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BILAN DES JO 2018 - BILAN PATINAGE ARTISTIQUE 1/2

 L'Article


Bilan Patinage artistique

RETROUVEZ AUJOURD'HUI LA PREMIÈRE PARTIE DE CE BILAN

(LA SUITE DEMAIN)

Avec le patinage artistique, on parle là d'une discipline historique des Jeux Olympiques, en 1924 à Chamonix, ce sport était déjà présent pour la première édition des Jeux d'Hiver. Mieux, en 1908, lors des Jeux d'Eté de Londres, il y avait une compétition de patinage artistique ! Depuis, cela a toujours fait partie des temps forts et, en France, ce sport a connu un vrai regain d'intérêt dans les années 90 avec notamment Philippe Candeloro le couple des frères et soeurs Duchesnay ou encore celui composé de Marina Anissina et Gwendal Peizerat, champion olympique en 2002. 

Personnellement, j'ai toujours apprécié cette discipline, car, sans forcément en comprendre tous les aspects techniques, je trouve ce sport à la fois impressionnant physiquement et joli visuellement. Et puis, ça me rappelle ma jeunesse à regarder le patinage avec ma maman, qui en a longtemps fait, et qui pouvait me décrypter en direct les sauts des athlètes. Moi, personnellement, entre un lutz, un axel ou un piqué, je n'ai jamais réussi à voir de différences, et j'ai un immense respect pour ceux qui y arrivent !

Quand on connaît la passion des asiatiques pour les patineurs (parfois considérés comme des demi-dieux), ces Jeux Olympiques promettaient une sacrée compétition. Malheureusement, je suis assez mal placé pour vraiment vous la décrypter... 

Dans ces cas-là, il faut faire appel à un spécialiste, et j'ai la chance d'avoir un ami, pratiquant et passionné, qui a suivi assidûment toutes les épreuves de ces Jeux Olympiques (oui, il a fait de nombreuses nuits blanches). Il va vous faire partager ses impressions sur ces quinze jours de patinage artistique. 

 

Bonne lecture !

Les Jeux de PyeongChang se sont ouverts sous les meilleurs auspices pour le patinage, lorsque la méga star sud-coréenne Kim Yu-Na a allumé la vasque olympique durant la cérémonie d’ouverture. Ce symbole, qui n’est pas sans rappeler Ito Midori aux Jeux de Nagano, démontre, s’il était encore nécessaire de le dire, l’engouement des Coréens et des Asiatiques pour le patinage.

Sur la glace de Gangneug, les meilleurs mondiaux se sont affrontés en individuelles dames, individuels hommes, couples artistiques, danse sur glace et lors d’un team event.
 

Mais avant de passer à la compétition…

Comment compte-t-on les points ?

Cette question revient souvent, sans doute dû à la complexité de la discipline et au mythe qui entoure le jugement du patinage. Finalement, le système est très similaire à la majorité des disciplines jugées, en tout cas pour la partie relevant des éléments techniques.

Ainsi, chaque élément est crédité d’un certain nombre de points en fonction de sa difficulté. C’est le panel technique qui caractérise l’élément réalisé. Le panel des juges évalue ensuite quant à lui uniquement la qualité d’exécution des éléments techniques. Son évaluation va ainsi faire diminuer ou augmenter le score de chacun des éléments par rapport à sa valeur de base.

Depuis la saison post Sotchi, les scores techniques apparaissent en direct sur les écrans, dans un souci de clarté, et pour améliorer son attrait auprès des téléspectateurs. Cette saison a encore connu une évolution avec le suivi élément par élément, soit par des petits carrés (comme lors de ces Jeux), soit avec la valeur de base de l’élément (BV donnée par le panel technique) et les évaluations des juges (GOE pour Grade Of Execution). Tout cela est rendu possible car le panel technique et les juges notent en direct les éléments techniques.

Système notation

Ou comment mieux comprendre la notaion du Patinage artistique...

