Suisse qui a tout de même encore prouvé qu’elle était très cohérente et capable d’éteindre n’importe quelle équipe (même si, honnêtement, cette Argentine-là n’est pas une machine de guerre). C’est juste dommage que ça n’ait pas tenu jusqu’au bout…

Le joueur : Angel Di Maria

Di Maria

Evidemment, Lionel Messi a encore eu son importance en usant des défenseurs bien regroupés sur lui  et finissant par donner la passe décisive sur le seul but de la partie. Mais, à la finition, c’était bien Angel Di Maria, le joueur du Real qui, tout au long du match, a impressionné. Ce fut en tout cas l’un des seuls argentins à véritablement peser offensivement (avec Messi, en tout cas). Provoquant sans cesse, capable de percées assez incroyables, il a encore déployé son incroyable volume de jeu pour finir par faire plier la Suisse alors que l’on se dirigeait vers les tirs au but. Un seul chiffre pour résumer sa performance : douze, soit le nombre de tirs qu’il a tentés en cent-vingt minutes. Grand.

Huitième 8

Ce match s’annonçait comme l’un des plus excitants de ces huitièmes de finale et, en tout cas, comme l’un des plus ouverts et des plus difficiles à cerner. Entre une Belgique triple victorieuse mais pas vraiment convaincante dans le jeu et un Team USA sorti de la poule à la différence de buts mais particulièrement séduisante, notamment pour son volume de jeu et son envie toujours claire d’attaquer, ça s’annonçait comme une partie potentiellement assez dingue. Et on n’a pas été déçu du voyage. Peut-être pas toujours maîtrisée techniquement, cette partie était par contre un sommet d’intensité.

Un sacré bon 0-0

Dès les premières minutes, on avait l’étrange sentiment de se retrouver déjà en fin de match avec une intensité de tous les instants et, surtout, une envie visiblement irrépressible d’aller vers l’avant. Après quarante secondes, il y avait déjà une action belge. Ainsi, les milieux de terrain étaient très vite sautés pour, directement, trouver les joueurs à vocation défensive. Ca allait d’un côté à l’autre mais, peu à peu, on sentait que les Diables Rouges prenaient le contrôle de ce match. Pendant le temps réglementaire, ils ont frappé pas moins de trente fois au but, tombant à la fois sur une Tim Howard pas loin de l’état de grâce mais buttant aussi sur leur propre maladresse. Plus que l’attendu Hazard, c’est De Bruyne (sorte de sosie de Tintin) qui régalait en distillant les bonnes passes. A aucun moment, étant donné la physionomie du match, on aurait pu penser qu’il y aurait 0-0 à la fin du temps réglementaire et, en plus de sa qualité footballistique, ce match donna lieu à un des très grands moments de cette Coupe du Monde avec le passage sur le terrain d’un supporter qui fut tout surpris de voir les stadiers attendre près d’une minute avant d’intervenir et de le sortir finalement de la pelouse. Tout simplement lunaire et pas forcément rassurant si l’envahissement est plus conséquent… Pour des raisons de logistique, je devais m’absenter pour la première mi-temps de la prolongation.

Une prolongation de folie

Bien mal m’en prit puisque, à mon retour devant la télé, les Belges avaient fait le trou avec deux buts (un but, une passe pour De Bruyne et pour Lukaku, dont l’entrée en jeu a visiblement fait beaucoup de mal aux Américains). On pensait alors que c’était terminé mais, très vite dans la deuxième mi-temps, le tout jeune Green convertissait sa première touche de balle dans cette Coupe du Monde en but. Dès lors, le Team USA n’allait cesser d’attaquer pour essayer de revenir et allait même avoir quelques occasions franchement nettes, comme sur cette combinaison incroyable sur coup-franc qui, finalement, ne pouvait pas aller au bout. Fidèle à leur réputation, les Américains n’ont jamais renoncé et ont failli être récompensés. Finalement, ce sont bien les Belges qui ont préservé ce résultat, assez mérité sur l’ensemble du match. On les retrouvera donc en quarts après un dernier huitième de finale qui fut à l’image de tous les matchs : intense, indécis, parfois brillant mais surtout terriblement excitant.

Le joueur : Tim Howard

Howard

Mine de rien, on a vécu un sacré moment d’histoire en regardant ce match. En effet, depuis que ces statistiques existent (Coupe du Monde 1966), jamais un gardien n’avait effectué autant d’arrêts dans un même match. Il faut dire que Tim Howard a été bien sollicité et qu’il s’en est presque toujours sorti. Au fur et à mesure que le match avançait, on avait même l’impression que la muraille devenait de plus en plus infranchissable. Bon à la fois dans les airs mais aussi au sol, il a permis à l’équipe américaine de toujours y croire. S’il a du s’incliner finalement deux fois en prolongation, il a encore prouvé que cette Coupe du Monde, malgré son nombre de buts imposant, était aussi celle des gardiens de but.


Maintenant, c'est l'heure des braves avec plus que huit équipes encore en jeu : quatre américaines (Brésil, Colombie, Costa-Rica et Argentine) contre trois européennes (Pays-Bas, France, Allemagne et Belgique). Let the show begin !!!




 Rédiger Un Commentaire