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BILAN DES JO 2018 - BILAN BIATHLON 2/2

 L'Article


Bilan biathlon

RETROUVEZ AUJOURD'HUI LA DEUXIÈME PARTIE DE CE BILAN

PREMIÈRE PARTIE ICI

Le biathlon reste le sport pour lequel j’ai le plus d’attentes lors des Jeux Olympiques, parce que c’est une discipline que je suis depuis de très nombreuses années et qui me fascine toujours autant par sa capacité à rebattre les cartes, même quand on ne l’attend plus du tout… Le grand public découvre peu à peu ce sport assez exceptionnel, du fait de la réussite exceptionnelle de Martin Fourcade ainsi que de la diffusion en clair (sur la Chaine L’Equipe) de toutes les épreuves depuis maintenant deux ans.

Pour ce bilan, j’ai fait appel aux connaissances de mon ami Axel, tout aussi féru de biathlon que moi et qui va apporter ici un autre regard sur ces quinze jours où on sera passé par à peu près toutes les émotions… Pour chacune des catégories ci-dessous, nous avons choisi une réponse que nous développons.

Place maintenant à un bilan général de ces quinze jours de compétition !

Vous retrouverez également en dessous les tableaux des médailles.
 

Bonne lecture !

Bilan général

La course

Le relais mixte - 20.02 (Timothée) :

Forcément, la fibre patriotique joue un peu, car il s’agit là d’une victoire française mais, pour de nombreuses raisons différentes, je trouve que ce relais a été le sommet des Jeux Olympiques. Il y a d’abord la course en elle-même, pleine de rebondissements avec une équipe de France qui accuse à un moment presque 50’’ de retard sur la tête, la Norvège qui revient de nulle part ou presque (plus d’1’20 de retard après les femmes) pour accrocher l’argent, l’Italie qui arrache le bronze suite à un sprint houleux avec l’Allemagne qui, elle, pensait avoir course gagnée avant le dernier relais. Bref, des rebondissements comme on les aime dans ce sport. Mais il y a surtout ce que signifie cette victoire, la première en relais aux Jeux Olympiques depuis 1992. C’est un accomplissement pour tout le staff – celui des hommes et des femmes confondu –, mais également pour Anaïs Bescond, Marie Dorin-Habert ou Martin Fourcade pour qui ce sont sans doute les derniers Jeux Olympiques. La très grande émotion de cette édition !

Le mass-start hommes - 18.02 (Axel) :

La "Course des Rois", la dernière occasion d'obtenir une médaille individuelle sur ces Jeux Olympiques. Une tension exacerbée dans cette course en ligne où seuls les trente meilleurs s'expliquent, et qui commence par ce moment magique où tous s'installent et tirent en même temps. Martin Fourcade est-il encore atteint par sa terrible déconvenue deux jours plus tôt sur l'individuelle ? Une erreur sur le premier tir couché et une petite chute n'incitent pas vraiment à l'optimisme. Néanmoins ses adversaires n'en profitent pas et, accompagné de Simon Desthieux il parvient à recoller à la tête de course pour le second tir. On est vite rassuré – et finalement peu surpris – de le voir se ressaisir et mettre les dix balles suivantes dans le mille. A l'orée du quatrième et dernier tir, ils ne sont plus que deux à accompagner le champion français et lui jouer le titre, à savoir les Allemands Erik Lesser et Simon Schempp. La malédiction semble se répéter : il rate sa dernière balle, celle qui lui aurait assuré le titre, et ressort avec Schempp. Le dernier tour est stressant, Fourcade est plus fort sur les skis mais ne parvient pas à décrocher l'Allemand. Le sprint est acharné et se décide à la photo-finish, devenue légendaire. Fourcade, pourtant en déficit de vitesse, parvient à parfaitement lancer sa jambe et s'offre une titre qu'il pensait avoir perdu, comme quatre ans auparavant, devant Svendsen.

La déception

Le niveau global de la Norvège (Timothée) :

A regarder le tableau des médailles, on peut se dire qu’il n’y a pas forcément lieu de s’interroger sur la performance des Norvégiens qui remportent le même nombre de médailles qu’il y a quatre ans, à savoir six. Mais, ne repartir qu’avec un seul titre est forcément une immense déception pour l’une des nations phare du biathlon, qui dispose d’énormes moyens (notamment en termes de techniciens) et qui domine le biathlon masculin depuis des années en termes de densité. Alors, oui, depuis la retraite de Tora Berger, le niveau chez les femmes est assez inquiétant et, finalement, obtenir un argent et un bronze n'est déjà pas si mal. Mais, chez les hommes, le bilan est maigre avec seulement trois médailles, un leader (Johannes Thingnes Bøe) pas au niveau escompté et un Emil Hegle Svendsen qui a craqué dans les moments importants (dernier tir de la mass-start ou du relais par exemple). Un résultat d’ensemble pas catastrophique, loin de là, mais pas forcément à la hauteur des attentes, qui sont très fortes au pays. Et la comparaison avec le ski de fond norvégien (et ses quatorze médailles en douze courses) n’est pas avantageuse…