La deuxième partie des scores est décomposée en 5 composantes, que l’on peut globalement définir de la façon suivante :

  • qualité de patinage : la glisse, la vitesse, la puissance, la maîtrise des carres…
  • transitions : tout ce qui est mis entre les éléments, la continuité des mouvements, la difficulté, la variété, la qualité de ces transitions…
  • performance : au sens anglosaxon du terme, tout ce qui touche à la façon dont le patineur s’exprime, son maintien, son implication, son énergie…
  • composition : tout ce qui touche à la construction du programme, le concept, l’unité, l’équilibre, l’utilisation de l’espace…
  • l’interprétation : l’utilisation de la musique et de ses nuances…

Chacune de ces composantes est évaluée par le panel des juges sur une échelle de 0,25 à 10,00 par palier de 0,25 et donnent un score final.

Quelle épreuve ne fallait-il pas rater ?

Bien que les hommes et la danse sur glace, disciplines phares de ce sport, aient offert un spectacle intense, les résultats restaient attendus. S’il y avait une discipline dans laquelle le suspense était entier, c’était bien chez les couples artistique.

Le niveau mondial actuel est tel qu’il était ambitieux de parier sur une victoire, ni même de pronostiquer un podium.

Certes, les Chinois Sui / Han, champions du monde 2017, étaient promis à ce titre, mais la récente blessure de Sui Wenjing laissait planer certains doutes. Les Russes Tarasova / Morozov s’étaient montrés absolument parfaits en gagnant leurs deux épreuves de Grand Prix (l’équivalent des Coupes du Monde dans les autres disciplines d’hiver) mais avaient failli lors de la Finale du Grand Prix mi-décembre puis lors des Championnats d’Europe. Les Allemands Savchenko / Massot, certes vainqueurs de la Finale du Grand Prix avec un record du monde sur le programme libre, avaient été battus à l’automne par les Canadiens Duhamel / Radford ; ces mêmes Canadiens, double champions du monde, avaient été battus fin novembre par le deuxième couple chinois Yu / Zhang qui termine à une décevante huitième place lors de ces Jeux Olympiques… Bref, tout le monde pouvait battre tout le monde.

Savchenko massot

Savchenko / Massot - Un triple twist 

Et même dans le bas du classement, le plateau était très dense. Des couples ayant réalisé le sans faute ont été éliminés après le programme court. L’équation était simple : si le score de 63 points vous amenait aux portes du top dix olympique il y a quatre ans à Sotchi, il suffit à peine à vous qualifier cette année.

Ce sont finalement les Allemands qui s’imposent en réalisant une remontée de la quatrième à la première place. Et Cocorico, Bruno est normand ! Avec un programme libre absolument parfait et d’une intensité exceptionnelle, nouveau record du monde, ils devancent de 43 centièmes les Chinois, premiers à l’issue du court, mais battus par les Allemands et les Canadiens dans le libre. Ces derniers terminent médaillés de bronze. Les Russes, deuxième après le court, se contentent de la quatrième place. Grosse déception en revanche pour le troisième couple chinois Peng / Jin qui ne passe pas le cut, la plus grosse surprise de cette catégorie. Avec la huitième place de Yu / Zhang, c’est la douche froide pour une nation qui était capable de placer ses couples premier et deuxième aux Jeux Olympiques.

Enfin, et c’est pour l’Histoire, cette discipline a vu concourir les seuls athlètes nord-coréens à s’être qualifié sportivement pour ces jeux : Ryom Tae-Ok et Kim Ju-Sik. Très soutenus par les spectateurs dans la patinoire, ainsi que par le bataillon des pompom girls de Pyongang, ils ont présenté un superbe programme court sur « A Day in The Life » des Beatles, terminant onzièmes, et leur libre sur une musique chantée en français « Je ne suis qu’une chanson ».

Comme à leur accoutumée, les patineurs nord-coréens que l’on retrouve aux Jeux Olympiques font leur apparition sur le circuit international un à deux ans avant la saison olympique. Ryom / Kim n’y ont pas fait exception, puisqu’on a pu notamment les découvrir lors du Championnat des Quatre Continents en 2016 (l’équivalent des Championnats d’Europe pour le reste du monde). Leur progression a été fulgurante depuis, en particulier grâce à plusieurs mois d’entraînement cet été au Canada auprès de l’excellent coach Bruno Marcotte à Montréal, et, pour la petite histoire, en compagnie notamment du couple sud-coréen Kim / Kam.