Le biathlon peu mis en valeur (Axel) :

Même si l'on peut regarder gratuitement du biathlon depuis deux ans, les Jeux Olympiques restent la principale vitrine de cette discipline et l'occasion unique d'attirer plus de six millions de français devant leur écran. Une superbe opportunité de le mettre en valeur et de déclencher quelques passions, en particulier chez les plus jeunes qui le découvrent, surtout que cette discipline avait la chance de se dérouler en journée pour nous. Malheureusement, et malgré des courses globalement excitantes sur le plan sportif, tout l'extra-sportif n'était pas au rendez-vous. Les tribunes étaient la plupart du temps bien dégarnies, et les entraineurs bien seuls en bord de piste. Certes, la Corée du sud n'est pas un grand pays de biathlon mais elle dispose tout de même de deux biathlètes performants (les ex-russes Lapshin et Frolina) et l'on pouvait s'attendre à un peu plus de ferveur. Le téléspectateur néophyte, lui, pouvait être perdu devant une réalisation parfois chaotique. Et il n'était pas aidé par les commentateurs de France Télévision qui manquaient de précision dans les explications de courses et étaient trop souvent dans un chauvinisme légitime mais exagéré. J'invite tous les lecteurs à mieux comprendre la fête que peut être le biathlon, sur et aux bords des pistes, en regardant l'épreuve d'Oslo sur la magnifique colline d'Holmenkollen du 15 au 18 mars sur la Chaîne L’Equipe !

La surprise

Des résultats assez "originaux" (Timothée) :

Il y a eu évidemment quelques surprises – c’est le lot de tous les grands championnats dans ce sport – mais, surtout une assez grande dispersion des médailles individuelles, puisqu’en huit courses, on a dix-neuf médaillé(e)s différent(e)s. C’est surtout vrai chez les hommes avec onze athlètes (issus de huit nations) sur les quatre podiums et un seul athlète (Martin Fourcade, évidemment) qui est entré dans les dix premiers à chaque course (ils étaient trois il y a un an aux derniers Championnats du Monde). Comment expliquer cet éparpillement ? Ce qui vient en premier, c’est évidemment les conditions atmosphériques car, mis à part une petite accalmie en milieu de première semaine, le vent a été très présent et particulièrement irrégulier, piégeant de très nombreux biathlètes et ouvrant mécaniquement la voie à des surprises. Et puis la piste n’était pas extrêmement exigeante, avec plus de longs faux plats que de vraies montées, ne permettant pas de faire d’énormes différences sur les skis (sauf Kuzmina chez les femmes qui était clairement un ou deux tons au dessus) : ils étaient par exemple trente dans la même minute de temps de ski lors du sprint hommes, contre entre quinze et vingt habituellement en Coupe du Monde.

Le bilan de l'équipe de Suède (Axel) :

La Suède a obtenu à PyeongChang quatre médailles dont deux titres, et se classe troisième au classement des nations devant la Norvège. Alors qu'ils ne sont montés (hommes en femmes confondus) qu'une seule fois sur un podium individuel ces trois dernières saisons en Coupe du Monde, ce résultat ressemble à immense malentendu. Et pourtant ! Grande nation historique du biathlon (on pense évidemment à Magdalena Forsberg), la Suède connait depuis cinq ans un trou de génération énorme et a mené un travail de grande qualité sur des jeunes qui explosent à point nommé. Les deux pépites : Sebastian Samuelsson (vingt ans, encore junior !) et Hanna Öberg (vingt-deux ans). Pourtant discrets depuis le début de cette saison, ils ont su se préparer au mieux pour rivaliser avec les meilleurs. Deux coups d'éclat pour eux : un titre et une médaille d'argent mais également trois autres top cinq pour confirmer. Et, le pire, c’est qu’ils ne sont pas seuls : la Suède est la seule nation à être montée sur le podium des deux relais (masculins et féminins) grâce à d'autres biathlètes moins talentueux mais très solides (Brorsson, Magnusson, Lindström). On devrait désormais voir les combinaisons jaunes pétantes des Suédois beaucoup plus souvent à l'avant, en particulier lors des Championnats du Monde de 2019, qui auront lieu pour eux à domicile, à Östersund.