Ryom et Kim se sont qualifiés fin septembre en Allemagne et ont été fortement médiatisés pour avoir été les premiers et seuls nords-coréens à pouvoir prétendre participer aux Jeux en Corée du Sud. Mais suite aux tensions géopolitiques grandissantes en fin d’année, le CNO nord-coréen ne les avaient pas inscrits aux Jeux Olympiques à la date butoir. Il aura fallu attendre l’invitation du CIO pour venir à PyeongChang.

Corée du Nord

Le fameux couple nord-coréen

Entre temps, Ryom / Kim avaient brillamment remporté une médaille de bronze aux Championnats des Quatre Continents, faisant d’eux un couple loin d’être inconnu dans le milieu du patinage. Leur participation nous a donc valu des moments de fraternité, un selfie nord-sud entre Kim Ju-Sik (PRK) et Kang Chan Kam (KOR) à l’image de celui de Rio entre Hong Un-Jong (PRK) et Lee Eun-Ju (KOR), un Thomas Bach assis entre les deux partenaires discutant avec eux dans les gradins et une patineuse nord-coréenne, Ryom Tae-Ok, mise à l’honneur lors de la cérémonie de clôture, tout cela après un défilé sous drapeau unifié, l’un des grands moments de ces Jeux Olympiques.
 

Qui est Alina Zagitova ?

Alina a remporté la première médaille d’or pour les Athlètes Olympiques de Russie lors de ces Jeux devant sa compatriote Evgenia Medvedeva (en étant ex-aequo en termes de points sur le libre), et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est que la deuxième individuelle russe à remporter l’or après Adelina Sotnikova il y a quatre ans (aucune Russe ni Soviétique n’avait conquis le titre olympique avant 2014, et pas avant 1999 pour un titre mondial). Mais c’est surtout la victoire d’une coach, Eteri Tutberidze, et de son usine. En plaçant ses patineuses première et deuxième, elle démontre toute la force de son centre d’entraînement qui regorge d’un réservoir sans précédent. Sur le circuit Juniors, elle place quatre de ses patineuses dans les cinq premières places du Grand Prix.

Les russes

Alina a 15 ans. Evgenia est déjà double championne du monde à 16 et 17 ans. Seulement deux de leurs concurrentes ont plus de 24 ans, et elles sont dix-neuf à avoir 19 ans ou moins. Dans une discipline aux athlètes très jeunes, espérons que leurs précocités ne les empêcheront pas de mener une relativement longue carrière, comme ce ne fut pas le cas pour leurs prédécesseures. Adelina Sotnikova avait 17 ans lorsqu’elle a remporté les Jeux Olympiques à Sotchi. Elle n’a participé qu’à un seul Championnat du Monde, n’a gagné aucun autre Championnat et n’a rien fait depuis. Yulia Lipnitskaya, qui avait participé à la victoire russe au team event à Sotchi, était devenue championne olympique à 15 ans. Elle n’a participé qu’à un seul Championnat du Monde et un seul Championnat d’Europe. Entraînée elle aussi par Eteri Tutberidze à l’époque, elle a stoppé sa carrière en raison de troubles alimentaires…

Mais surtout, Alina est championne du monde junior, championne d’Europe et championne olympique grâce à des scores techniques très élevés. Chez les individuels, les sauts réalisés en deuxième moitié de programme rapportent 10% de plus. Elle a donc stratégiquement usé du « backloading », comme on dit dans le jargon, pour l’ensemble de ses sauts. Une méthode payante mais déséquilibrée – trois éléments en deux minutes, puis neufs éléments dans les deux minutes restantes – et moins bien composée que Sakamoto Kaori dans le programme court, chez qui le backloading accompagne un montage musical habile et une montée en puissance.


Tableaux des médailles

Rang Pays Or Argent Bronze Total
1 Canada 2 0 2 4
2 Russie (OAR) 1 2 0 3
3 Japon 1 1 0 2
4 Allemagne 1 0 0 1

5

-

Chine

France

0

0

1

1

0

0

1

1

7 Etats-Unis 0 0 2 2
8 Espagne 0 0 1 1

Tableau des 15 médailles distribuées




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