Les Français

La "vieille génération" a fait le boulot (Timothée) :

Cinq médailles, dont trois titres, ce n’est pas un record (six médailles pour un titre en 2010) mais c’est une moisson de très grande qualité pour le biathlon français, qui a fourni un tiers des médailles françaises et 60% des médailles d’or lors de cette édition. Mais, au-delà des chiffres bruts, il ne faut pas occulter le fait que ces résultats sont en immense partie dus à ce que l’on peut appeler l’ancienne génération du biathlon français, celle qui est présente depuis maintenant presque dix ans dans le circuit mondial et qui ne sera sans doute plus là lors des prochains Jeux Olympiques. Martin Fourcade, Anaïs Bescond et Marie Dorin-Habert, car c’est eux dont il s’agit, ont réussi à gérer au mieux les éléments (84% au tir au cumulé contre 78% de moyenne pour l’ensemble des Français) et à être prêt au bon moment. Cette Olympiade réussie est un beau moyen pour Marie Dorin-Habert de mettre un terme à une carrière finalement exceptionnelle (elle a le troisième bilan de tous les temps en nombre de médailles dans les grands championnats) et ponctuée par un titre olympique qui l’avait fui jusque-là. Pour Anaïs Bescond et Martin Fourcade, le chemin n’est pas encore terminé mais il ne devrait pas durer plus de deux ans… On attend donc la relève…

La "nouvelle génération" a encore du boulot (Axel) :

Chez les femmes, la nouvelle génération avait semble-t-il déjà pris le dessus avant ces Jeux Olympiques. Marie Dorin-Habert, cheffe de file depuis plusieurs années, était décevante et la première victoire de Justine Braisaz au Grand-Bornand en décembre avait entériné la passation de pouvoir entre les générations. La participation aux Jeux de Dorin-Habert a même sérieusement été remise en cause. Mais alors qu’Anaïs Bescond et Dorin-Habert ont été performantes quand il le fallait, les jeunes sont passées complètement à côté. Compétitives sans être exceptionnelles sur les skis, c'est derrière la carabine qu’Anaïs Chevalier (77% de réussite), Braisaz (71%) et Célia Aymonier (75%) ont péché. Beaucoup trop faible pour espérer quelque chose au plus haut niveau. C’était un peu la même dynamique chez les hommes, avec les jeunes qui avaient déjà éclipsés les expérimentés Jean-Guy Béatrix et Simon Fourcade avant même le début des Jeux Olympiques. Etant dans l'ombre de Martin Fourcade, on en attendait moins d'eux et si Simon Desthieux a été plutôt bon (surtout sur le relais mixte), Antonin Guigonnat a été plutôt moyen (toujours entre la 19e et 27e place), et Quentin Fillon-Maillet a lui été catastrophique (64% de réussite). On peut espérer que ces déconvenues, tant chez les femmes que les hommes, soient dues aux circonstances particulières de cette quinzaine (enjeu, vent). Car, bientôt, les "anciens" ne seront plus là pour assurer le bilan et les jeunes devront se débrouiller seuls avec une pression du résultat plus élevée.


Tableaux des médailles

Rang Pays Or Argent Bronze Total
1 Allemagne 3 1 3 7
2 France 3 0 2 5
3 Suède 2 2 0 4
4 Norvège 1 3 2 6
5 Slovaquie 1 2 0 3
6 Biélorussie 1 1 0 2
7 République Tchèque 0 1 1 2
8 Slovénie 0 1 0 1
9 Italie 0 0 2 2
10 Autriche 0 0 1 1

Tableau des 33 médailles distribuées

 

Rang Athlète (Pays) Or Argent Bronze Total
1 Martin Fourcade (France) 3 0 0 3
2 Laura Dahlmeier (Allemagne) 2 1 0 3

3

-

Johannes Thingnes Boe (Norvège)

Anastasia Kuzmina (Slovaquie)

1

1

2

2

0

0

3

3

5 Anaïs Bescond (France) 1 0 2 3
6 Emil Hegle Svendsen (Norvège) 0 2 1 3

7

-

-

Darya Domracheva (Biélorussie)

Hanna Öberg (Suède)

Sebastian Samuelsson (Suède)

1

1

1

1

1

1

0

0

0

2

2

2

10

-

Marie Dorin-Habert (France)

Arnd Peiffer (Allemagne)

1

1

0

0

1

1

2

2

12 Marte Olsbu (Norvège) 0 2 0 2

13

-

Tiril Eckhoff (Norvège)

Simon Shempp (Allemagne)

0

0

1

1

1

1

2

2

15

-

Benedikt Doll (Allemagne)

Dominik Windisch (Italie)

0

0

0

0

2

2

2

2

Athlètes muli-médaillés




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